Un haut responsable proche de la cour royale à Amman a déclaré à Middle East Eye que l'Arabie saoudite resserrait l'étau autour de la Jordanie pour la convaincre de rejoindre l'Alliance anti-iranienne d'Israël. Pourtant, Amman craint le rapprochement de Riyad à Tel-Aviv.
"L'Arabie saoudite contourne la Jordanie dans sa course effrénée pour normaliser ses relations avec Israël, offrant des concessions sur les réfugiés palestiniens qui pourraient mettre en péril la stabilité du royaume hachémite", confie un haut fonctionnaire proche de la cour jordanienne.
S'exprimant sous couvert d'anonymat, il a d'ailleurs accusé le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane de traiter la Jordanie avec mépris.
La sonnette d'alarme est tirée à Amman suite à la publication d'une lettre semi-officielle imputée au chef de la diplomatie saoudienne, Adel al-Joubeir, suggérant que l'Arabie saoudite serait prête à renoncer au droit de retour des Palestiniens en échange de la souveraineté internationale de Qods dans le cadre d'un soi-disant accord de paix au Moyen-Orient.
Oppressée par les appels à rallier la campagne contre l'Iran, la cour royale à Amman est sérieusement préoccupée par les répercussions des politiques hasardeuses des Saoud.
"Les événements en Syrie profitent à l'Iran et à ses alliés. La politique jordanienne consistait à ouvrir des canaux de communication avec l'Iran et la Russie et de parvenir à un accord dans le sud de la Syrie", a fait savoir la source.
Au sujet d'une éventuelle confrontation d'Israël avec le Hezbollah, le haut responsable a douté que ce régime s'engage dans une nouvelle guerre, soulignant que Riyad n'avait pas bien prévu la réaction des Libanais à la démission soudaine de leur Premier ministre Saad Hariri. "Amman est convaincu que ni Israël ni les États-Unis ne partiront en guerre contre l'Iran. Sinon, ce sont les Jordaniens qui en paieront le prix fort", a-t-il ajouté.