TV

Le Qatar va-t-il changer de camp ?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le Qatar va-t-il changer de camp ?

Que risque l'Arabie saoudite en mettant au ban le "récalcitrant Qatar" ?

Principal soutien des Frères musulmans depuis plus d'un siècle, la Grande-Bretagne suit d'un œil inquiet la guerre polymorphe que mène depuis 10 jours Riyad contre Doha et qui a pris un nouveau tournant lundi avec le blocus terrestre, aérien et maritime décidé par six pays du Conseil de Coopération du golfe Persique (Arabie, Bahreïn, Égypte, Émirats, le régime de Hadi, Libye) contre le Qatar.

Principal sponsor des Frères musulmans avec la Turquie, le régime des Al-Thani paie le prix fort d'un réajustement des politiques US/Israël au Moyen-Orient, dans la foulée de la visite de Trump à Riyad. Ce réajustement ne va sans doute pas trop plaire à Londres.

En réaction à la campagne de dénigrement anti-qatarie que nourrissent l'Arabie et ses alliés, la BBC fait publier une analyse où elle met en garde contre les risques que fait courir Riyad en agissant de la sorte contre le Qatar.

"Cette rupture provoque d'une part, une profonde fissure au sein du Conseil de Coopération du golfe Persique et de l'autre, elle aboutit à une nouvelle configuration de force dans la région. Il est vrai que le Qatar est de facto expulsé du Conseil de Coopération, souligne la BBC avant d'ajouter : " Outre ce risque de déchirement, la rupture entre l'Arabie et le Qatar pourrait avoir de fortes répercussions en Syrie dans la mesure où les groupes armés soutenus par les deux pays et qui combattaient ensemble jusqu'ici le régime Assad, pourraient entrer en conflit pour le grand bonheur d'Assad et de ses alliés. Un affaiblissement significatif de ces groupes aboutirait également à l'ouverture d'un nouveau front de combats, ce qui donnera à l'armée syrienne l'occasion de se restructurer et de mieux combattre ses adversaires."

En Palestine, poursuit l'analyse, un conflit qataro-saoudien se solderait par de nouvelles tensions qui opposeraient le Hamas soutenu par Doha au Fatah, proche de Riyad et tout ceci n'augure rien de bon pour l'Arabie saoudite, profondément empêtré dans des rivalités régionales avec l'Iran.

À vrai dire, le Qatar est depuis ce lundi la cible d'un triple blocus aérien, terrestre, maritime, ce qui le pousse à se rapprocher de l'Iran, seul pays capable de lui offrir l'accès logistique au reste du monde. Les Iraniens se sont d'ailleurs empressés à offrir au petit émirat l'accès à leurs ports et à leur ciel, quitte à défier l'Arabie saoudite. Il y a là, les prémices d'un rapprochement annoncé entre le Qatar et l'Iran, soit la perspective la plus nuisible qui soit pour l'avenir de la coalition anti-iranienne à laquelle travaille avec assiduité l'Arabie saoudite.

Il y a fort à parier que sous pression saoudienne, Doha finira par rallier le camp iranien et dès lors il se fera imiter par tous les courants qu'il soutient (Hamas  entre autres). Et la BBC de conclure: " Si le face-à-face Arabie/Qatar atteint le point de non-retour, il y a de grosses chance que Doha change de cap régional et qu'il se rapproche des positions de l'Iran. Riyad ne devra plus alors s’étonner si Doha décidait de tenter un dégel avec le Hezbollah comme cela a été le cas avant le printemps arabe ou même pire, s'il décidait de mettre de l'eau dans son vin anti-syrien pour reprendre langue avec Assad."

Partager Cet Article
SOURCE: FRENCH PRESS TV