Alors que l'Arabie saoudite fait feu de tout bois pour convaincre ses alliés de s'aligner sur ses positions anti-iraniennes, la guerre contre l'Iran ne figure ni à l'ordre des priorités du Pentagone ni au nombre des objectifs de l'OTAN.
Le journal Rai Al-Youm reprend cette information et fait remarquer : les efforts effrénés de Riyad pour former une coalition de guerre anti-iranienne composée de pays arabes sunnites et de pays occidentaux sont restés pour le moment sans effets, car ni les propos de Donald Trump à Riyad ni les plans du Pentagone ni même les démarches de l'OTAN ne laissent supposer une quelconque action militaire à venir contre l'Iran.
En effet, le président US a tenté lors du sommet arabe, non pas de définir les contours d'une réelle coalition de guerre contre l'Iran, mais surtout d'éloigner les régimes arabes de la Russie. Trump a caressé dans le sens du poil les régimes arabes pour leur faire comprendre qu'ils n'ont pas réellement besoin d'aller frapper à la porte de la Russie. Plutôt que d'être une décision prise par le président américain, le choix de Riyad comme sa première destination étrangère a été le résultat d'intenses concertations "stratégiques menées entre le Département d'État, le Pentagone, le Renseignement US. Trump ne s'y est pas opposé, puisque brouillé avec les institutions étatiques, il a voulu normaliser les liens avec ces dernières. On se rappelle bien du fait que Trump a quitté les États unis peu de temps après le limogeage du chef du FBI alors que l'enquête sur sa présumée connivence avec Moscou était en cours.
Côte saoudien, il y a la même malhonnêteté: l'Arabie saoudite cherche à persuader ses alliés arabes du soutien de Washington à sa cause anti-iranienne.
Et pourtant à y regarder de plus près aucun fait concret ne permet à Riyad d'être optimiste. Une source militaire occidentale active au sein de l'OTAN souligne le fait que l'apparent bellicisme des propos de Trump ne devra tromper personne: "la violence de son discours n'est même pas un quart de celle des propos de Bush quand il menaçait l'Iran de guerre dans les années 2000. C'est trop simpliste de croire que les États-Unis vont s' engager dans une confrontation militaire directe contre l'Iran".
Le journal ajoute : " les dirigeants arabes du Moyen-Orient ont visiblement oublié que les plans du Pentagone ou de l'OTAN n'ont jamais prévu une quelconque guerre contre l'Iran. Et d'ailleurs s' ils avaient voulu la guerre contre l'Iran, les Américains n'auraient jamais signé avec lui l'accord nucléaire.
Mais donc pourquoi avoir ameuté de la sorte des régimes arabes? En réalité ce qui inquiète les États-Unis c'est la perspective d'un rapprochement des régimes arabes avec la Russie. Washington est pleinement engagé dans une guerre sans merci contre la Chine. Il a même déployé son armada en mer de Chine. Et ce n'est pas le moment d'ouvrir un nouveau front face aux Russes. Autant donc, distraire les régimes arabes, essayer de les réunir sous la bannière anti Iran et éviter qu'ils rallient le camp de Poutine.
Il est vrai que les visites successives des dirigeants arabes à Moscou s'avèrent bien gênantes. Le président égyptien en sera bientôt d'ailleurs à sa troisième tournée en Russie, lui qui a décidé de renouveler son arsenal militaire, non pas par des armes US, mais bien par des armes russes. C'est fort déconcertant pour le Pentagone qui cherche via Trump à attirer à nouveau le président Sissi. Rappelons que le Moyen-Orient qui ne pèse plus autant qu'au paravent dans la stratégie de puissance des Américains est composé d'États arabes, qui bien que militairement équipés, ne possèdent d'armées dignes de ce nom. Donc si le pentagone était décidé à entrer en guerre contre l'un des pays de la région et en l'occurrence l'Iran, il n'aurait vraiment pas besoin de faire appel à ses alliés arabes. La coalition anti-iranienne n'est donc qu'une fable. D'autant plus qu'il faudra des années avant que les contrats de vente d'armes signés par Riyad avec Washington ne soient effectifs. Le sommet de Riyad n'a donc débouché sur rien, si ce n'est sur une illusion...Celle d'une Amérique soutenant les régimes arabes dans une éventuelle guerre contre l'Iran. À vrai dire il était surtout question pour Trump de barrer la route à une Russie qui renforce chaque jour davantage sa présence au Moyen-Orient.