Le Tchad a exprimé son indignation quant aux déclarations du président français, Emmanuel Macron, qui a insinué que les dirigeants africains avaient omis de témoigner leur gratitude à la France pour son aide dans la lutte contre le terrorisme au Sahel. Cette indignation a été exprimée aussi par le Sénégal qui a critiqué à son tour ces propos de Macron jugés condescendants.
Le Tchad a déploré, ce mardi 7 janvier, l’« attitude méprisante » du président français, Emmanuel Macron, qui a prétendu que les dirigeants africains avaient « oublié de dire merci » à la France dans la lutte contre le terrorisme au Sahel, des propos également condamnés par le Sénégal.
Le gouvernement tchadien a exprimé sa « vive préoccupation suite aux propos tenus récemment par le président de la République française qui reflètent une attitude méprisante à l’égard de l’Afrique et des Africains », indique un communiqué du ministre tchadien des Affaires étrangères, Abderaman Koulamallah, lu à la télévision d’État le 6 janvier au soir.
Il a rappelé qu’« il n’a aucun problème avec la France », mais que « les dirigeants français doivent apprendre à respecter le peuple africain ». Rappelant le rôle de l’Afrique et du Tchad aux côtés de la France dans les deux guerres mondiales, il a vivement critiqué l’«attitude méprisante à l’égard de l’Afrique et des Africains».
Dans la foulée, le Sénégal, partenaire historique de la France depuis la fin de la colonisation en 1958, a vivement critiqué Paris.
Dans une publication du X, le Premier ministre sénégalais, Ousmane Sonko, a rejeté les propos d’Emmanuel Macron selon laquelle la France aurait choisi de partir du Sahel.
« Aucune discussion ou négociation n’a eu lieu à ce jour et la décision prise par le Sénégal découle de sa seule volonté, en tant que pays libre, indépendant et souverain », a affirmé le Premier ministre sénégalais, estimant que « la France n’a ni la capacité ni la légitimité pour assurer à l’Afrique sa sécurité et sa souveraineté ».
« Elle a souvent contribué à déstabiliser certains pays africains comme la Libye avec des conséquences désastreuses notées sur la stabilité et la sécurité du Sahel », a-t-il dit au passage, avant de rappeler le rôle majeur des tirailleurs sénégalais, « quelquefois mobilisés de force, maltraités et finalement trahis » par la France, lors de la Seconde Guerre mondiale.
Le 28 novembre, Emmanuel Macron avait lui-même reconnu, dans une lettre au président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, le « massacre » de soldats africains à Thiaroye près de Dakar, en décembre 1944.
Après avoir été contrainte de retirer ses troupes du Mali, du Burkina Faso et du Niger en 2022 et 2023, présentes sur place depuis le début des opérations Serval en 2013, la France a évacué un premier contingent de soldats du Tchad en décembre 2024 après la suspension surprise de la coopération entre les deux pays.
En janvier 2025, la Côte d’Ivoire a annoncé à son tour que la base militaire française de Port-Bouët près d’Abidjan serait rétrocédée au pays.
Quant au Sénégal, le président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, a annoncé, mardi 31 décembre 2024, la fermeture de toutes les bases militaires étrangères au Sénégal à partir 2025.