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Zoom Afrique du 5 septembre 2024

Zoom Afrique du 5 septembre 2024

Les titres de la rédaction :

  • Le Mali obtient l’application du nouveau code minier à une mine en production
  • Accord Chine-Tanzanie-Zambie pour moderniser la voie ferrée de la TAZARA
  • Ghana : le gouvernement injecte 70 millions $ dans la construction d’un silo
  • Algérie : Astronergy va livrer l’équivalent de 1 GW de modules solaires

Les analyses de la rédaction :

1. L’AES face aux défis du Sahel : une souveraineté affirmée et des alliances stratégiques avec la Chine 

À l’occasion du 9e sommet du Forum sur la coopération sino-africaine (Focac) à Beijing, le président de la Transition malienne et président en exercice de la Confédération des États du Sahel (AES), le colonel Assimi Goïta, a renforcé la voix collective des États sahéliens. Lors d’une rencontre cruciale avec les Premiers ministres du Burkina Faso, Apollinaire Joachim Kyélem de Tambèla, et du Niger, Ali Lamine Zeine, des priorités stratégiques ont été dégagées pour promouvoir le développement économique et sécuritaire des pays de l’AES. 

Cette rencontre, qui s’est tenue dans la soirée du mardi, témoigne de la volonté commune des États de l’AES de saisir l’occasion offerte par le Focac pour défendre leurs intérêts. La Chine, en tant que partenaire stratégique majeur, offre une plateforme de collaboration dans des domaines essentiels comme l’énergie, les mines, les infrastructures et, surtout, la sécurité. Les discussions ont mis en avant la nécessité de mobiliser les investissements chinois pour soutenir ces secteurs critiques. 

Pour les Premiers ministres burkinabè et nigérien, les conseils et directives de Goïta ont été précieux. Le président de l’AES a insisté sur l’importance d’accélérer les projets en cours pour renforcer la jeune confédération, tout en consolidant la coopération avec la Chine. Ali Lamine Zeine a rappelé que « si une coopération existe, les pays qui l’animent feront tout pour défendre leurs intérêts », soulignant l’importance d’une approche pragmatique et mutuellement bénéfique. 

Le Premier ministre nigérien a précisé que les dirigeants des pays de l’AES, riches en ressources humaines et naturelles, ne sont pas venus à Beijing pour mendier, mais pour proposer des partenariats gagnant-gagnant. Ali Lamine Zeine a évoqué le modèle chinois, caractérisé par la dignité, la discipline et le travail, comme source d’inspiration pour les États sahéliens. Les autorités de l’AES viennent ainsi « totalement décomplexées » pour négocier des accords respectant leurs engagements et leurs intérêts mutuels. 

Dans la continuité de ces échanges, le colonel Assimi Goïta a multiplié les rencontres bilatérales avec ses homologues de Mauritanie, du Togo et de Centrafrique. Au cœur des discussions : le renforcement des liens de coopération pour une Afrique unie, solidaire et sécurisée. Le président malien a réitéré l’importance de trois piliers fondamentaux : la préservation de la souveraineté, le soutien aux choix stratégiques et l’adéquation des décisions avec les aspirations du peuple malien. 

Alors que les travaux du sommet Chine-Afrique s’ouvrent aujourd’hui, cette dynamique positive entre les pays de l’AES et la Chine marque une étape clé pour l’avenir de la Confédération des États du Sahel. Avec le soutien de la Chine, l’AES espère renforcer la sécurité collective et promouvoir un développement durable dans une région encore en proie au terrorisme et à l’instabilité. Le dîner officiel offert par le président Xi Jinping hier soir au Palais du peuple a symbolisé l’importance de ces relations en pleine expansion. 

La Confédération des États du Sahel, sous la direction du colonel Assimi Goïta, s’affirme sur la scène internationale, prête à relever les défis sécuritaires et économiques qui s’imposent à elle.

2. Xi Jinping encourage les chercheurs africains à défendre les intérêts du sud global 

Le président chinois Xi Jinping a encouragé les chercheurs africains à continuer à apporter un soutien intellectuel à la construction d’une communauté de destin Chine-Afrique de haut niveau et à la sauvegarde des intérêts communs du Sud global. 

Il a tenu ces propos en réponse à une lettre collective signée par 63 chercheurs de 50 pays africains, qui lui ont adressé leurs plus chaleureuses félicitations pour la tenue réussie de la troisième session plénière du 20e Comité central du Parti communiste chinois (PCC). 
 
