Le récent discours de Nasrallah a semé la zizanie en Israël au point de pousser les autorités de Tel-Aviv à recourir à la censure médiatique.
Qu'y avait-il donc de si percutant dans le discours du secrétaire général du Hezbollah?
"Netanyahu et son cabinet n'ont pas une juste évaluation de la guerre à venir. Ils ne soupçonnent même pas l'ampleur et l'étendue d'un conflit militaire qui les opposerait au Hezbollah. Ils peuvent bien commencer le conflit, mais ils ne pourront pas en décider de la fin".
La mise en garde lancée par le secrétaire général du Hezbollah a établi, affirment les experts, une nouvelle équation de force à peine quelques semaines après un très vaste exercice militaire qui a mobilisé sur les frontières avec le Liban, des milliers de militaires israéliens et qui visait surtout à "simuler l'occupation du sud du Liban".
Qualifiée d'échec par des milieux militaires d'Israël, la manœuvre a fourni au Hezbollah l'occasion de bien détecter les failles et les dysfonctionnements d'une armée israélienne qui n'a gagné aucune guerre depuis bien longtemps. Une offensive contre le Hezbollah est-elle opportune?
L’état-major israélien est divisé : alors que certains milieux en Israël réclament la guerre totale contre le Hezbollah arguant que les frappes anti-Résistance depuis 2011 en Syrie n'ont pas suffi à affaiblir le Hezbollah, d'autres plaident pour une attaque d'envergure avant que le Hezbollah ne se retire de la Syrie. Les généraux les plus expérimentés d'Israël rejettent eux, l'une et l'autre perspective les qualifiant de "double erreur" et suivant le principe qui dit : "on ne se jette pas dans le feu pour se mettre à l'abri de la chaleur".
Ces généraux israéliens n'ont peut-être pas totalement tort. La chaîne Al-Mayadeen estime que le discours de Nasrallah ne pourrait que renforcer la crainte israélienne dans la mesure où la guerre en Syrie a fait passer le Hezbollah d'une posture exclusivement défensive à une posture offensive. Les sept ans de combats acharnés ont jeté les bases d'une nouvelle équation qui a pris de court Israël et ses protecteurs. Israël fait face désormais à un défi de taille: "les usines de missiles en Syrie et au Liban".
À la conférence sécuritaire de Herzlya, les experts sionistes ont très clairement mis en garde contre les missiles qui "seraient fabriqués dans ces usines" et dont la portée "attigerait quelque 500 kilomètres". Ces experts ont dit aussi craindre les missiles sol-mer et anti-blindés que posséderaient Assad et le Hezbollah.
Comment ces usines ont-elles pu être fabriquées en dépit des centaines de raids aériens d'Israël menées contre les convois militaires du Hezbollah transitant à travers le sol syrien?
La réponse reste ouverte. Toujours est-il que ce serait ces mêmes missiles qui assureraient entre autres au Hezbollah sa combativité nouvelle. Quand Nasrallah affirme que Netanyahu n'a aucune idée de l'ampleur du front de combat qu'il irait ouvrir s'il attaquait le Liban, il sait de quoi il parle. La complexité des combats en Syrie a contraint parfois la Résistance à se battre sur des dizaines de fronts différents.
L'armée israélienne, possède-t-elle une expérience identique?
Le bras de fer entre les deux camps que sont USA-Israël d'une part et la Résistance de l'autre semble entrer dans sa phase finale. Et pour une fois, rien ne dit que le premier sortira vainqueur.