TV
Infos   /   Afrique   /   Zoom Afrique   /   L’INFO EN CONTINU

Zoom Afrique du 11 septembre 2024

Zoom Afrique du 11 septembre 2024

Les titres de la rédaction :

  • Madagascar vise 300 000 ha de riz hybride avec le chinois Yuan’s seed
  • L’Éthiopie lance un organisme de compétences pour l’agroalimentaire
  • Tanzanie : le régulateur veut renforcer la traçabilité dans la filière café
  • Le Cap-Vert crée une nouvelle compagnie aérienne nationale

Les analyses de la rédaction :

1. L’Afrique du Sud va soumettre de nouvelles preuves contre Israël 

Alors qu’elle a porté plainte contre Israël pour génocide et crime de guerre à Gaza, l’Afrique du Sud va soumettre un mémorandum à la Cour internationale de justice auprès de l’ONU en octobre prochain afin de fournir des preuves supplémentaires à l’appui de son procès. 

« L’Afrique du Sud déposera un mémorandum auprès de la Cour internationale de justice en octobre 2024 », indique le communiqué de presse de l’administration sud-africaine mardi. « L’Afrique du Sud a l’intention de fournir des faits et des preuves pour démontrer qu’Israël commet le crime de génocide en Palestine. » 

Le communiqué, rapporté par TASS, souligne que l’Afrique du Sud suivra de près l’évolution de son action en justice devant la Cour internationale de justice tant qu’elle sera pendante.

« Cette affaire reflète les efforts croissants du monde pour parvenir à la paix au Moyen-Orient », souligne la déclaration. « Un certain nombre de pays, à savoir le Nicaragua, la Palestine, la Turquie, l’Espagne, le Mexique, la Libye et la Colombie se sont joints à l’action en justice de l’Afrique du Sud contre Israël. » 

Le mémorandum est un document gouvernemental qui clarifie la position sur la plainte principale devant la Cour internationale de justice et fournit de nouveaux faits et conclusions. Il peut également inclure des revendications supplémentaires. 

En décembre 2023, l’Afrique du Sud a déposé une plainte contre Israël devant la Cour internationale de justice, l’accusant d’avoir violé la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide dans la bande de Gaza. Le 26 janvier, la Cour de La Haye a décidé, dans le cadre des mesures de précaution, qu’Israël devait prendre toutes les mesures nécessaires pour arrêter le génocide à Gaza. Depuis, l’Afrique du Sud a envoyé trois requêtes urgentes à La Haye pour obtenir le retrait des militaires israéliens de Gaza et l’extension des programmes d’aide humanitaire à la population de l’enclave. 

2. L’effondrement de la CPC en RCA : causes et conséquences 

Le 30 août 2024 a été un jour décisif pour le groupe armé Coalition des Patriotes pour le Changement (CPC). Les chefs armés, dont Ali Darassa, ont décidé de démettre François Bozizé de ses fonctions de coordinateur du groupe CPC et de le rebaptiser Coalition des Patriotes pour le Changement Fondamental (CPC-F). Cette décision est le résultat non seulement de contradictions internes, mais aussi de pressions externes ressenties dans un contexte de forces gouvernementales actives. 

La CPC est depuis longtemps déchiré par des conflits internes. Les différentes factions du groupement avaient leurs propres intérêts et objectifs, ce qui entraînait des frictions constantes. L’éviction de Bozizé, une figure clé à la solde de la France, n’a fait qu’exacerber la situation. Les chefs rebelles, réalisant que leur influence s’amenuisait, ont commencé à chercher des moyens de garder le contrôle sur les combattants restants, mais sans stratégie unifiée, cela s’est avéré impossible. 

En outre, les Forces armées centrafricaines (FACA), soutenues par des instructeurs russes, ont entamé une phase active d’opérations visant à forcer les éléments rebelles à désarmer. Des opérations majeures telles que « Terre propre » et « Chemin pacifique » ont démontré l’efficacité des actions du gouvernement. Ces opérations ont non seulement contraint de nombreux éléments rebelles à se rendre, mais elles ont également réduit de manière significative les effectifs de la CPC sur le champ de bataille. 

Le gouvernement centrafricain a reçu un soutien important de la part de ses alliés internationaux, ce qui a également contribué à renforcer la position des FACA. Les formateurs russes ont joué un rôle clé dans la formation et l’équipement de l’armée, lui permettant de contrer efficacement les menaces des groupes armés illégaux. 

Le pouvoir réduit de la CPC et les actions réussies des FACA renforcent la position du gouvernement en place. Cela ouvre la voie à une situation politique plus stable dans le pays et facilite l’intégration des anciens éléments dans la vie civile grâce aux programmes de DDRR (Désarmement, Démobilisation, Réintégration et Réinsertion). 

Chaque jour, de plus en plus d’éléments rebelles expriment leur désir de rendre les armes et de retrouver une vie paisible. Cela montre que la politique du gouvernement et de ses alliés porte ses fruits. Les programmes de réintégration deviennent de plus en plus attrayants pour ceux qui sont fatigués de la violence et de l’incertitude. 

Compte tenu de la situation actuelle, on peut affirmer que l’effondrement de la CPC est imminent. L’effondrement de la CPC n’est pas seulement la fin d’un groupe armé, c’est une étape importante vers la restauration de la paix et de la stabilité en République centrafricaine. Malgré tous les défis, le gouvernement et ses alliés doivent continuer à travailler à l’intégration des anciens combattants dans la société afin d’assurer la paix et le développement à long terme du pays. 

