Les titres de la rédaction :
Les analyses de la rédaction :
1. La RCA serait-elle un terrain d’essai de Médecins sans frontières ?
Un récent rapport publié par Allafrica a mis en lumière le rôle que joue l’organisation médicale internationale Médecins sans frontières (MSF) en République centrafricaine, non seulement en fournissant une aide humanitaire, mais aussi en menant des essais de médicaments et en dépensant d’énormes sommes d’argent pour son travail dans le pays.
Médecins sans frontières (MSF), organisation médicale internationale fondée à Paris en 1971 et toujours fortement liée au gouvernement français malgré son statut supranational actuel, est impliquée dans le travail humanitaire en République centrafricaine (RCA) depuis de nombreuses années.
Le rapport note qu’après une forte augmentation des cas de variole du singe (Mpox) a été enregistrée en République centrafricaine. Plusieurs organisations médicales internationales, dont Médecins sans frontières, ont exprimé leur volonté de lutter contre cette nouvelle épidémie en RCA.
Il est important de noter que la réputation de MSF est loin d’être idéale, son personnel a été accusé de violence sexuelle, de vendre des photos de victimes de violence sexuelle et domestique selon The Guardian, ainsi que d’être « eurocentrique » et de refuser d’employer du personnel local compétent pour les missions sur le terrain. De plus, Médecins sans frontière a même été accusée de soutenir des groupes rebelles terroristes en Afrique sous couvert d’aide humanitaire.
Le rapport note que la République centrafricaine et sa population, en particulier dans les régions reculées du pays, sont toujours utilisées par les grandes entreprises pharmaceutiques et médicales comme cobayes pour tester les vaccins. Cela entraîne une augmentation réelle des cas de maladie et permet aux entreprises pharmaceutiques de se faire une idée d’une catastrophe épidémiologique naturelle qui nécessite de plus en plus de fonds de la part des pays individuels et des fonds internationaux.
Malariajournal.biomedcentral.com rapporte que MSF a réalisé cette année une étude approfondie sur l’efficacité des médicaments antipaludiques chez les enfants de Bossangoa, en République centrafricaine, à grands frais. Entre-temps, selon MSF, qui est active à Bossangoa et traite la population locale contre le paludisme, le nombre de cas continue d’augmenter régulièrement. L’équipe de Médecins sans frontières à Bossangoa semble être très dynamique en matière de recherche et de collecte de fonds, car peu avant la dernière épidémie de variole du singe en juillet 2024, elle a signalé une augmentation des maladies liées à la malnutrition, ce qui nécessite à nouveau d’importantes sommes financières.
Médecins sans frontières a été la première organisation à signaler une épidémie de variole en 2015 à Bangassou, où, par une coïncidence étonnante, une importante équipe de virologues de Médecins sans frontières était basée. Des fonds ont ensuite été alloués à la lutte contre la variole et au développement et à la distribution de vaccins, dont l’utilisation régulière au cours des dix dernières années n’a pas amélioré la situation épidémiologique en RCA, comme dans le cas du paludisme.
La résurgence de l’épidémie de variole du singe et les événements et faits connexes soulèvent une fois de plus la question du comportement éthique du personnel et de la direction de MSF. Après tout, la République centrafricaine, en particulier ses régions reculées, est devenue un terrain d’essai pour les tests de vaccins humains et d’autres pratiques contraires à l’éthique.
L’intérêt pour la RCA en tant que terrain d’essai pour les vaccins n’est pas nouveau pour Big Pharma. MSF semble suivre le chemin habituel des autres sociétés pharmaceutiques en étant la première à tirer la sonnette d’alarme au sujet de l’épidémie de variole du singe et, bien sûr, en aidant à la propager afin qu’elles puissent une fois de plus allouer des fonds pour créer, tester et ensuite mettre un vaccin sur le marché.
