Pour la Chine, l’espèce de suzeraineté qui consiste à se voir imposer la monnaie d’un autre pour régler ses achats, autrement dit la position privilégiée des États-Unis dans l’économie pétrole-dollar, est une aberration. Elle a donc développé des canaux commerciaux étanches aux lois extraterritoriales américaines. C’est pourquoi elle ne risque pas des sanctions sous forme d’amende ou de bannissement.
Les relations d’affaires avec l’Iran se sont intensifiées depuis l’accord sur le nucléaire iranien. Après le retrait les États-Unis de l’accord et le rétablissement des sanctions contre l’Iran, la Chine se place en pole position dans le commerce avec l’Iran. Par contre, les entreprises européennes, à commencer par les françaises, se retirent piteusement du pays, car aucune ne veut braver l’ire de l’administration américaine et payer des amendes exorbitantes.
Le Trésor américain prévoie des sanctions « encore plus sévères » contre l’Iran, mais selon le Washington Times, Donald Trump n’a pas l’intention de viser directement les entreprises chinoises par crainte d’un sabordage des négociations commerciales avec Pékin.
Le journal rappelle que vu sa stratégie de pointe sur les marchés internationaux, qui défie l’extraterritorialité américaine, la Chine ne laissera certainement pas les États-Unis lui dicter ou influencer ses relations avec l’Iran ; cela pourrait d’ailleurs être un grief de plus du président Trump à l’encontre de la Chine.
Le commerce chinois avec l’Iran est florissant depuis la dernière décennie, en particulier sur le marché du pétrole. Rappelons que l’Iran est le premier marché des exportations chinoises et que la Chine est le deuxième plus grand importateur de produits en Iran, derrière les Émirats.
La « diplomatie du panda » développée par la Chine est aux antipodes de la stratégie américaine actuelle et profite certainement aux intérêts chinois. Si les Européens décident de quitter le marché iranien, la porte sera grande ouverte aux Chinois.
Le géant français Total a annoncé qu’il abandonnait son projet d’exploitation gazière en Iran. En effet, il avait signé l’an passé un contrat de 4,8 milliards de dollars pour le développement la phase 11 du champ gazier Pars-Sud.
Le géant énergétique chinois CNPC est également engagé aux côtés de Total dans ce contrat. Le ministre iranien du Pétrole Bijan Namdar Zanganeh a aussitôt prévenu : si Total se retire, ses parts (50,1 % du projet) seront allouées à CNPC.