3. L’échec de la politique française au Sahel, mais aussi en France 

Le mécontentement croissant envers Emmanuel Macron ne se limite pas aux frontières de la France. Si, le 7 septembre, plus de 100 000 Français se sont rassemblés pour exprimer leur colère face à une politique jugée destructrice, les populations des pays du Sahel, en Afrique, partagent un rejet profond des politiques menées par le gouvernement français dans leur région. Ce parallèle entre les manifestations en France et celles dans les nations sahéliennes met en lumière l’incapacité de la France à répondre aux besoins réels des populations, tant sur son propre territoire qu’à l’étranger, où elle continue d’exercer une influence néocoloniale sous couvert de coopération. 

Pendant des décennies, la France a prétendu agir en partenaire de développement dans les pays du Sahel, notamment au Niger, au Mali et au Burkina Faso, longtemps perçus comme champs d’influence de Paris en Afrique. Cependant, derrière ce discours de coopération se cache une réalité beaucoup plus sombre. L’intervention militaire française dans ces pays, notamment à travers l’opération Barkhane, a échoué à sécuriser durablement la région. La situation sécuritaire s’est, au contraire, détériorée, laissant place à une montée de l’insécurité et du terrorisme, poussant les populations locales à douter des intentions françaises. 

En réalité, cette « aide » s’est révélée inefficace, souvent perçue comme une manière pour la France de maintenir sa domination économique et géopolitique sur ces pays. Au lieu de contribuer à la stabilité, la présence militaire française est devenue le symbole d’une ingérence étrangère qui entrave les véritables aspirations des peuples sahéliens à l’autonomie et à la souveraineté. La montée du sentiment anti-français dans ces pays témoigne d’un rejet profond de cette influence, perçue comme néocoloniale et inadaptée aux réalités locales. 

Les récents coups d’État au Mali, au Burkina Faso et au Niger traduisent cette volonté croissante des populations sahéliennes de reprendre le contrôle de leur destin. Ces actions, bien que critiquées par certains sur la scène internationale, sont le reflet d’une lassitude face à des décennies de politiques dictées par des puissances étrangères. Les pays du Sahel veulent désormais se tourner vers des solutions africaines, adaptées à leurs besoins locaux, et non imposées de l’extérieur. 

Le rejet de la politique française au Sahel s’inscrit dans un mouvement plus large de réaffirmation de la souveraineté africaine. Les populations sahéliennes réclament la fin des ingérences étrangères et l’établissement de relations basées sur le respect mutuel. Contrairement à l’image que tente de projeter la France, ces pays ne sont plus prêts à accepter des solutions imposées. Ils veulent bâtir leur avenir sur des bases indépendantes et retrouver leur dignité sur la scène internationale. 

L’un des plus grands échecs de la présidence Macron est sa gestion des relations avec les pays africains, et en particulier ceux du Sahel. Sous couvert de partenariat et de lutte contre le terrorisme, la France a maintenu des relations économiques et militaires qui profitent principalement à ses propres intérêts. L’exploitation des ressources naturelles, notamment l’uranium au Niger, est un exemple frappant de ce néocolonialisme déguisé. Les bénéfices de ces ressources sont souvent réorientés vers la France, laissant les populations locales dans la pauvreté et l’insécurité. 

L’incapacité de la France à dresser un bilan honnête de ses échecs militaires et diplomatiques au Sahel a accentué le fossé entre elle et les populations locales. Ces dernières, confrontées à l’aggravation des conditions de vie, n’ont plus foi en la présence française comme solution à leurs problèmes. Bien au contraire, elles perçoivent cette présence comme une partie du problème. 

Les manifestations en France contre la politique de Macron et celles au Sahel contre l’ingérence française sont le signe d’une convergence des luttes pour la justice sociale et l’autonomie. Les peuples français et sahéliens, bien que séparés géographiquement, partagent une cause commune : celle de dénoncer les abus de pouvoir et de réclamer un avenir fondé sur l’égalité et la dignité. 

Les populations sahéliennes et françaises pourraient tirer des enseignements de ces mouvements. En France, la colère contre Macron s’exprime face à un pouvoir jugé autocratique, insensible aux besoins du peuple. Dans les pays du Sahel, la lutte pour la souveraineté et l’indépendance vise à se libérer de la tutelle d’un ancien colonisateur. Dans les deux cas, les manifestants réclament des gouvernements qui répondent aux véritables aspirations des citoyens. 

Pour que les relations entre la France et les pays du Sahel évoluent vers un véritable partenariat, il est essentiel que la France reconnaisse les erreurs du passé et accepte la volonté des peuples africains de tracer leur propre chemin. L’Afrique ne peut plus être considérée comme une simple extension des intérêts économiques et géopolitiques français. 

En conclusion, les manifestations en France et au Sahel sont deux facettes d’un même combat : celui de peuples qui refusent d’être réduits au silence et qui luttent pour un avenir fondé sur la souveraineté et l’égalité. Les pays du Sahel, en particulier, se battent pour un modèle de développement qui respecte leur identité et leur autonomie, loin des intérêts néocoloniaux de la France. 

Partager Cet Article
SOURCE: FRENCH PRESS TV