Par Wesam Bahrani
Le Premier ministre israélien a, à contrecœur, pris l’antenne mardi en fin de journée pour annoncer un cessez-le-feu au Liban, après que ses forces n’ont pas réussi à occuper un seul village dans ce pays arabe, malgré une agression effrénée depuis des mois.
Il a fallu moins de deux mois d’opérations les plus sophistiquées menées par le mouvement de résistance libanais Hezbollah pour pour que Benjamin Netanyahu et d’autres criminels de guerre implorent un cessez-le-feu.
Contrairement aux mensonges colportés par le Premier ministre de l’occupation israélienne, qui a été soumis à une pression énorme pour mettre fin à l’aventure militaire ratée à Gaza et au Liban et contre lequel la Cour pénale internationale (CPI) a lancé des mandats d’arrêt, il ne s’agit pas d’une victoire pour les sionistes.
Comme l’a déclaré en début de semaine le Leader de la Révolution islamique, l’Ayatollah Seyyed Ali Khamenei, bombarder des maisons et des hôpitaux et tuer des innocents ne constitue pas une victoire. C’est une défaite honteuse pour l’occupation.
Depuis le 8 octobre de l’année dernière, et particulièrement au cours des deux derniers mois, les missiles et les drones du Hezbollah contournent tous les systèmes radar israéliens et frappent quotidiennement les territoires occupés en profondeur.
Le 29 octobre, un drone a ciblé la résidence privée de Netanyahu dans la ville de Césarée, ce qui a ébranlé l’occupation et son appareil de renseignement militaire.
Mardi, la salle des opérations du Hezbollah a annoncé que l’une des cibles militaires frappées le 18 novembre 2024 à Tel-Aviv était la résidence du commandant de l’armée de l’air israélienne, le général de division Tomer Bar.
L’attaque a été menée à l’aide d’un escadron de drones d’attaque avancés, ayant atteint ses objectifs avec précision. Cet incident a été soumis à une censure stricte de la part de l’armée israélienne, a indiqué la salle des opérations du Hezbollah.
Lundi, le Hezbollah a mené un nombre record de 51 opérations contre l’entité sioniste, ciblant des sites militaires à Tel-Aviv, Haïfa et d’autres parties des territoires occupés avec une précision chirurgicale.
Le régime a donc réalisé que la poursuite de la guerre contre le Liban aurait transformé Haïfa en la colonie de Kiryat Shmona, dans le Nord (ou ce qu’il en reste).
La Résistance islamique au Liban a bombardé Haïfa à un tel point que le centre industriel de l’occupation sioniste a été plongé dans le noir, ce que même les médias israéliens ont admis.
La stratégie du Hezbollah pour défendre la souveraineté de son pays et mettre fin aux frappes aériennes sionistes contre la population civile a toujours été de forcer militairement le régime à un cessez-le-feu.
Alors que la Résistance islamique au Liban commençait à tirer des missiles à 150 kilomètres de profondeur à l’intérieur de la Palestine occupée, ciblant des villes comme Umm al-Rashrash (Eilat), les effets secondaires se faisaient fortement ressentir à Washington DC.
Les nombreuses campagnes de bombardements réussies sur le centre commercial de Tel-Aviv en réponse aux frappes aériennes sionistes sur Beyrouth n’étaient pas quelque chose que Netanyahu et ses associés criminels avaient anticipé.
Les dégâts que le Hezbollah a réussi à infliger dans les villes occupées à travers l’occupation sioniste de la Palestine sont ce qui a forcé Netanyahu à agiter le drapeau blanc et à se rendre à la Résistance islamique au Liban.
Cette trêve de 60 jours, si elle tient, est basée sur la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations Unies, adoptée après la guerre de 2006 au Liban, qui demandait au Hezbollah de déplacer ses armes lourdes derrière le fleuve Litani.
L’ironie est que le Hezbollah ne dispose d’aucune arme lourde entre le Litani et la frontière libanaise. Tous ses missiles, roquettes et drones ont été lancés depuis l’arrière du Litani.
Les combattants du Hezbollah ne délaisseront pas les villes et villages frontaliers du Liban. Ils sont chez eux, sur leur terre, et c’est pourquoi les 250 000 colons israéliens ne reviendront pas dans le Nord de sitôt.
La résolution 1701 demande également au régime sioniste de se retirer du territoire libanais, ce qu’il n’a pas fait. Le village de Ghajar, par exemple, ou les fermes de Chebaa sont toujours occupés par le régime.
En fait, Netanyahu s’accroche à n’importe quel argument. Il sait que l’armée libanaise, qui va tenter de rétablir la sécurité du régime, est davantage une force de police qu’une armée nationale et ne protégera pas les colons face au Hezbollah.
Ce fut une défaite véritablement embarrassante pour le régime qui a commis un génocide à Gaza, tuant plus de 44 000 Palestiniens, dont 70 % étaient des femmes et des enfants.