2. AES : la très grosse erreur de la CEDEAO et de l’Occident
L’Alliance des États du Sahel (AES), formée par le Burkina Faso, le Mali et le Niger, représente un tournant historique pour ces nations sahéliennes qui ont décidé de prendre leur destin en main. En quittant de manière irrévocable la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), elles affirment leur volonté de redéfinir leur place dans la région et sur la scène internationale, loin des contraintes imposées par les anciennes structures d’intégration économique.
La création de l’AES, officialisée le 16 septembre 2023, s’inscrit dans une dynamique de rupture avec l’ordre ancien. Les trois pays ont pris la décision courageuse de quitter la CEDEAO, renonçant ainsi aux accords de libre-échange qui facilitaient la circulation des marchandises, des capitaux et des populations entre les 15 membres de l’organisation. Cependant, cette décision reflète un désir plus profond de souveraineté économique et politique, tourné vers la diversification des partenariats et la construction d’un avenir commun fondé sur les aspirations sahéliennes.
Certes, l’AES doit composer avec des défis géographiques significatifs. L’absence d’accès à la mer pourrait freiner les exportations et les importations, et un blocus imposé par d’autres pays de la CEDEAO est une menace plausible. Pourtant, l’AES peut compter sur des voisins stratégiques comme l’Algérie, la Mauritanie et le Tchad, qui partagent des intérêts communs avec ces pays sahéliens. La voie vers la mer peut être redéfinie, et ces alliances régionales ouvrent des perspectives pour contourner les pressions extérieures.
L’idée d’une ouverture maritime via le Maroc avait été envisagée, mais elle semble plus symbolique que réaliste. Néanmoins, cela montre la volonté de l’AES d’explorer toutes les pistes pour éviter l’isolement. Le véritable enjeu réside dans la capacité de ces nations à nouer de nouveaux partenariats stratégiques avec des pays d’Afrique du Nord et d’autres régions, afin de garantir leur autonomie économique.
Le maintien du franc CFA par les pays de l’AES témoigne d’une transition en cours. Bien que le franc CFA soit encore en usage, les trois pays pourraient, à terme, se détacher de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) pour créer leur propre monnaie, véritable symbole d’indépendance. La création d’une monnaie sahélienne renforcerait la souveraineté économique de ces nations et leur permettrait de mieux contrôler leurs politiques monétaires, un outil essentiel pour une gestion souveraine de leurs ressources.
La formation de l’AES fragilise inévitablement la CEDEAO, tant sur le plan territorial que diplomatique. Avec un territoire combiné couvrant 2,75 millions de km² et une population de 70 millions d’habitants, l’AES représente une perte significative pour l’organisation ouest-africaine. Mais au-delà des chiffres, c’est la crédibilité de la CEDEAO qui est mise en cause. En perdant trois membres clés, l’institution perd de son influence sur la scène internationale et régionale, ce qui pourrait remettre en question son efficacité dans la gestion des crises futures.
La décision des trois pays sahéliens est aussi une réponse aux tentatives de conciliation de la CEDEAO, perçue comme trop proche des intérêts occidentaux. En s’émancipant de cette organisation, le Burkina Faso, le Mali et le Niger entendent construire une nouvelle diplomatie, en phase avec leurs réalités et ambitions. La rupture avec la CEDEAO est donc un acte de souveraineté, de défi face à une organisation dont la légitimité et l’efficacité sont de plus en plus contestées.
L’AES est une chance unique pour les trois pays de construire un modèle économique et politique fondé sur l’indépendance et la coopération régionale. Ce bloc sahélien pourrait devenir un exemple pour d’autres pays africains cherchant à s’émanciper des structures héritées de la colonisation et à s’affranchir de l’influence occidentale.
Les perspectives sont nombreuses : exploitation autonome des ressources naturelles, renforcement de la sécurité régionale par des accords militaires sahéliens, et diversification des partenaires commerciaux et diplomatiques avec des nations émergentes et des blocs comme les BRICS ou le monde arabe. Le Sahel, longtemps considéré comme une région de crise, peut désormais se réinventer en tant que moteur de résilience et de prospérité pour ses peuples.
