Le Bureau des droits de l’homme des Nations unies au Soudan a averti samedi qu’El-Fasher est devenue une ville plongée dans le deuil, sur fond d'attaques brutales qui ne cessent de s’intensifier, laissant dans leur sillage une souffrance d’une ampleur inimaginable.
Dans une vidéo publiée sur le réseau social X, Li Fung, représentante des droits de l’homme de l’ONU au Soudan a déclaré: « Au cours des dix derniers jours, El-Fasher a été le théâtre d’une escalade d’attaques brutales. C’est désormais une ville de deuil. »
« Les civils, qui ont survécu à 18 mois de siège et d’hostilités, subissaient aujourd’hui des atrocités d’une ampleur inimaginable », a-t-elle déploré.
Selon elle, « des centaines de personnes ont été tuées, parmi lesquelles des femmes, des enfants et des blessés qui cherchaient refuge dans les hôpitaux et les écoles. Des familles entières ont été décimées en fuyant, tandis que d’autres ont simplement disparu. »
Elle a par ailleurs indiqué que des milliers de personnes avaient été arrêtées, y compris du personnel médical et des journalistes.
Selon elle, « la terrible réalité des violences sexuelles est omniprésente », ce qui montre qu’« il n’existe aucune voie sûre pour quitter El-Fasher et que de graves risques pèsent sur les personnes encore piégées dans la ville, notamment les personnes âgées, handicapées, malades chroniques et les blessés ».
« Ce que nous voyons n’est pas le chaos, mais une attaque systématique contre la vie et la dignité humaines. Des attaques brutales, souvent fondées sur l’appartenance ethnique. »
La représentante de l’ONU a souligné que le Bureau des droits de l’homme des Nations unies au Soudan continue de documenter les violations et abus, de relayer la voix des survivants et d’exiger que justice soit faite malgré les coupures de communication et l’accès limité aux sources et aux sites critiques.
« Nous faisons partie des efforts des Nations unies et de la communauté humanitaire pour obtenir des couloirs sécurisés, protéger les civils et garantir un accès humanitaire sans entrave à la population affectée », a précisé Fung.
« El-Fasher saigne, et il faut agir maintenant. La violence doit cesser. Les civils doivent être protégés. Les victimes doivent avoir accès à l’aide et à la justice. Seule la responsabilité permettra d’empêcher la répétition de ces horreurs. Le monde doit agir maintenant », a-t-elle conclu.
Le 26 octobre, les Forces de soutien rapide (FSR) ont pris le contrôle d’El-Fasher et commis des massacres de civils, selon des organisations locales et internationales, suscitant des craintes d’une partition durable du pays.
Depuis le 15 avril 2023, l’armée soudanaise et les FSR s’affrontent dans une guerre que les médiations régionales et internationales n’ont pas réussi à arrêter. Le conflit a fait des milliers de morts et des millions de déplacés.
