La chute de Palmyre et sa prise de contrôle par Daech ont bien prouvé que les États-Unis comptent bien conserver leur capacité de nuisance en Syrie. Cependant, les choses ne se sont pas déroulées ainsi que l'espéraient les Américains: malgré la perte de Palmyre, l'armée syrienne a bien gagné à Alep.
La cité historique représente certes tout un symbole mais sa perte n'a eu aucun impact négatif sur le moral des troupes syriennes en pleins combats contre les terroristes à Alep.
Dans un récent article, le site beirutpress.net revient sur la chute de Palmyre et écrit: " Les États-Unis attendaient beaucoup plus de la perte de Palmyre. Ils voulaient voir la déconcentration des forces d'Assad, leur défaite à Alep. Mais les choses ne se sont pas déroulées ainsi: A l'annonce de la libération d'Alep, des milliers de Syriens sont descendus dans les rues pour fêter l’événement, même si la chute de Palmyre avait quelque peu terni leur joie.
Comment Daech a repris Palmyre ?
Que soit dit en passant, Daech a pu bénéficier d'un réel appui technique pour pouvoir reprendre le contrôle de Palmyre. Les terroristes disposent de bases de données importantes et de "sensors" ou capteurs qui collectent en temps réel les informations. Et c'est une constante chez les terroristes.
Depuis deux ans, pas une seule offensive contre l'armée syrienne n'a eu lieu sans que Daech ne sache à quelles conditions météorologiques il a à faire face. Daech reçoit ses informations depuis les satellites et il choisit toujours le moment propice pour attaquer et ce fut le cas de Palmyre: une tempête de sable a permis à ses effectifs de prendre d'assaut la cité et de l'occuper à l'aide d'une colonne de voitures piégées.
Les radars que possède Daech sont de fabrication américaine ou britannique voire française. Ce sont des appareils ultra résistants au brouillage et qui fonctionnent dans des conditions extrêmes. L'armée syrienne n'aurait peut-être pas dû réduire le nombre de ses effectifs stationnés sur la base militaire T4, base dont le contrôle est l'objectif premier des terroristes.
Pourquoi Daech convoite Palmyre ?
Ce n'est certes pas pour en dynamiter la citadelle. Palmyre abrite l'aéroport militaire T4, soit la plus grande base militaire syrienne. Elle est située à 85 kilomètres de l'est de Homs et à 25 kilomètres du champ pétrolier d'Al-Chaer. Outre des dizaines de Soukhoï et de MiG-29 et 27 de l'armée syrienne, T4 abrite des chars et des blindés. De surcroît, 300 officiers de l'armée et des dizaines de conseillers des pays alliés s'y trouvent, ce qui en fait une belle proie pour les Américains.
Selon les dernières nouvelles, la situation est sous contrôle depuis l'arrivée des renforts. Une localité importante a été reprise aux daechistes dans le nord de l'aéroport. N'empêche que la perte de Palmyre a, une nouvelle fois, prouvé que la Russie n'a pas à faire confiance aux États-Unis. Car elle s'est vue flouée à nouveau par une Amérique qui avait promis de ne plus attaquer Palmyre par mercenaires interposés.
Or, Moscou s'est pris au piège pour l'énième fois consécutive. Pour le bien de l'armée syrienne et de ses alliés, il faudrait que la défaite à Palmyre soit prise en compte à sa juste hauteur de façon à ce que les terroristes ne puissent plus désormais mettre à profit les failles.
C'est en ce sens que les forces syriennes devront revoir leur stratégie à Palmyre et agir de façon à amortir les pressions sur T4. L'assaut de Daech pourrait donc se transformer en une royale défaite pour les terroristes. D'ailleurs un tel scénario s'est bien produit à l'ouest d'Alep, là où al-Nosra multipliait les attaques contre l'Académie militaire. Pour le moment, la priorité devrait être celle de consolider la victoire militaire à Alep, d'empêcher la chute de l'aéroport T4 à Homs.
A Alep, l'armée syrienne ne mettrait pas trop de temps à déplacer les combats de la ville elle-même à sa périphérie, surtout dans sa banlieue nord et ouest. C'est ainsi que le périmètre de sécurité s'élargira autour d'Alep.
Et Al-Bab ?
La seconde priorité serait Al-Bab, cette cité importante que convoite la Turquie depuis plusieurs semaines. Les Russes auraient négocié avec les Turcs le sort de cette ville mais il faut y éviter à tout prix un nouveau coup fourré de l'axe Washington-Ankara.
A quelques encablures de l'investiture de Trump, le président sortant Obama semble vouloir jeter les bases d'une stratégie nouvelle, propre à mettre Trump dans l'obligation de poursuivre la présence US en Syrie.
Une chose est sûre: les États-Unis sont toujours capables de se servir de leurs pions en Syrie, quitte à prolonger le chaos, à moins que Trump tienne ses promesses et qu'il dise définitivement adieu "à la politique de conspiration et de renversement des États."