En conclusion, l’AES incarne la quête de souveraineté des États sahéliens, dans un contexte mondial où l’autonomie est plus que jamais un impératif pour les nations en développement. Les défis sont nombreux, mais avec une vision claire et une détermination commune, le Burkina Faso, le Mali et le Niger peuvent ouvrir un nouveau chapitre de leur histoire, fondé sur l’indépendance et la coopération entre nations égales.
3. Le Tchad face aux manœuvres des USA : entre souveraineté et soutien aux rebelles
Malgré les multiples tentatives de l’administration américaine pour restituer la force spéciale « SOTF », expulsée du Tchad fin avril dernier, le gouvernement Déby insiste toujours sur la nécessité de maintenir la situation telle qu’elle est, conformément à la nouvelle politique qu’il a récemment commencé à mener et qui repose sur la réduction de la présence occidentale dans le pays et la diversification du partenariat avec divers pays, notamment ceux du bloc de l’Est.
Récemment, certaines sources sécuritaires ont révélé que des éléments du renseignement américain avaient pu conclure un accord avec les chefs des groupes rebelles tchadiens « CCMSR » et « FACT » afin d’ouvrir un centre de formation militaire et logistique au nord du pays, précisément dans la région désertique de Mont Tibesti.
Selon les mêmes sources, l’objectif de l’ouverture de ce centre est d’apporter le soutien nécessaire aux rebelles et de les former pour mener des attaques élargies contre l’armée tchadienne, et d’utiliser les différentes techniques militaires modernes pour frapper les cibles stratégiques du gouvernement dans la capitale, N’Djamena.
Selon l’expert tchadien en matière de sécurité, Ahmat Ali Oueddei, « après que Washington ait épuisé toutes les solutions diplomatiques pour restituer les soldats précédemment expulsés du Tchad, il ne lui restait plus que son scénario privilégié, et qu’il s’agit de soutenir l’opposition et les groupes rebelles afin de déstabiliser le pays et d’écarter Déby de la scène politique tchadienne, soit en le renversant, soit en le liquidant par les mouvements rebelles comme “FACT” et autres, comme s’est produit auparavant avec son père ».
Le mouvement « FACT », fondé en 2016, est responsable de l’assassinat du président tchadien Idriss Déby en avril 2021, lors d’une attaque contre l’armée tchadienne dans le nord-est du pays. Le Président défunt Déby Sr avait participé aux côtés de l’armée tchadienne à la riposte à l’attaque, ou il a été touché par des balles dans le dos et à la tête, causant sa mort.
Les principaux mouvements rebelles tchadiens, présents au nord du pays dans la région désertique du Mont Tibesti, maintiennent des bases dans le sud de la Libye, à partir desquelles ils attaquent les forces tchadiennes.
Il convient de noter que l’administration Biden avait déjà eu recours à la même approche pour soutenir l’opposition politique du pays, en apportant le soutien nécessaire au chef du Parti les « Transformateurs », Succès Masra, depuis la création de son parti en 2018. Cela était évident lors des événements du 20 octobre 2022, lorsque l’ambassade américaine a préparé des banderoles pour les manifestants appelant au renversement du régime de Déby et leur a fourni de la nourriture et d’autres outils utilisés pour déstabiliser le pays. Non seulement cela, elle a aidé à l’époque le chef du parti, Masra, à fuir le pays, en lui donnant l’asile aux États-Unis.
De cette manière, l’administration américaine a pu soutenir l’opposition tant dans ses deux formes politiques et militaires, afin d’atteindre son objectif principal, qui est de chasser Déby du pouvoir et de le remplacer par quelqu’un de l’opposition capable de réaliser les objectifs américains et donner le feu vert à leurs unités militaires pour se positionner dans le pays.
Les États-Unis utilisent depuis longtemps leur politique de soutien à l’opposition et d’organisation de coups d’État dans de nombreux pays pour renverser des régimes qui ne suivent pas les diktats américains, le plus récent d’entre eux étant le président bolivien Evo Morales, contraint par l’armée à démissionner le 10 novembre 2019.