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La Russie, l’Iran et la Syrie contre une "indépendance kurde" ?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le président turc Recep Tayyip Erdogan, en uniforme militaire, au poste militaire d'Ogulpinar, à la frontière turco-syrienne dans la province de Hatay, le 1er avril 2018. ©AFP

« Vêtu d’une uniforme militaire, Erdogan envoie un message à l'adresse de l’intérieur et de l’extérieur de la Turquie ».

Abdel Bari Atwan, analyste du monde arabe et rédacteur en chef du quotidien Raï al-Youm, s’est penché sur les récentes évolutions du Moyen-Orient notamment les évolutions en cours dans le sud de la Turquie et le nord de la Syrie.

« Vêtu d’un uniforme militaire, le président turc Recep Tayyip Erdogan s’est rendu près de la frontière syrienne pour rendre visite aux soldats déployés dans un poste frontalier de la province turque de Hatay. Accompagné du chef d’état-major des forces armées turques, le général Hulusi Akar, et d’un certain nombre de hauts commandants de l’armée, Recep Tayyip Erdogan a envoyé un double message à l’adresse des Turcs et des étrangers, notamment aux alliés des États-Unis et à l’Otan: Ankara est prêt à se lancer dans une confrontation militaire directe contre les Kurdes et à empêcher la formation d’un État indépendant kurde sur la frontière avec le nord de la Syrie »; affirme Atwan.

Abdel Bari Atwan a réaffirmé que le sommet tripartite qui réunirait, ce mercredi 4 avril à Istanbul, les présidents russe, iranien et turc laisserait très probablement connaître le plan de conflits de l’armée turque sur le territoire syrien, surtout à Manbij en révélant aussi la nature des relations entre Damas et Ankara à l’avenir, relations qui pourraient être soit couronnées de paix, soit émaillées de violence.     

Abdel Bari Atwan, analyste et rédacteur en chef du quotidien Raï al-Youm. (Photo d'archives)

« À vrai dire, non seulement la Russie mais en plus la Syrie et ses alliés ont fermé les yeux sur l’offensive d’Ankara contre Afrin. Mais pourquoi ?

Premièrement, le gouvernement syrien et ses alliés avaient focalisé toute leur attention et tous leurs efforts sur la bataille de la Ghouta orientale et l’expulsion des groupes terroristes de cette région stratégique pour sécuriser Damas qui était devenue une cible facile pour les attaques au mortier des groupes terroristes. Maintenant, la mission est accomplie et l’armée syrienne contrôle la majeure partie de la Ghouta orientale.

Deuxièmement, l’Iran et la Syrie préféraient, en quelque sorte, écarter le risque de la mise en place d’un État kurde, sous les auspices des États-Unis, voire d’Israël, dans le nord de la Syrie. Ankara s’est dit prêt à accomplir cette mission qui pourrait, au passage, garantir une partie des intérêts de Téhéran et de Damas. 

Troisièmement, une confrontation militaire à Manbij ou d'autres régions kurdes opposant la Turquie aux États-Unis ou à la France renforcerait la possibilité d’un retrait turc de l’OTAN, en faveur d'une alliance Russie-Iran-Syrie, car il faut dire qu'une fois boudé le camp occidental, la Turquie n’aurait aucun autre choix que de rejoindre la Russie, l’Iran et la Syrie. », ajoute Atwan.

« Il est difficile de devancer les événements. Tout ce que nous pouvons dire à ce stade est que le président Erdogan fait preuve d'un tempérament  guerrier et qu’il sait bien qu’il ne pourra pas se contenter de l’occupation d’Afrin et abandonner l’opération "Rameau d’olivier" sans se diriger vers Manbij et d’autres villes du nord de la Syrie où il cherche à faire disparaître une fois pour toutes le rêve d’indépendance kurde", poursuit Atwan.

« Reste à savoir si Vladimir Poutine et Hassan Rohani apporteront un soutien politique et militaire à Erdogan et à son projet d'attaque contre Manbij. En échange, la Turquie pourrait accepter de rendre le contrôle des villes d’Idlib, d’Afrin, d’al-Bab et de Jarablus au gouvernement syrien. Ce ne sera qu’à l'issue du sommet d’Istanbul qu’on aura la réponse, sommet qui reste le plus important et le plus délicat jamais tenu entre la Russie, l’Iran et la Turquie concernant le dossier syrien », conclut Atwan.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV