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Zoom Afrique du 21 août 2024

Zoom Afrique du 21 août 2024

Les titres de la rédaction :

  • Nigéria/Guinée équatoriale : un projet de gazoduc officialisé
  • Algérie : Agrodiv renforce la capacité nationale de stockage de céréales
  • Ghana : lancement du mégaprojet de hub pétrolier à Jomoro
  • La marine nigériane attend la livraison de 2 patrouilleurs

 

Les analyses de la rédaction :

1. L’AES appelle le Conseil de sécurité de l’ONU à des "mesures appropriées" contre l’Ukraine 

Les gouvernements du Burkina Faso, du Mali et du Niger ont dénoncé fermement le soutien présumé de l’Ukraine au "terrorisme" au Sahel, dans une lettre adressée au Conseil de sécurité de l’ONU. Ils appellent la communauté internationale à prendre des mesures immédiates pour prévenir de nouvelles ingérences qui menacent la stabilité de la région. 

Le 19 août 2024, les tensions diplomatiques entre le Burkina Faso, le Mali, le Niger et l’Ukraine ont pris une nouvelle ampleur internationale avec l’envoi d’une lettre conjointe aux Nations Unies. Dans cette correspondance, les ministres des Affaires étrangères des trois pays sahéliens – Karamoko Jean-Marie Traoré du Burkina Faso, Abdoulaye Diop du Mali, et Bakary Yaou Sangaré du Niger – ont exprimé une condamnation ferme du soutien présumé de l’Ukraine au "terrorisme international", particulièrement dans la région du Sahel. Cette démarche marque un tournant décisif dans les relations entre ces États africains et l’Ukraine, et soulève des préoccupations profondes sur la sécurité régionale et la stabilité en Afrique. 

La lettre adressée au président du Conseil de sécurité des Nations unies débute par une mise en garde sans équivoque : « Les ministres en charge des Affaires étrangères du Burkina, du Mali et du Niger dénoncent et condamnent fermement le soutien ouvert et assumé du gouvernement de la République d’Ukraine au terrorisme international, en particulier au Sahel. » Ce soutien, selon les signataires, est non seulement inacceptable, mais il constitue une menace directe à la paix et à la sécurité internationales. 

Les ministres sahéliens ont été « désagréablement surpris » par les propos tenus par Andriy Yusov, porte-parole de l’Agence ukrainienne de renseignement militaire. Selon eux, Yusov aurait admis l’implication de l’Ukraine dans une attaque ayant eu lieu les 24, 25 et 26 juillet 2024, dans laquelle des forces armées maliennes ont été visées, causant la mort de plusieurs soldats à Tinzaouatène, au Mali. Cette attaque, qualifiée de « lâche, traître et barbare », a également infligé d’importants dégâts matériels. Le fait que ces actes aient été confirmés par l’ambassadeur ukrainien au Sénégal, Yurii Pyvovarov, dans des déclarations publiques, n’a fait qu’accroître l’indignation des gouvernements sahéliens. 

« Ces affirmations, qui sont d’une extrême gravité, dépassent le cadre de l’ingérence étrangère, condamnable en soi. Il s’agit d’un soutien officiel et sans équivoque du Gouvernement ukrainien au terrorisme en Afrique, particulièrement au Sahel. » Les ministres ont insisté sur le fait que ces actions constituent une violation flagrante de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de leurs États. Ils ont rappelé que ces actes sont en violation directe de la Charte des Nations Unies et des Conventions internationales que l’Ukraine est censée respecter. 

Face à cette situation, les gouvernements du Burkina Faso, du Mali, et du Niger appellent le Conseil de sécurité à prendre ses responsabilités pour éviter que de telles actions subversives ne se reproduisent. Ils ont exhorté la communauté internationale à ne pas fermer les yeux sur ces développements inquiétants. « Nous appelons le Conseil de sécurité à prendre des mesures appropriées contre ce choix délibéré de l’Ukraine de soutenir le terrorisme, afin de prévenir ces actions subversives qui menacent la stabilité du Sahel, voire du continent africain. » 

Les ministres sahéliens ont également utilisé cette occasion pour réaffirmer leur engagement à renforcer la coopération au sein de la Confédération des États du Sahel (AES). Ils ont souligné que ces actes d’agression ne feraient que renforcer leur détermination à défendre leur souveraineté et à poursuivre leur lutte contre le terrorisme avec encore plus de vigueur.  

Les accusations portées contre l’Ukraine mettent en lumière les complexités géopolitiques croissantes qui entourent la région sahélienne. Le Sahel, déjà en proie à des conflits, devient de plus en plus un terrain où les influences internationales se croisent, avec des répercussions potentiellement dévastatrices pour la sécurité régionale. Les gouvernements sahéliens ont clairement exprimé leur volonté de ne pas laisser ces ingérences extérieures compromettre leurs efforts pour stabiliser la région et protéger leurs populations. 

Alors que le Conseil de sécurité est désormais saisi de cette affaire, il est à espérer que la communauté internationale prendra conscience de la gravité de la situation et agira en conséquence pour préserver la paix et la sécurité dans cette région cruciale du monde. En attendant, le Burkina Faso, le Mali, et le Niger restent déterminés à défendre leur souveraineté et à dénoncer ce qu’ils perçoivent comme des tentatives de déstabilisation orchestrées par des puissances extérieures. Leur message est clair : la paix et la sécurité du Sahel ne sont pas négociables, et toute tentative de les saper sera fermement combattue.  

 

2. L’AES : la révolte contre la CEDEAO et l’ingérence étrangère 

La CEDEAO, autrefois perçue comme un symbole d’unité et de coopération en Afrique de l’Ouest, est de plus en plus critiquée pour son rôle d’instrument de contrôle au service des puissances étrangères, en particulier la France et les États-Unis. La récente crise liée aux retraits du Mali, du Niger et du Burkina Faso expose au grand jour les failles d’une organisation qui semble plus préoccupée par la préservation des intérêts occidentaux que par le véritable développement et l’émancipation de ses membres. 

Le samedi 17 août, le vice-président de la Chambre des représentants du Nigéria, Benjamin Kalu, a confirmé que des mécanismes de diplomatie parlementaire sont en cours pour tenter d’éviter la désintégration de la CEDEAO avec le retrait de ces trois pays. Mais derrière cette apparente volonté de dialogue, se cache une réalité plus sombre : la CEDEAO est devenue un outil de domination néocoloniale, où les décisions sont souvent prises sous l’influence de Paris et de Washington, plutôt que dans l’intérêt des peuples africains. 

La récente réunion du comité conjoint du Parlement de la CEDEAO à Abidjan, présidée par Benjamin Kalu, a mis en évidence cette tension. Les discours des dirigeants de l’organisation ouest-africaine reflètent un effort désespéré pour maintenir le statu quo, malgré l’évidence que les pays du Sahel ont choisi une autre voie. Les présidents du Mali, du Niger et du Burkina Faso, en formant l’Alliance des États du Sahel (AES), ont démontré qu’ils ne se plieront plus aux diktats d’une organisation perçue comme complice de l’ingérence étrangère. 

La CEDEAO, autrefois créée pour favoriser la coopération économique et politique, semble aujourd’hui être un cheval de Troie des puissances occidentales. Ces dernières utilisent l’organisation pour s’assurer que leurs intérêts stratégiques et économiques dans la région ne soient pas menacés. En réalité, la présence militaire française dans plusieurs pays de la région et le soutien inconditionnel des États-Unis aux régimes alliés montrent bien où se situent les véritables loyautés de la CEDEAO. 

L’insistance de la CEDEAO à maintenir le Mali, le Niger et le Burkina Faso dans son giron n’est pas tant motivée par un désir sincère de stabilité régionale, mais plutôt par la crainte que la sortie de ces pays ne marque le début de la fin de l’influence occidentale en Afrique de l’Ouest. Kalu a affirmé que même si ces pays venaient à partir, la stabilité financière de la CEDEAO ne serait pas menacée, soulignant les multiples sources de financement provenant notamment de la taxe communautaire et des contributions des agences de développement. Mais cette déclaration masque la réalité que la dépendance financière de la CEDEAO vis-à-vis de l’Occident limite sa capacité à agir de manière indépendante. 

Les pays du Sahel, en créant l’AES, envoient un message clair : ils refusent de rester des pions dans un jeu géopolitique dicté depuis Paris ou Washington. Ils aspirent à une véritable souveraineté, non seulement politique, mais aussi économique et militaire. La CEDEAO, en tentant de ramener ces nations dans le giron, ne fait que renforcer leur détermination à se libérer des chaînes du néocolonialisme. 

Les dirigeants du Mali, du Niger et du Burkina Faso savent que la CEDEAO n’est plus l’organisation qu’elle prétend être. Ils ont choisi une nouvelle voie, une voie de solidarité régionale qui n’est pas dictée par des intérêts étrangers, mais par les aspirations légitimes de leurs peuples. 

Il est temps que les autres nations africaines se réveillent et reconnaissent la CEDEAO pour ce qu’elle est devenue : un instrument au service de la France et des États-Unis. Le véritable développement et l’émancipation de l’Afrique ne pourront être atteints qu’en se libérant de ces chaînes. L’Alliance des États du Sahel montre la voie. Le reste de l’Afrique doit suivre, et enfin se libérer de l’emprise néocoloniale. 

 

3. Sénégal : lutte pour l’autonomie totale contre les puissances étrangères 

Le Sénégal est à un tournant décisif de son histoire économique et politique. Sous la direction du Premier ministre Ousmane Sonko, le gouvernement a lancé une initiative audacieuse : la renégociation des contrats avec les entreprises étrangères opérant dans les secteurs stratégiques du pays. Cette démarche, loin d’être simplement une promesse électorale, est un acte de souveraineté économique, un cri de révolte contre des décennies d’exploitation injuste et systématique des ressources par des puissances étrangères. 

Depuis trop longtemps, les richesses du Sénégal, qu’il s’agisse des ressources minières, énergétiques ou agricoles, ont été pillées par des multinationales étrangères, souvent avec la complicité de dirigeants locaux corrompus. Ces entreprises viennent s’installer dans le pays, exploitent les ressources, et repartent avec des profits faramineux, laissant derrière elles des communautés appauvries et un environnement dégradé. Il est temps que cela cesse. Il est temps que le Sénégal prenne le contrôle de ses propres richesses et en fasse profiter son peuple. 

Le Premier ministre Ousmane Sonko l’a bien compris. En lançant cette commission pour renégocier ces contrats iniques, il place les intérêts du Sénégal et des Sénégalais au-dessus de ceux des entreprises étrangères. Il n’est plus question de sacrifier la souveraineté économique sur l’autel des profits de quelques multinationales. Désormais, chaque ressource exploitée sur le territoire devra bénéficier en priorité aux citoyens, en créant des emplois, en finançant le développement et en protégeant l’environnement. 

Cette volonté de souveraineté ne s’arrête pas aux questions économiques. Le vendredi 16 août, une conférence de presse s’est tenue à Dakar, réunissant plusieurs organisations nationales pour aborder un autre enjeu crucial : la présence militaire française au Sénégal. Lors de cette conférence, les organisateurs ont exprimé de vives inquiétudes concernant cette présence, la qualifiant d’obstacle majeur à la pleine souveraineté du pays. Ils ont appelé les autorités à prendre leurs responsabilités pour une « rupture effective » avec ces bases militaires, affirmant que la souveraineté totale du Sénégal est incompatible avec la présence d’une armée étrangère sur son sol. 

Les bases militaires françaises, vestiges d’une ère coloniale révolue, sont perçues par beaucoup comme l’une des manifestations les plus flagrantes du néocolonialisme occidental. Elles symbolisent une atteinte à la souveraineté nationale, freinant le développement et l’autonomie des forces armées sénégalaises. Comme l’a souligné Ousmane Sonko lors d’une conférence de presse tenue en mai dernier, « Plus de soixante ans après nos indépendances, nous devons nous interroger sur les raisons pour lesquelles l’armée française, par exemple, bénéficie toujours de plusieurs bases militaires dans nos pays, et sur l’impact de cette présence sur notre souveraineté nationale et notre autonomie stratégique ». 

Au-delà de la question militaire, les entreprises françaises qui dominent l’économie sénégalaise sont de plus en plus mal perçues par la population. Les témoignages abondent, dénonçant les pratiques fiscales douteuses de ces multinationales, qui profitent de régimes fiscaux avantageux pour écraser la concurrence locale. Cette situation crée une distorsion du marché, entravant les entreprises sénégalaises qui respectent les règles fiscales et sociales. 

Dans la perspective de rendre le Sénégal véritablement indépendant des influences étrangères, les autorités locales doivent prendre des mesures concrètes tant sur le plan militaire qu’économique. La dépendance militaire et économique de Dakar vis-à-vis des pays occidentaux pourrait avoir des conséquences désastreuses à l’avenir. C’est pourquoi le combat que mène le Sénégal n’est pas seulement celui du pays, mais celui de toute l’Afrique contre un système néocolonial qui maintient le continent dans la pauvreté et la dépendance. 

Le Sénégal montre la voie. Par cette initiative courageuse, le pays se place à l’avant-garde d’un mouvement de libération économique et politique qui, espérons-le, gagnera tout le continent. Le pays a les moyens, la détermination et le leadership nécessaires pour réussir. Mais il faut rester vigilants, unis et inflexibles face aux pressions qui ne manqueront pas de venir de la part de ceux qui ont tout à perdre dans cette bataille pour la justice et l’équité. 

L’heure est venue pour le Sénégal de se lever, de défendre ses droits, et de construire un avenir où les enfants pourront grandir fiers de leur pays, maîtres de leurs ressources et de leur destin. Ousmane Sonko et son gouvernement ont tracé la route. Il appartient maintenant au peuple de les soutenir, de rester mobilisés et de ne jamais perdre de vue l’objectif final : un Sénégal libre, prospère et souverain. 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV