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La visite de Trump en Grande-Bretagne était une visite d'un allié venu de l’enfer (The Guardian)

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
La visite de Trump en Grande-Bretagne s’est transformée en un véritable enfer pour Theresa May. ©The Guardian

Cela a peut-être semblé une bonne idée d’inviter Donald Trump en Grande-Bretagne. Mais tout s’est transformé pour Theresa May en une visite effroyable d’un allié venu de l’enfer.

Le gouvernement britannique a fait de son mieux — étant donné que les rues des villes étaient pleines de manifestants anti-Trump — pour souhaiter la bienvenue à M. Trump cette semaine. Blenheim, Sandhurst, Checkers, Windsor — il n’est guère possible d’obtenir plus de tapis rouges de l’establishment britannique que cela. Mais toutes ces manifestations n’ont pas pu empêcher l’avancement du projet politique de Trump. Le président américain a vivement critiqué Mme May avant même de quitter les États-Unis. Il a intimidé ces interlocuteurs et menti au sommet de l’OTAN à Bruxelles. Il a ensuite donné une interview explosive et délibérément déstabilisante au journal The Sun de Rupert Murdoch, le jour même de son arrivée en Grande-Bretagne.

Lors d’une conférence de presse conjointe avec la Première ministre britannique, vendredi, Donald Trump est revenu sur ses critiques vis-à-vis du plan de Theresa May concernant le Brexit.

Concernant le plan de sortie de l’Union européenne présenté la veille par le gouvernement britannique, le président américain a déclaré que « quoi que vous fassiez, ça me va ». Il a semblé ainsi contredire ses propos parus plus tôt dans la presse où il avait assuré que l’actuel plan de Theresa May, qui privilégie le maintien d’une relation étroite avec l’Union européenne, « tuera probablement » la possibilité de conclure un accord de libre-échange avec les États-Unis.

Tout sur cette visite présidentielle désastreuse et embarrassante aurait pu être évité avec plus de réflexion et plus de sens politique. Mais Mme May et ses conseillers se sont précipités à Washington en janvier 2017 pour offrir une visite d’État à un président qui était à peine entré à la Maison-Blanche. C’était une erreur de jugement honteuse et stupide. La réaction hostile du public a été immédiate et sans précédent. Tout ce qui s’est passé cette semaine confirme que la visite de Trump n’aurait pas dû avoir lieu.

Mme May aurait dû comprendre dès le début que M. Trump n’est pas un allié quand il s’agit de sa stratégie sur le Brexit. M. Trump veut briser les organisations internationales comme l’OTAN et l’UE. Il a embrassé le Brexit sur cette base. Il y voyait le début d’un retour vers une politique nationaliste nativiste, non libérale et souvent raciste, dont sa propre élection a été un autre exemple. Il n’a pas caché son désir de promouvoir d’autres mouvements nativistes à droite. D’autres dirigeants européens ont compris ce danger, notamment Angela Merkel. Mme May n’a pas réussi à le faire. Elle souhaitait à juste titre une relation étroite avec l’UE après le Brexit, une position qui a conduit à l’épreuve de force de Chequers avec ses ministres du Brexit il y a une semaine. Mais elle n’est pas parvenue à voir que les États-Unis de M. Trump sont plus attachés à affaiblir l’UE que ne l’est le Royaume-Uni, qui veut que l’UE prospère.

Dans l’interview avec The Sun, M. Trump a exprimé sa haine pour l’UE, son soutien à un « Brexit dur », son refus de conclure un accord commercial avec le Royaume-Uni, son mépris pour Mme May, son soutien à Boris Johnson et son hostilité à l’immigration. L’interview — son contenu, son timing, et le fait qu’elle ait été donnée au feuilleton anti-UE phare de M. Murdoch — était un acte délibéré et hostile. Pour Mme May, qui doit déjà se battre pour garder la main haute sur son parti, c’était simplement un coup de poignard dans le dos. Mais ce n’était pas fondamentalement personnel. C’était une déclaration d’hostilité envers le Royaume-Uni et l’Europe et les valeurs qu’ils défendent.

Un président qui a soutenu l’Alliance atlantique, la stabilité de l’Europe et les valeurs démocratiques libérales — bref, tous les autres présidents américains de l’après-guerre — n’aurait jamais fait une telle chose. Un tel président aurait essayé d’aider, aurait vu le problème UE-Royaume-Uni comme un problème à résoudre et aurait utilisé son influence pour amener les alliés européens de l’Amérique à trouver une solution commune après le Brexit. Un tel président aurait fait ce qu’il convient de faire.

« Mais M. Trump n’est pas un tel président. Il n’est pas notre allié. Il est hostile à nos intérêts et à nos valeurs. Il peut même, si cela continue, devenir une menace matérielle. Cette semaine, il a délibérément enflammé la politique de l’Europe et du Royaume-Uni. Oui, Mme May l’a porté elle-même. Elle doit maintenant apprendre la leçon et conduire le Royaume-Uni, avec le Brexit ou sans le Brexit, dans une relation constructive et efficace avec nos alliés les plus fiables, qui partagent nos valeurs, en Europe », conclut The Guardian.

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV