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Ce que cherche et risque la Turquie à Afrin

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Un soldat turc agite le drapeau national en se dirigeant dans son blindé vers la ville frontière de Jarabulus entre la Turquie et la Syrie, le 25 août 2016. ©AFP

Alors que le gouvernement syrien a mis en garde la Turquie contre le lancement d'une opération militaire dans la province syrienne d'Afrin, affirmant être «prêt à détruire les avions turcs», la Turquie a commencé à envoyer les "rebelles armés" dans le nord de la Syrie. Pour Heitham Hassoun, expert militaire syrien, la stratégie des États-Unis et de la Turquie en Syrie a changé et les deux pays sont arrivés à la même conclusion: le groupe terroriste Daech ne peut désormais plus rien faire pour eux, c’est pourquoi ils cherchent chacun à avoir une présence militaire directe en Syrie.

Le général de brigade à la retraite syrien, Heitham Hassoun. ©Tasnimnews

"Quant à la Turquie, dit l’intéressé, ce n’est pas les forces démocratiques kurdes (FDS) qui posent problème, car ces forces étaient déjà présentes sur le terrain depuis le début de la guerre en Syrie".

La Turquie avait même des coopérations avec certains membres de FDS, engagés dans le Bouclier de l’Euphrate, mais aujourd’hui Ankara se soucie d’autres choses.

La Turquie est confrontée actuellement à trois défis récemment déclenchés, note l’analyste militaire.

Tout d’abord, ce sont les opérations militaires des forces syriennes dans la province d’Idlib visant à mettre fin à toute présence terroriste et militaire dans la région et plus précisément les forces du « Bouclier de l’Euphrate » qui sont en réalité le bras militaire de l’armée turque dans cette zone, qui ont inquiété Ankara.

Les Turcs savent bien que l’armée syrienne arrivera bientôt dans la région d’Afrin, dans le nord-ouest de la Syrie et le sort qui attend ces forces armées à la solde d’Ankara est bien claire. C’est pourquoi la Turquie est plutôt soucieuse de cette avancée de l’armée syrienne et la question de la menace kurde n’est qu’un prétexte.

Pour l’analyste militaire syrien, l'autre chose qui préoccupe aujourd’hui les Turcs, c’est perdre l’initiative dans les évolutions syriennes.

À cela s’ajoutent d’autres préoccupations liées aux futures négociations pour la paix syrienne à Sotchi, auxquelles sont invitées plus de 33 organisations et près de 1.700 personnalités politiques. Le voisin turc sait bien qu’avec l’avancement vers un règlement politique en Syrie, il va perdre l’initiative dans ces évolutions et que son rôle et son influence dans les négociations seront affaiblis, ce qui est aussi le cas pour les États-Unis qui se sont récemment activés en Syrie au moment où Daech s’est effondré sur le terrain.

Ce n’est donc pas étonnant si Ankara cherche à suspendre ou saper les pourparlers pour la paix en Syrie, précise le spécialiste militaire syrien.

Autre problème auquel se heurte Ankara, c’est, selon l’expert, la présence militaire russe dans la région d’Afrine, une présence qui neutralise tout plan turc visant à pénétrer dans le territoire syrien, car tout accès des militaires turcs dans cette zone signifie l’affrontement avec les forces russes.

La Turquie cherche aujourd’hui, répète-t-il, à adopter la même stratégie en Syrie que celle des États-Unis.

On sait bien que pour assurer leurs intérêts, les États-Unis ont créé les forces démocratiques syriennes (FDS) dans le nord-est de la Syrie. Les mêmes ambitions chez les Turcs avec leurs forces du bouclier de l’Euphrate et les tentatives de rester dans la province frontalière d’Idlib au nord-est de la Syrie, conclut-il enfin.

Un extrémiste armé syrien qui se prend pour "opposant" dans son pays, soutenu par la Turquie tire une roquette lors de combats dans la province d'Idlib, dans le nord-ouest de la Syrie. ©AFP

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV