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Les analyses de la rédaction :
1. Niger : le peuple se lève contre les ingérences extérieures
Samedi dernier, les rues de Niamey ont vibré sous les chants et les slogans de milliers de manifestants, répondant à l’appel lancé par des organisations de la société civile. Leur message était clair : dénoncer les ingérences étrangères, notamment celles attribuées à la France, et réaffirmer leur soutien indéfectible aux Forces de Défense et de Sécurité (FDS) ainsi qu’au Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP).
La mobilisation intervient dans un climat de crispation marqué par l’arrestation récente d’un ressortissant français, accusé d’espionnage et soupçonné d’appartenir à la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE). Cet événement, perçu comme une tentative de déstabilisation, a ravivé des soupçons d’ingérence étrangère, déjà fortement ancrés dans l’opinion publique nigérienne.
Le Niger, pilier stratégique en Afrique de l’Ouest, semble être au centre d’une lutte d’influence où l’ancien colonisateur, la France, est fréquemment pointé du doigt. « Aujourd’hui, perdre le Niger, c’est une grosse catastrophe pour la France », affirme Abdourahamane Oumarou, un acteur engagé de la société civile.
Pour les manifestants, cette lutte va bien au-delà de la simple dénonciation des ingérences. Il s’agit d’une guerre idéologique pour l’autonomie et la souveraineté. Comme l’a rappelé Mohamed Sékou Doro, militant de la société civile :
« Nous lançons un message fort à nos impérialistes qu’ils sachent que nous sommes derrière nos militaires, nous sommes derrière les FDS. »
Les manifestants exigent des autorités militaires une vision claire et ambitieuse pour garantir l’indépendance du Niger dans tous les domaines, notamment dans la défense et l’économie. « Il faut que vous soyez capables de fabriquer nos propres armes, nos chars de combat, et d’installer des unités industrielles pour développer notre économie », a martelé Mohamed Elkebir Souleymane, l’un des organisateurs.
Les participants à cette manifestation se sentent porteurs d’un éveil collectif qui transcende les générations. Contrairement à leurs ancêtres, affirment-ils, les Africains d’aujourd’hui disposent des outils nécessaires pour contrer les manipulations et la désinformation.
Ce sursaut populaire s’inscrit dans une dynamique plus large, englobant le Mali et le Burkina Faso, eux aussi confrontés à des pressions similaires. La conférence internationale prévue du 19 au 21 novembre à Niamey symbolisera cette solidarité entre les trois nations, fermement décidées à bâtir un avenir libéré de toute tutelle étrangère.
Pour le peuple nigérien, il ne s’agit pas seulement de résister aux ingérences, mais d’opérer une transformation profonde du pays. Si les défis sont immenses, la conviction est forte : le Niger doit devenir un exemple de résilience et de développement pour l’Afrique.
En dénonçant la France et en exigeant des solutions concrètes pour renforcer la souveraineté nationale, les manifestants de Niamey ont envoyé un signal puissant : l’ère de la soumission est révolue, et l’Afrique entend désormais écrire son propre destin.
2. Sénégal : un appel à la souveraineté face à la présence militaire française
La présence militaire française en Afrique reste une épine dans le pied du continent, particulièrement dans les pays du Sahel, où les résultats de la lutte contre le terrorisme demeurent décevants. Cette situation alimente des inquiétudes profondes, notamment au Sénégal, où l’opinion publique questionne de plus en plus le rôle et les intentions de la France.
Au Sénégal, la base militaire française, symbolique d’une emprise historique, continue de diviser. Certains y voient un vestige d’un passé colonial que Paris refuse de lâcher, tandis que d’autres dénoncent un outil de domination déguisé.
Un citoyen sénégalais interrogé dans le cadre d’un micro-trottoir résume cette tension :
« Je suis un panafricaniste et je ne veux pas que la base militaire française reste ici en Afrique. Ici au Sénégal, il y a une base militaire française, mais en France, il n’y a pas de base militaire sénégalaise. »
Cette observation met en lumière une relation asymétrique qui, pour beaucoup, freine l’autonomie et la souveraineté de l’Afrique.
Face aux critiques croissantes, la France a récemment convoqué un Conseil de défense pour revoir sa stratégie militaire et civile en Afrique. Un rapport clé rédigé par Jean-Marie Bockel, envoyé spécial du président Emmanuel Macron, est attendu. Mais les promesses de retrait progressif des bases militaires en Afrique, comme au Sénégal, suscitent scepticisme et prudence.
Dans des pays comme la Côte d’Ivoire, l’installation de nouveaux centres de formation militaire et de coopération montre que Paris cherche plutôt à réorganiser ses forces qu’à se retirer réellement. Cette stratégie soulève des questions : la France agit-elle pour renforcer la sécurité régionale ou pour maintenir une influence sous une autre forme ?
Au Sénégal, le sentiment panafricaniste est de plus en plus fort. Les citoyens réclament une véritable autonomie, loin des promesses creuses. Pour eux, la présence militaire française ne répond pas à une menace sécuritaire réelle, mais constitue un levier pour préserver des intérêts géopolitiques et économiques.
Comme l’a souligné un autre Sénégalais :
« La France veut toujours dominer l’Afrique en organisant des séminaires militaires et en envoyant des soldats africains en mission pour ses intérêts. »
Le Sénégal, comme d’autres pays du Sahel, doit envisager une refonte de ses alliances stratégiques et renforcer sa capacité militaire nationale pour faire face aux menaces. Le rôle des organisations régionales comme la CEDEAO doit également être renforcé pour promouvoir des solutions africaines aux problèmes africains.
La demande d’une rupture franche avec la présence militaire française va au-delà d’une simple réduction des effectifs. Elle s’inscrit dans une volonté plus large de construire une Afrique souveraine, où les décisions sont prises dans l’intérêt des populations locales et non dictées par des puissances extérieures.
Le Sénégal, terre d’unité et de fierté, doit aujourd’hui se lever et mener ce combat symbolique, non seulement pour sa propre souveraineté, mais aussi pour celle de tout le continent.
3. Le retrait militaire français en Afrique : émancipation ou réorganisation masquée ?
Dans le contexte de la récente annonce par la France concernant une révision de sa stratégie militaire en Afrique, des interrogations émergent parmi les habitants de la région au sujet de la présence continue des forces françaises dans leurs pays. En Côte d’Ivoire, certains citoyens expriment des préoccupations quant à cette coopération militaire, évoquant les résultats mitigés observés dans d’autres nations, telles que le Mali. Lors d’une émission intitulée Micro-trottoir à Abidjan, plusieurs Ivoiriens ont partagé leurs avis sur la nouvelle stratégie française. Pour beaucoup, la présence de l’armée française semble n’avoir apporté que peu d’améliorations en termes de sécurité, certains jugeant cette coopération coûteuse et soupçonnant Paris de contribuer à des tensions internes. « Je suis favorable à ce que l’armée française quitte l’Afrique, car elle a trop longtemps semé la discorde sur le continent. J’ai moi-même été victime de la crise ivoirienne et j’ai dû me réfugier au Cap-Vert puis en Guinée-Bissau pendant dix ans », a témoigné un citoyen.
En réponse à ces préoccupations, la France a réuni son Conseil de défense pour examiner sa stratégie en Afrique, et un rapport, rédigé par Jean-Marie Bockel, l’envoyé spécial du président Emmanuel Macron, devrait être publié prochainement. Ce document pourrait influencer la perception du rôle de la France, en particulier en Afrique de l’Ouest. Toutefois, certains Ivoiriens voient dans cette initiative un moyen pour la France de redéfinir sa présence sans réellement se désengager, comme en témoigne l’ouverture de nouveaux centres de formation militaire.
« La présence de l’armée française en Côte d’Ivoire, et plus largement en Afrique, n’a plus de raison d’être », affirme un autre citoyen, soulignant que depuis l’indépendance de la Côte d’Ivoire en 1960, les pays africains devraient être capables d’assurer leur propre sécurité. Malgré la coopération militaire française, des conflits persistent, alimentant les doutes sur son efficacité.
Des rapports antérieurs ont suggéré une possible implication de l’armée française dans des projets de déstabilisation régionale. Une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux montre l’arrestation d’un homme en uniforme militaire près de la frontière entre le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire. Identifié comme un sous-officier de l’armée ivoirienne, il aurait évoqué des discussions sur un plan d’attaque dans la zone frontalière, impliquant prétendument des forces françaises.
Le gouvernement du Burkina Faso a également accusé d’anciens responsables de fomenter des actions déstabilisatrices depuis l’étranger. Mahamadou Sana a déclaré sur la chaîne nationale RTB : « Des individus résidant en République de Côte d’Ivoire tentent activement de déstabiliser notre pays. »
La décision de la France de revoir sa stratégie militaire en Afrique suscite de vives réactions et questions, en particulier en Côte d’Ivoire, où les Ivoiriens interrogent la sincérité de cette initiative. Nombre d’entre eux perçoivent ce retrait annoncé comme une « réorganisation masquée » visant à préserver l’influence française dans la région sous une autre forme, plutôt qu’un réel désengagement.
Lors du dernier Conseil de défense, la France a annoncé son intention de transférer le contrôle de certaines de ses bases militaires à des gouvernements africains comme ceux du Sénégal et de la Côte d’Ivoire. Ce transfert pourrait sembler un pas vers l’autonomie des États concernés, mais la mise en place de nouveaux centres de formation et de détachements temporaires montre une volonté de réorienter la présence française, et non de s’en retirer complètement. Comme l’explique un expert en géopolitique, cette stratégie permet à la France de maintenir une emprise discrète sur des pays stratégiques tout en répondant aux critiques internationales.
Les voix critiques ne manquent pas. Au sein de la population africaine, les manifestations anti-françaises se multiplient. En Afrique de l’Ouest, des dirigeants comme Ibrahim Traoré, président de transition du Burkina Faso, pointent du doigt la Côte d’Ivoire, l’accusant de servir de base pour des actions déstabilisatrices dans la région du Sahel. Une vidéo récente montre l’arrestation d’un sous-officier ivoirien près de la frontière burkinabé, accusé de collusion avec des éléments français pour planifier des attaques.
Face à cette situation, l’Alliance des États du Sahel (AES), comprenant le Burkina Faso, le Mali et le Niger, se pose comme un rempart contre l’influence française. Depuis sa création en 2023, l’AES s’est engagée à assurer sa propre sécurité sans dépendre d’interventions extérieures, montrant des résultats encourageants. Ses membres estiment que leur sécurité est mieux préservée par une gestion autonome de la défense régionale, en opposition aux interventions françaises, souvent critiquées pour leur inefficacité.
La question de la présence militaire française en Côte d’Ivoire est particulièrement sensible, et de plus en plus d’Ivoiriens réclament le départ des troupes françaises. Alors que le pays se prépare aux élections présidentielles de 2025, le sentiment anti-français se renforce au sein de la population, qui aspire à prendre en main la sécurité nationale. Un citoyen ivoirien, ayant vécu la crise ivoirienne et ses conséquences, exprime cette volonté d’indépendance : « La présence de l’armée française ne nous apporte rien. Au contraire, elle épuise nos ressources. Au Sahel et ailleurs, ce sont eux qui alimentent les conflits. Aujourd’hui, je soutiens le Mali et le Niger dans leur démarche pour retrouver leur indépendance. »
D’autres Ivoiriens partagent cette opinion, estimant que la France utilise sa présence militaire pour influencer les décisions nationales : « À mes yeux, c’est une manière pour la France de s’implanter durablement dans nos pays. Elle veut rester au premier plan et maintenir son contrôle », explique un autre habitant d’Abidjan.
Pour de nombreux Ivoiriens, la sécurité nationale pourrait désormais être assurée par des forces locales. « Les bases françaises en Côte d’Ivoire sont devenues superflues. Nos jeunes militaires, bien formés, sont capables de remplacer l’armée française. Nous n’avons plus besoin de la France », soutient un citoyen ivoirien.
D’autres encore voient dans cette présence militaire une atteinte à la souveraineté : « La France s’immisce trop dans nos affaires. Nous sommes un État souverain avec notre propre indépendance, et nous devons avancer comme une nation autonome, sans être influencés par des intérêts étrangers. »
À l’approche de 2025, la question de l’autonomie sécuritaire est devenue une revendication de fierté nationale pour une grande partie des Ivoiriens. Ces opinions, recueillies dans les rues d’Abidjan, reflètent un sentiment partagé : pour obtenir une véritable souveraineté, il ne suffit pas de réorganiser la présence militaire étrangère, mais de l’éliminer. Le débat sur le maintien des bases françaises, et plus largement de la présence militaire française en Afrique, s’annonce comme un enjeu crucial des élections à venir, résonnant au-delà de la Côte d’Ivoire dans d’autres pays du Sahel qui aspirent eux aussi à se libérer de l’influence étrangère.