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Zoom Afrique du 19 août 2024

Zoom Afrique du 19 août 2024

Les titres de la rédaction :

  • Le GAINDESAT-1A, premier satellite sénégalais lancé dans l’espace
  • L’Égypte devient le premier fournisseur de patate douce de l’UE en 2023/2024
  • Le Cameroun a produit 266 725 tonnes de cacao pour la saison 2023-2024
  • Le port de Mombasa réceptionne 4 nouveaux portiques de parc

 

Les analyses de la rédaction :

1. Sénégal : un premier pas historique vers la souveraineté technologique 

Le Sénégal vient de franchir une étape majeure en rejoignant le cercle restreint des pays africains qui se lancent à la conquête de l’espace. Le 16 août dernier, le pays a marqué l’histoire en lançant son tout premier satellite en orbite, une prouesse qui témoigne du génie et de l’expertise de ses ingénieurs. Ce satellite, conçu et fabriqué par des talents sénégalais, est une véritable fierté pour la nation, et plus largement pour l’Afrique, souvent sous-estimée dans le domaine des technologies de pointe. 

Ce lancement place le Sénégal sur la carte mondiale des nations innovantes, prouvant que le continent africain possède les compétences et la détermination nécessaires pour s’imposer dans des domaines où on ne l’attendait pas. Ce succès est également porteur d’espoir pour l’avenir, en ce sens qu’il pave la voie à une plus grande indépendance technologique du pays. Le Sénégal montre ainsi qu’il est prêt à relever les défis de la modernité, à valoriser son savoir-faire et à jouer dans la cour des grands. 

Bien que cette première aventure spatiale ait nécessité l’assistance de pays comme la France et les États-Unis, l’ambition du Sénégal est claire : devenir plus autonome dans ses futures entreprises technologiques. Le président Bassirou Diomaye Faye a l’opportunité de mener le pays vers une véritable souveraineté technologique, essentielle dans un monde où la concurrence est féroce et où l’espionnage technologique est omniprésent. Ce lancement spatial n’est que le début d’un long voyage vers l’indépendance technologique, et chaque pas en avant renforce la position du Sénégal sur la scène internationale. 

Mais au-delà de la fierté nationale, l’impact concret de ce satellite sur la vie quotidienne des Sénégalais est l’aspect le plus crucial. Conçu pour collecter des données vitales, notamment pour la gestion des ressources en eau, ce satellite pourrait transformer la manière dont le Sénégal gère ses ressources naturelles. Si ces objectifs sont atteints, ce projet spatial ne sera pas seulement une démonstration de puissance technologique, mais un véritable outil au service du développement durable et du bien-être des populations. 

En somme, le lancement de ce premier satellite marque un tournant pour le Sénégal, qui affirme sa place sur la scène internationale tout en œuvrant pour l’amélioration des conditions de vie de ses citoyens. Ce succès n’est pas seulement une victoire pour le Sénégal, mais aussi un signal fort que l’Afrique est prête à se lever et à jouer un rôle de premier plan dans les technologies du futur. 

2. La France face à son déclin : l’échec d’une Influence en Afrique 

L’absence du président sénégalais Bassirou Diomaye Faye à la commémoration du 80e anniversaire du débarquement de Provence, le 15 août 2024, marque un échec cuisant pour la politique africaine de la France. Ce geste de défection, venant d’un pays dont les tirailleurs ont été sacrifiés pour la libération de la France en 1944, envoie un message fort : la rupture entre la France et ses anciennes colonies est de plus en plus prononcée, et les tentatives d’Emmanuel Macron de maintenir un semblant d’influence sur le continent africain semblent vouées à l’échec. 

La polémique qui a éclaté fin juillet autour de la décision de la France de reconnaître unilatéralement comme « morts pour la France » six tirailleurs sénégalais tués lors du massacre de Thiaroye en 1944 n’a fait qu’exacerber les tensions. La réaction outrée du Premier ministre sénégalais, Ousmane Sonko, illustre le ras-le-bol grandissant face à une France perçue comme arrogante et paternaliste. En déclarant que « ce n’est pas à la France de fixer unilatéralement le nombre d’Africains trahis et assassinés après qu’ils ont contribué à la sauver, » Sonko met en lumière l’hypocrisie d’un pays qui se targue de rendre hommage à ses anciens soldats africains tout en continuant à mépriser la souveraineté de ces mêmes nations. 

La cérémonie de Boulouris-sur-Mer, qui a vu une participation africaine nettement en baisse, témoigne de l’isolement croissant de la France sur la scène africaine. En 2014, sous François Hollande, douze présidents africains avaient fait le déplacement. Dix ans plus tard, seuls cinq étaient présents, et aucun d’entre eux ne représente des pays influents ou en position de leadership sur le continent. L’absence des dirigeants de nations clés comme l’Algérie, le Tchad, le Mali, le Burkina Faso, et le Niger – tous impliqués dans des disputes diplomatiques ou militaires avec la France – montre bien que l’influence de Paris est en déclin rapide. 

L’Algérie, en particulier, a donné un coup de pied de plus à une relation déjà moribonde en rappelant son ambassadeur après que Paris a soutenu le plan d’autonomie marocain pour le Sahara occidental, un affront insupportable pour Alger. Les états du Sahel, de leur côté, ont signifié leur rejet total de la France en expulsant ses forces militaires, accentuant un fossé qui semble désormais impossible à combler. Quant au Tchad, même l’un des derniers alliés de poids de la France au Sahel, son refus de participer à la commémoration est un signal alarmant de la perte de confiance en Paris. 

Même les gestes symboliques de la cérémonie, tels que la présence de cinq lycéens de Thiaroye descendants de tirailleurs sénégalais, peinent à masquer l’amertume ambiante. Ces actions sont perçues comme de vaines tentatives de la France pour se racheter une légitimité morale qu’elle a déjà perdue auprès de ses anciennes colonies. L’hommage rendu par Paul Biya, le plus vieux des chefs d’État africains présents, résonne comme un écho lointain d’une époque révolue, où la France pouvait encore compter sur un respect et une admiration que ses actes récents ont complètement érodés. 

En définitive, cette commémoration ratée illustre de manière cinglante l’échec de la stratégie d’Emmanuel Macron en Afrique. En tentant de concilier réconciliation mémorielle et maintien d’une influence géopolitique, la France s’est enfoncée dans une impasse. Les actes d’humilité affichés par Macron ne sont vus que comme de la poudre aux yeux, un écran de fumée pour dissimuler une incapacité à reconnaître pleinement les crimes de la colonisation et à se défaire d’un néo-colonialisme qui continue de hanter les relations franco-africaines. La France, autrefois perçue comme une alliée et une protectrice, est aujourd’hui vue comme une puissance déclinante, agrippée désespérément à une hégémonie qu’elle a déjà perdue. 

3. Chassée du Sahel, la France tente un retour par la petite porte de la Guinée ? 

Après son éviction du Mali, la France, loin d’accepter la réalité, s’emploie à réaffirmer son influence en Afrique de l’Ouest par des moyens détournés. En Guinée, Paris a trouvé un allié de circonstance en la personne du général Mamadi Doumbouya, ancien légionnaire français devenu président à la suite d’un coup d’État. Derrière la façade de la coopération militaire, c’est une véritable manœuvre de contrôle géopolitique que mène l’Hexagone, visant à garder un œil sur son ancien pré carré, avec le Mali en ligne de mire. 

Sous le prétexte d’une mission de formation, des soldats français opèrent en toute discrétion dans l’est de la Guinée, à proximité immédiate de la frontière malienne. Officiellement là pour soutenir les forces locales, leur présence s’apparente davantage à une surveillance intrusive d’un territoire désormais hostile à la France. La Guinée devient ainsi le nouvel avant-poste d’une stratégie de reconquête déguisée. 

Le projet d’installation d’une base militaire à Kouré Malé, situé stratégiquement à quelques encablures du Mali, soulève des questions cruciales. Cette base, présentée comme un rempart contre les terroristes et l’influence croissante de la Russie, cache mal les véritables intentions de Paris : maintenir une emprise militaire et politique dans une région où son influence s’effrite. Cette tentative de contrôle heurte de front les aspirations démocratiques des populations locales, qui voient dans cette présence militaire une nouvelle forme d’ingérence. 

Les critiques ne manquent pas pour dénoncer cette stratégie française, perçue par beaucoup comme une forme de néo-colonialisme. En soutenant des régimes militaires comme celui de Doumbouya, la France semble prête à sacrifier les idéaux démocratiques sur l’autel de ses intérêts géostratégiques. Cette approche risque non seulement de renforcer les tensions déjà existantes, mais aussi de compromettre sérieusement l’avenir démocratique de l’ensemble de la région. 

Loin d’être une simple question de sécurité, la présence française en Guinée s’inscrit dans une logique de domination déguisée. Paris semble prêt à tout pour maintenir son influence en Afrique de l’Ouest, y compris en s’appuyant sur des leaders peu scrupuleux, au détriment des peuples qu’ils prétendent aider. Ce jeu dangereux pourrait bien se retourner contre la France, alimentant un ressentiment croissant contre une présence étrangère perçue comme oppressive et anachronique. 

Alors que le Mali tourne la page de l’influence française, la France peine à tirer les leçons de ses échecs passés et persiste dans une stratégie d’ingérence qui pourrait non seulement échouer, mais aussi provoquer des conséquences désastreuses pour la stabilité régionale et les aspirations légitimes des populations locales. Les jours où Paris dictait les règles du jeu en Afrique semblent comptés, mais à quel prix ces derniers efforts désespérés seront-ils payés par ceux qui vivent sous l’ombre de ses bases militaires ?

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SOURCE: FRENCH PRESS TV