Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, a qualifié les relations entre Téhéran et Moscou de « partenariat stratégique », en vue de promouvoir un ordre mondial nouveau, juste et véritablement multilatéral.
Dans une tribune publiée mardi dans le quotidien russe Kommersant, le jour même de son arrivée à Moscou, M. Araghchi a exposé le niveau actuel de coopération politique, économique et humanitaire entre l’Iran et la Russie, ainsi que les perspectives d’avenir de leurs relations.
Il a affirmé que les liens entre l’Iran et la Fédération de Russie sont profonds, multiformes et fondés sur une compréhension commune des profondes transformations que connaît le système international.
« Ces relations ne reposent pas sur des considérations à court terme, mais sur des liens historiques et géopolitiques et sur les intérêts durables des deux pays », a-t-il déclaré, ajoutant qu'au fil du temps et face à l'évolution complexe de la situation régionale et mondiale, ces relations se sont muées en un partenariat fondé sur la confiance, la clairvoyance et la responsabilité au sein du système international.
M. Araghchi a affirmé que la diplomatie de bon voisinage de l'Iran est l'un des piliers de sa politique étrangère, comme l'a souligné le président Massoud Pezeshkian, qui considère que la sécurité régionale, la stabilité et le développement durable ne peuvent être atteints que par la coopération entre États voisins et régionaux, loin de toute ingérence extérieure.
« Dans ce contexte, la Russie, en tant que voisin important dans les régions eurasienne et caspienne et acteur influent sur la scène internationale, occupe une place particulière dans la politique étrangère de la République islamique d'Iran », a-t-il noté.
Le ministre a souligné que l'évolution rapide de la situation régionale et mondiale, la montée de l'unilatéralisme et l'imposition de sanctions « illégales et inhumaines » ont conduit à la conclusion du « Traité de partenariat stratégique global » entre les deux pays.
Ce traité, a-t-il ajouté, a élevé les relations bilatérales à un niveau qualitatif supérieur et constitue une feuille de route à long terme pour la coopération dans les domaines politique, économique, sécuritaire, de la défense, de l'énergie, scientifique, technologique, culturel, touristique et d'investissement.
Selon M. Araghchi, le traité est « un fondement pour des efforts conjoints visant à façonner un ordre mondial plus juste, plus équilibré et véritablement multilatéral ».
Concernant la coopération économique, M. Araghchi a insisté sur l'importance de tirer parti des avantages économiques complémentaires et d'élargir la coopération au sein de l'Union économique eurasienne afin de faciliter les échanges commerciaux, de diversifier les voies de transit et de mieux intégrer l'Iran aux marchés régionaux.
La mer Caspienne, a-t-il ajouté, « n'est pas seulement une voie navigable partagée, mais aussi un terrain de coopération dans les domaines de l'énergie, des transports, de la protection de l'environnement, de la sécurité régionale et de la création de corridors de transit ».
Il a également affirmé que le développement du Corridor international de transport Nord-Sud pourrait positionner l'Iran et la Russie comme des nœuds essentiels de la connectivité eurasienne entre l'Est et l'Ouest.
Sur les plans politique et sécuritaire, le chef de la diplomatie iranienne a affirmé que la Russie, en tant que membre permanent du Conseil de sécurité des Nations Unies, joue un rôle crucial pour contrer les actions unilatérales, l'instrumentalisation des institutions internationales et les tentatives d'imposer une volonté politique par la pression et les sanctions.
Il a indiqué que les deux pays partagent un attachement à la Charte des Nations Unies, au respect de la souveraineté nationale et à l'opposition aux interventions illégales.
Évoquant l'expérience commune des sanctions unilatérales, M. Araghchi a déclaré que ce défi partagé a renforcé la coopération visant à atténuer les effets des sanctions, à développer des mécanismes financiers et bancaires indépendants, à accroître les échanges commerciaux en monnaies nationales et à renforcer la résilience économique et technologique.
Il a également souligné l'importance de l'engagement commun dans des cadres multilatéraux tels que les BRICS, l'Organisation de coopération de Shanghai et l'Union économique eurasienne, décrivant les BRICS non seulement comme un bloc économique, mais aussi comme un symbole de la détermination des puissances émergentes à réformer les structures de gouvernance mondiale injustes et à réduire le recours à la coercition.
M. Araghchi a écrit que l'Iran et la Russie, s'appuyant sur leur partenariat stratégique et leur sens commun des responsabilités quant à l'avenir du système international, œuvrent à un ordre dans lequel la coopération remplace l'hégémonie, le dialogue remplace la pression et le respect remplace la coercition.
