« La bataille d’al-Hudaydah commence à devenir une guerre modèle dans son genre. Les armées de cinq pays se sont mobilisées avec leurs équipements militaires des plus sophistiqués contre le peuple d’un pays pauvre sur une étendue géographique limitée. »
Dans un article publié par le journal iranien Kayhan, l’analyste Saadollah Zareï ajoute pourtant que le gagnant de cette guerre sera la partie qui aurait dû perdre ! Mais comment se fait-il que la campagne militaire des armées modernes du monde s’avère inefficace dans cette bataille asymétrique selon les critères militaires ? D’importants facteurs seraient à l’œuvre :
- La coalition saoudienne espérait pouvoir séparer la province d’al-Hudaydah du territoire yéménite et pour réaliser leur complot sectaire, les forces d’agression avaient mis trop d’espoir dans l’appui de ceux des habitants de la province qui sont fidèles à l’école Chaféisme de l’islam sunnite. Mais ces derniers, ont eu la vigilance de rester solidaires avec Ansarallah. Les Saoudiens auraient même dit à Martin Griffiths, envoyé spécial de l’ONU pour le Yémen, qu’en l’espace de deux semaines, le mouvement Ansarallah se verrait obligé de se soumettre à n’importe quelle initiative politique qu’on lui propose. Or, le ‘‘oui’’ des tribus sunnites d’al-Hudaydah à Ansarallah était aussi un ‘‘non’’ catégorique aux agresseurs saoudiens.
- Cet acte de solidarité a également prouvé la grande influence d’Ansarallah auprès des chaféites de la province d’al-Hudaydah qui, en plus, ont fait preuve d’une présence impressionnante parmi les rangs des manifestants condamnant l’agression saoudo-émiratie. En plus, les Yéménites se considèrent comme étant des Arabes qahtanites et le pilier de l’arabité des autres peuples arabes de la région. Par conséquent, les Yéménites ne trouvent pas les Saoud bien placés pour leur imposer des diktats.
-Sur le plan militaire, il faudrait pourtant rappeler que la coalition de ces cinq pays impliqués dans la bataille d’al-Hudaydah (Arabie saoudite, Émirats arabes unis, États-Unis, Grande-Bretagne et France) exerce une certaine influence sur la situation sécuritaire en mer Rouge. Au cours de ces trois dernières années, Ansarallah a tout fait pour assurer la sécurité de cet important itinéraire maritime international et cela est aux antipodes de l’attitude de la coalition d’agresseurs ayant lancé la campagne militaire contre al-Hudaydah.
Si l’armée yéménite et Ansarallah gagnent la bataille d’al-Hudaydah, leur victoire apportera certes de lourdes conséquences pour les pays agresseurs. Mais supposons que les forces de l’armée et d’Ansarallah perdent ; dans ce cas-là, aussi, elles adapteront une nouvelle approche quant aux circulations maritimes en mer Rouge. Les bateaux français, britanniques ou américains ne pourront plus naviguer dans cette zone, encore moins leurs pétroliers. Reste à savoir quel sera le sort des exportations pétrolières saoudiennes se faisant via cet itinéraire névralgique.
-N’oublions pas, non plus, que la bataille d’al-Hudaydah a déjà coûté cher aux pays agresseurs en termes de pertes en vies humaines. Il y a eu au moins 1500 tués, 5000 blessés et 300 personnes arrêtées, des Français pour la plupart, au cours de ces derniers jours, côté coalition.
Cela montre que les Saoudiens et les Émiratis manquent clairement de perspicacité militaire, d’autant plus que par leur déplacement depuis les côtes vers le centre de la province d’al-Hudaydah, les forces de la coalition saoudo-émiratie seraient devenues une cible facile pour Ansarallah.
-Le résultat de la guerre serait donc clair. Le principal gagnant de cette bataille sera la partie qui sape l’ennemi par sa sagesse militaire, qui fait entrer ses forces étape par étape dans le jeu et qui pense à les sauvegarder. Et c’était par cette méthode que le Hezbollah a gagné la guerre de 33 jours contre Israël et paralysé la machine de guerre israélienne par terre, mer et air.