Après l’Irak, le siège de l'ONU aux États-Unis et le Qatar, le Turkménistan est la quatrième destination des déplacements à l’étranger du président iranien Massoud Pezeshkian, ce qui indique la priorité accordée à ce pays d’Asie centrale dans la politique étrangère de l’Iran.
Alors que le voyage en Irak du président Pezeshkian avait pour but de renforcer les relations avec le pays voisin, celui à New York a eu lieu afin de participer à la réunion de l’Assemblée générale des Nations unies, et que par la suite il s’est rendu au Qatar pour discuter de l’Axe de la Résistance ; cette fois Massoud Pezeshkian a quitté le pays pour participer à un événement culturel, mais également pour discuter de partenariat stratégique. Les objectifs très importants de cette visite sont le développement des relations politiques et de sécurité et le renforcement des relations géo-économiques entre les deux voisins.
Au Turkménistan donc, le président iranien a participé à la conférence internationale intitulée « Interconnexion des époques et des civilisations - le fondement de la paix et du développement », ce vendredi 11 octobre, qui a marqué le 300e anniversaire de l’éminent poète turkmène Magtymguly Pyragy.
« Dans le vaste domaine politique et culturel que l’Iran et le Turkménistan occupent aujourd’hui, les peuples ont longtemps vécu en paix et en harmonie, malgré leur diversité ethnique et linguistique, partageant un riche patrimoine civilisationnel et culturel », a déclaré le président Pezeshkian.
Massoud Pezeshkian a ajouté que « les liens entre nos nations se développent dans tous les domaines - politique, économique et culturel ».
A noter qu’en marge de la conférence, un entretien entre les présidents russe et iranien a débuté dans la matinée.
Dans un discours prononcé à Téhéran avant son départ jeudi, le président Pezeshkian a déclaré que l’Iran partageait une longue frontière sûre et pacifique avec le Turkménistan. Il a également évoqué le corridor international de transport nord-sud (INSTC), affirmant qu’il serait très bénéfique pour les deux pays.
L’INSTC est un réseau d’itinéraires ferroviaires, maritimes et routiers destiné à faciliter le transport de marchandises entre l’Inde, l’Iran, l’Azerbaïdjan, la Russie, l’Asie centrale et l’Europe.
Les relations avec le Turkménistan sont importantes pour l’Iran pour plusieurs raisons : tout d’abord, il s’agit d’un voisin immédiat et les voisins sont toujours un objectif prioritaire de la politique étrangère de l’Iran. Deuxièmement, le Turkménistan est un pays dans le voisinage de l’Iran qui ne présente pratiquement aucune menace pour la sécurité. Troisièmement, l’évolution de l’interdépendance géoéconomique dans le domaine de l’énergie, des transports et du commerce fait que les deux pays sont stratégiquement alignés.
L’Iran possède les deuxièmes réserves mondiales de gaz naturel et est le troisième producteur mondial de ce combustible fossile.
Le mois dernier, le président du Conseil du peuple du Turkménistan, Gurbanguly Berdimuhamedow, s’est rendu à Téhéran dans le cadre d’une visite de haut niveau au cours de laquelle les deux pays ont signé un accord important visant à étendre la coopération en matière d’échange de gaz.
Sur le plan géopolitique, l’Iran et le Turkménistan partagent des points communs, surtout en ce qui concerne l’Afghanistan, voisin des deux pays, et la manière d’interagir avec ses dirigeants talibans actuels.
L’importance du Turkménistan en tant que partenaire commercial est également incontestable, étant donné sa position pour l’accès et l’entrée de l’Iran sur le marché de l’Asie centrale.
L’Asie centrale possède de riches ressources naturelles telles que le pétrole, le gaz, le charbon et toutes sortes de minéraux, et l’Iran est une plaque tournante importante pour leur acheminement vers les marchés mondiaux.
En entretenant des relations économiques étroites avec les pays d’Asie centrale, l’Iran est en mesure de diversifier ses sources de revenus et de s’assurer un accès stable aux matières premières.
Aujourd’hui, l’Iran est membre d’importants groupes de coopération tels que l’Organisation de coopération de Shanghai, le groupe des économies émergentes des BRICS et un membre observateur de l’Union économique eurasienne, qui comprend les pays d’Asie centrale.
Leur coopération comprend des projets économiques importants tels que le corridor international Nord-Sud et l’initiative « Une ceinture, une route », d’une valeur de plusieurs billions de dollars.
Ces projets représentent un effort de collaboration ambitieux pour l’intégration économique régionale qui peut inaugurer un nouvel ordre mondial multipolaire.