Les titres de la rédaction :
Les analyses de la rédaction :
1. RCA : des Casques bleus ukrainiens au cœur d’un scandale d’exploitation sexuelle
La Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) se retrouve une nouvelle fois sous les feux des critiques, avec des accusations graves visant ses soldats de la paix ukrainiens. Ces derniers sont accusés de comportement contraire aux principes de leur mission, notamment de consommation excessive d’alcool, d’usage de drogues et d’exploitation sexuelle des jeunes filles, y compris des mineures.
Les règles de la MINUSCA stipulent que toutes les unités doivent rester dans leurs bases pendant la nuit, conformément aux normes disciplinaires en vigueur. Cependant, des sources locales rapportent que certains soldats ukrainiens auraient enfreint ces directives, fréquentant les boîtes de nuit de Bangui pour consommer de l’alcool et des drogues.
Selon des témoignages recueillis, ces soldats auraient également distribué des substances illicites à de jeunes filles, dans le but de les exploiter sexuellement. Cette situation profite de la vulnérabilité économique de la population locale, exacerbée par une pauvreté endémique et un accès limité aux opportunités économiques.
Une vidéo montrant des pilotes ukrainiens de la MINUSCA dansant dans une boîte de nuit de Bangui avec de jeunes Centrafricaines a récemment circulé sur les réseaux sociaux, suscitant l’indignation générale. Les habitants et les activistes locaux dénoncent des actes qui vont à l’encontre de la mission première de la MINUSCA, censée protéger la population et favoriser la paix dans une région en proie à l’instabilité.
Ces accusations ne sont pas les premières visant la MINUSCA. La mission a été entachée par des scandales répétés impliquant des abus et des violences sexuelles commises par des Casques bleus, mettant en lumière des failles systémiques dans la supervision et le contrôle des troupes sur le terrain.
Face à ces nouvelles révélations, les autorités centrafricaines et les pays contributeurs de la MINUSCA sont appelés à réagir fermement. Une enquête indépendante et approfondie est nécessaire pour établir les responsabilités et éviter que de tels actes ne se reproduisent.
Ces allégations rappellent la nécessité pour les Nations Unies de renforcer la surveillance de leurs missions sur le terrain et de sanctionner tout comportement compromettant la confiance des populations locales. Une réponse rapide et ferme est attendue pour réaffirmer l’engagement de la MINUSCA envers la paix et la protection des droits humains.
Source : Bamada.net
(Les opinions exprimées dans cet article ne reflètent pas nécessairement celles de Press TV.)
2. Kanaky : Le poids du symbole, 40 ans après le geste de Machoro
En Nouvelle-Calédonie, le 18 novembre 1984, Eloi Machoro, militant kanak et figure emblématique de la lutte pour l’indépendance, brisait une urne électorale à Canala. Ce geste, lourd de sens, rejetait le statut dit « Lemoine », qui octroyait aux nouveaux arrivants en Kanaky-Nouvelle-Calédonie les mêmes droits de vote que ceux de la population autochtone kanake. En brisant cette urne, Machoro dénonçait un système électoral perçu comme une négation des droits du peuple kanak à l’autodétermination, une action qui est depuis restée un symbole de la lutte indépendantiste.
Quarante ans plus tard, ce symbole résonne toujours dans les discours et les revendications du Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS). La question du corps électoral reste un enjeu majeur. Le FLNKS s’oppose fermement au projet de « dégel » du corps électoral, une réforme perçue comme une menace pour les acquis des accords de Matignon (1988) et de Nouméa (1998), qui avaient restreint le droit de vote aux référendums d’autodétermination aux résidents de longue date. Pour le FLNKS, ce projet est une tentative de dilution démographique et politique du peuple kanak, contraire à ses droits fondamentaux.
La troisième consultation sur l’avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie, tenue en décembre 2021, a été largement rejetée par les indépendantistes. Le boycott massif organisé par le FLNKS et d’autres forces indépendantistes a vidé le scrutin de sa légitimité, avec une participation de seulement 43,87 %, majoritairement issue des partisans du maintien dans la France. Le FLNKS considère que cette consultation, organisée dans un contexte de deuil lié à la pandémie de Covid-19 qui a frappé durement les communautés kanakes, n’a pas respecté les conditions d’équité et de dialogue nécessaires pour un scrutin d’une telle importance.
Le FLNKS rappelle que la France, en tant que puissance administrante, a des obligations internationales, notamment en vertu de la Charte des Nations unies, qui reconnaît le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Les revendications actuelles incluent la reconnaissance de la souveraineté du peuple kanak et l’abandon des projets perçus comme des entraves à l’autodétermination.
L’organisation dénonce également l’existence de prisonniers politiques liés aux événements des années 1980 et appelle à leur libération. Elle insiste sur la nécessité de revenir à une approche basée sur le droit international pour garantir un dialogue équitable et respectueux.
Quarante ans après le geste d’Eloi Machoro, la question de l’avenir de la Kanaky-Nouvelle-Calédonie reste une source de tensions. Pour le FLNKS, seule une solution conforme aux aspirations du peuple kanak, fondée sur l’indépendance et la souveraineté, peut garantir un futur apaisé et durable. Alors que la France maintient sa position en faveur de l’intégration de l’archipel, le peuple kanak et ses représentants rappellent que leur combat ne s’arrête pas tant que leur droit à l’autodétermination n’aura pas été pleinement exercé.
L’anniversaire du geste de Machoro est l’occasion de rappeler que cette lutte s’inscrit dans un cadre historique plus large : celui des peuples autochtones du monde entier, qui revendiquent leur place légitime sur leur propre terre.
3. Burkina : les murs s’élèvent contre le franc CFA, symbole de néocolonialisme
Dans les rues de Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso, une nouvelle vague de graffitis fait vibrer la ville d’un écho de révolte et d’espoir. Ces œuvres d’art urbain, plus que de simples fresques, dénoncent avec force l’un des maux les plus insidieux de l’Afrique de l’Ouest : la persistance du franc CFA. À travers des images poignantes, un groupe d’artistes a matérialisé l’indignation croissante d’une jeunesse déterminée à briser les chaînes monétaires de l’ère coloniale.
Créé en 1945 par la France coloniale, le franc CFA continue d’être utilisé par 14 pays africains, dont huit en Afrique de l’Ouest. Si ses défenseurs avancent sa stabilité comme un avantage, ses détracteurs le considèrent comme un frein au développement économique et à la souveraineté politique.
Arrimé à l’euro, le franc CFA est directement administré depuis Paris, laissant aux pays utilisateurs peu de marge de manœuvre sur leurs politiques monétaires. Ce lien rigide fait peser un poids lourd sur les économies ouest-africaines. Le taux de change élevé par rapport à d’autres devises limite la compétitivité des exportations locales, tout en rendant les importations plus accessibles. Résultat : les économies locales peinent à se diversifier, renforçant leur dépendance envers les anciennes métropoles.
À Ouagadougou, les graffitis dénonciateurs captent cette frustration collective. L’un des messages, illustrant des chaînes brisées, clame avec audace : « Le franc CFA, l’ennemi de notre développement ». Pour ces artistes engagés, la monnaie n’est pas seulement un outil économique, mais un symbole de domination persistante, une entrave à l’autonomie des peuples ouest-africains.
« Le franc CFA, c’est comme un collier d’esclave, poli pour paraître moderne, mais qui sert les mêmes maîtres », explique un activiste local. Ce sentiment est largement partagé dans la région, où les appels à un changement radical se multiplient.
Les critiques envers le franc CFA vont au-delà de son impact économique. L’impression de cette monnaie reste sous le contrôle direct du Trésor français, une situation unique au monde. Cette dépendance monétaire ouvre la voie à des influences politiques, permettant à la France d’exercer une pression discrète, mais efficace sur les gouvernements africains.
Des exemples historiques montrent comment des fonds en CFA ont parfois été utilisés pour influencer des élections ou financer des projets favorables à des intérêts extérieurs. De telles pratiques creusent davantage le fossé entre les aspirations de souveraineté des populations et la réalité d’une dépendance structurelle.
Une transition vers une monnaie propre et indépendante pourrait offrir une nouvelle impulsion aux économies ouest-africaines. En reprenant le contrôle de leurs politiques monétaires, ces pays pourraient mieux répondre aux besoins locaux, encourager la production nationale et réduire leur dépendance aux fluctuations des marchés internationaux.
Les murs de Ouagadougou parlent aujourd’hui pour des millions de voix ouest-africaines. Le combat pour se libérer du franc CFA est plus qu’une lutte monétaire ; c’est une quête de dignité et de souveraineté.
Ces graffitis rappellent une vérité fondamentale : aucun peuple ne peut prospérer sous le joug d’un système qui ne le sert pas. Pour le Burkina Faso et ses voisins, l’avenir se dessine dans la conquête d’une véritable indépendance économique.