Le seul parti qui est sorti vainqueur de cette bataille est la Résistance.
Si l’armée sioniste, soutenue par les États-Unis, avait réellement vaincu la Résistance islamique, comme le prétend Netanyahu, son armée aurait continué la guerre plutôt que de déclarer une trêve de 60 jours.
Même les ministres du cabinet militaire de Netanyahu reconnaissent qu’il s’agit d’une défaite. Sur X, le ministre terroriste Itamar Ben-Gvir a qualifié l’accord d’« erreur historique ».
« Ce n’est pas un cessez-le-feu. C’est un retour au concept du silence pour le silence, et nous avons déjà vu où cela mène. Cet accord ne répond pas à l’objectif de la guerre, à savoir ramener les habitants du Nord chez eux en toute sécurité », a-t-il déploré.
Le maniaque génocidaire a ajouté qu’un accord avec l’armée libanaise ne garantissait pas une stabilité à long terme, le qualifiant d’« accord fragile écrit sur de la glace ».
La dure réalité est qu’au cours des deux derniers mois, les soldats sionistes sont entrés au Liban horizontalement et sont repartis verticalement, comme l’avait prévenu le défunt chef du Hezbollah et martyr Seyyed Hassan Nasrallah.
Face aux combattants du Hezbollah, les troupes israéliennes n’ont pas même réussi à contrôler dix mètres du sud du Liban, au cours de ce qui restera dans les annales comme la plus ratée des tentatives d’invasion.
Pendant la guerre de juillet 2006, l’armée sioniste avait tout de même réussi à entrer dans le sud du Liban et à occuper temporairement des villes frontalières libanaises telles que Khiam.
Cette fois-ci, le cri des troupes sionistes blessées et épuisées pouvait être entendu par les combattants du Hezbollah, qui non seulement se réjouissaient, mais qui rêvaient d’avoir l’occasion d’affronter en face à face l’infanterie d’élite sioniste sur leur sol.
Dans son dernier discours, le leader martyr du Hezbollah, Nasrallah, s’est engagé à ce qu’aucun acte militaire ne mette fin au front de soutien du Hezbollah aux femmes et aux enfants de Gaza.
Et cela n’a pas été le cas. Les sionistes ont été contraints de négocier un cessez-le-feu. Un cessez-le-feu au Liban suivra un cessez-le-feu à Gaza. Les deux étant interconnectés.
Le Hezbollah est sorti vainqueur une fois de plus de sa bataille contre le régime infanticide. Cette victoire est plus significative que celle de 2006.
Avec ses dirigeants et ses commandants militaires tombés en martyrs, le Hezbollah a une fois de plus surpris le monde.
Quel expert militaire aurait pu imaginer qu’en dix jours d’épreuves pour la Résistance libanaise, elle remplacerait tous ses chefs et commandants et mènerait la bataille jusqu’au cœur de Tel-Aviv.
Si cette trêve venait à être rompue, le Hezbollah aura l’occasion de frapper à nouveau les villes occupées de la Palestine. Il a déjà tué et blessé quelque 1 300 soldats sionistes en moins de deux mois à la frontière libanaise.
Beaucoup d’autres ont été éliminés et neutralisés lors des campagnes de bombardements sur les bases militaires sionistes.
Si les généraux de l’armée israélienne donnent l’ordre à leurs soldats de pénétrer dans le sud du Liban au cours des 60 prochains jours, ils serviront essentiellement d’entraînement au tir pour le Hezbollah.
Pour Netanyahu, il n’y avait pas d’autre solution que de supplier les États-Unis et la France de lui venir en aide en instaurant un cessez-le-feu. Il ne peut pas assurer la sécurité des colons israéliens alors que sa propre chambre à coucher a été détruite par un drone du Hezbollah il n’y a pas si longtemps et que les maisons de ses commandants sont bombardées.
Les maires des colonies sionistes illégales du nord ont déjà fait savoir que les colons ne reviendraient pas par crainte du Hezbollah. Ils ont rejoint Ben-Gvir et d’autres responsables sionistes qui reconnaissent que cette défaite est bel et bien une défaite.
Mais c’est aussi la preuve que parmi les soi-disant dirigeants arabes et islamiques, seule une poignée d’entre eux est capable de maintenir éveillés le régime sioniste et ses squatteurs coloniaux.
Le Hezbollah est le parti élu de Dieu et a tenu sa promesse de foi et son engagement de protéger le peuple libanais et de défendre de toutes ses forces le peuple opprimé de Gaza.
Seule une partie rentre chez elle et seule une partie fête : le Sud-Liban.
Wesam Bahrani est un journaliste et commentateur irakien dont le travail se concentre sur l’Axe de la Résistance.
(Les opinions exprimées dans cet article ne reflètent pas nécessairement celles de Press TV.)