Notant que le prochain sommet du Forum sur la coopération sino-africaine (FCSA) intervient à un moment particulièrement opportun, les chercheurs ont salué le ferme engagement de la Chine en faveur des échanges universitaires sino-africains, et se sont déclarés convaincus que la construction d’une communauté de destin Chine-Afrique de haut niveau apporterait des bénéfices tangibles et durables à l’Afrique, à la Chine et au monde en général. 
Xi Jinping a espéré que les deux parties, en s’appuyant sur le Consensus de Dar es-Salaam conclu entre la Chine et l’Afrique, intensifieraient leurs efforts de recherche sur une voie de développement adaptée aux pays du Sud, et continueraient à fournir un soutien intellectuel substantiel à la construction d’une communauté Chine-Afrique de haut niveau et à sauvegarder les intérêts communs du Sud global. 
 
L’augmentation des bourses d’études et des opportunités éducatives pour les étudiants africains en Chine a également permis à des milliers de jeunes Africains d’acquérir des compétences et des connaissances avancées dans divers domaines, a déclaré Rodrigue Tene Taling, directeur exécutif du Centre pour les films et la télévision africains de l’Institut d’études africaines de l’Université Normale du Zhejiang. 
 
« Cela a permis de créer une nouvelle génération de professionnels africains mieux équipés pour faire progresser leur pays. De plus, ces échanges universitaires ont facilité la compréhension culturelle et favorisé le développement de relations durables entre les universitaires africains et chinois, ce qui est essentiel pour une coopération à long terme », a-t-il expliqué. 
 
« Ces chercheurs, issus de divers groupes de réflexion et universités, ont mis en place un “marché aux idées”, et ont enrichi les processus de décision politique en y injectant de nouvelles idées révolutionnaires qui continuent à stimuler la croissance et le développement de la coopération sino-africaine », a indiqué Dennis Munene, directeur exécutif du Centre Chine-Afrique de l’Institut des politiques d’Afrique à Nairobi, au Kenya. 
 
Au cours de la 13e réunion du Forum des groupes de réflexion Chine-Afrique, qui s’est tenue à Dar es-Salaam en Tanzanie en mars 2024, des chercheurs venus de 50 pays africains ont conjointement publié le Consensus de Dar es-Salaam, qui propose des solutions aux principaux problèmes et défis mondiaux. Ce document, qui a suscité de nombreuses réponses positives au sein de la communauté internationale, prouve que les nations africaines sont de plus en plus enclines à explorer des voies de modernisation adaptées à leurs conditions particulières et font preuve d’une plus grande indépendance. 

Dans sa réponse, M. Xi note que la troisième session plénière du 20e Comité central du PCC s’est réunie avec succès il y a peu, et a appelé à élargir la modernisation chinoise par le biais de réformes approfondies. 
 
Le développement et la croissance continus de la Chine permettront certainement de contribuer à la paix mondiale et à la justice internationale, et insuffleront une nouvelle impulsion au processus de modernisation mondiale, notamment au développement du Sud global, indique M. Xi. 
 
Dans leur lettre à M. Xi, les chercheurs africains saluent les progrès réalisés par la Chine au cours des 70 dernières années. Ces réalisations, qui s’appuient sur un travail acharné, sur l’innovation et sur des politiques de réforme et d’ouverture, ont été rendues possibles par le leadership du PCC. 
 
Les relations sino-africaines se sont montrées très dynamiques au cours de la dernière décennie, et ont été marquées par d’importants investissements chinois dans les infrastructures africaines, en particulier dans les secteurs des transports et des énergies renouvelables. Cela a permis de stimuler la croissance économique, de créer des emplois, d’améliorer la connectivité et de faciliter les échanges commerciaux, a déclaré Balew Demissie Kebede, chercheur à l’Institut éthiopien d’études politiques. 

Le commerce bilatéral a également connu une croissance exponentielle, faisant de la Chine le plus grand partenaire commercial de l’Afrique et ouvrant de nouveaux marchés et opportunités aux nations émergentes du continent, a-t-il ajouté. 

La Chine et l’Afrique ont toujours formé une communauté de destin, écrit M. Xi dans sa réponse, ajoutant que les deux parties doivent plus que jamais renforcer leur solidarité et leur coopération face à une situation mondiale volatile. 

Le sommet 2024 du FCSA se tiendra du 4 au 6 septembre sur le thème « Unir nos forces pour faire avancer la modernisation et construire une communauté de destin Chine-Afrique de haut niveau ». Les dirigeants chinois et africains se réuniront à cette occasion à Beijing pour discuter de leur coopération future et échanger des expériences en matière de gouvernance. 

3. Leçons d’Irak et d’Afghanistan : redéploiement militaire US ; un danger pour le Bénin et la Côte d’Ivoire 

Le redéploiement des forces américaines en Afrique de l’Ouest, après leur éviction du Niger, suscite de vives inquiétudes quant aux conséquences pour des pays comme le Bénin et la Côte d’Ivoire, ainsi que pour la région du Sahel en général. L’histoire des interventions militaires américaines dans d’autres régions du monde illustre les dangers potentiels d’une telle présence, et ces leçons devraient alerter les pays africains avant de s’engager dans une collaboration militaire avec Washington. 

De nombreux pays où les États-Unis ont installé des bases militaires ou déployé des troupes connaissent des situations de crise aggravée après leur intervention. En Irak, après l’invasion de 2003, l’intervention américaine a plongé le pays dans un chaos et l’émergence de groupes terroristes comme Daesh y trouve une origine directe. 

En Afghanistan, les deux décennies de présence militaire américaine ont laissé le pays dans une situation de détérioration humanitaire sans précédent. En Libye, l’intervention de l’OTAN, largement soutenue par les États-Unis en 2011, a créé un vide sécuritaire qui a favorisé l’essor de milices armées, la division du pays et l’extension des réseaux terroristes dans toute la région sahélienne. 

Ces exemples soulignent un point essentiel : les déploiements militaires américains ont souvent été suivis par une détérioration massive de la situation sécuritaire locale, plutôt que par une stabilisation. 

L’arrivée possible de troupes américaines en Côte d’Ivoire et au Bénin, dans le cadre d’un redéploiement stratégique pour contrer la menace terroriste au Sahel, pourrait exposer ces pays à des répercussions similaires. Une présence militaire étrangère a tendance à attiser les tensions régionales et à renforcer le sentiment anti-occidental, qui est déjà élevé dans plusieurs pays de la région. 

Le Sahel est une région extrêmement volatile, où les États sahéliens, notamment le Niger, le Mali et le Burkina Faso, ont progressivement évincé les troupes occidentales, dont celles de la France et des États-Unis, pour affirmer leur souveraineté. L’installation de bases américaines en Côte d’Ivoire ou au Bénin pourrait faire de ces pays des cibles privilégiées pour les groupes armés terroristes qui sont à la solde des États-Unis, augmentant donc le risque de déstabilisation de la région tout entière. 

Le Bénin et la Côte d’Ivoire, en tant que pays côtiers, offrent évidemment des avantages géostratégiques pour Washington, notamment par leur proximité avec les pays comme le Burkina Faso, le Mali et le Niger. Toutefois, ces avantages peuvent rapidement se transformer en vulnérabilités. La côte, vitale pour le commerce et le développement de ces pays, pourrait devenir un foyer de militarisation, attirant des attaques et renforçant l’instabilité dans des régions jusque-là relativement paisibles. 

Le soutien militaire américain, même dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, pourrait compromettre l’indépendance stratégique du Bénin et de la Côte d’Ivoire. En acceptant une présence militaire étrangère, ces nations risquent de devenir dépendantes des États-Unis pour leur sécurité, ce qui limiterait leur capacité à développer des politiques de défense autonomes adaptées à leurs réalités locales. 

De plus, comme on l’a vu avec le retrait précipité des troupes américaines du Niger, Washington peut rapidement changer de stratégie en fonction de ses propres priorités, laissant les pays partenaires dans une position encore plus vulnérable. 

Enfin, dans un contexte où les peuples du Sahel expriment de plus en plus leur rejet de la présence militaire étrangère, un redéploiement américain pourrait accentuer cette défiance en Afrique de l’Ouest. La Côte d’Ivoire et le Bénin, en acceptant une telle présence, risquent de s’aliéner des populations locales et de s’isoler au niveau régional, ce qui pourrait avoir des répercussions politiques à long terme. 

Le redéploiement des forces américaines au Bénin et en Côte d’Ivoire n’est pas sans risque pour ces pays et pour l’ensemble de la région. L’histoire des interventions militaires américaines dans le monde montre que leur présence peut souvent entraîner une aggravation des tensions, une déstabilisation et une perte de souveraineté. Avant de s’engager dans une telle voie, les dirigeants africains devraient prendre en compte ces leçons du passé pour éviter que leurs nations ne deviennent les prochaines victimes de ce schéma destructeur. 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV