Alors que la gauche maintient la pression sur Emmanuel Macron afin qu'il nomme Lucie Castets comme Première ministre d'un gouvernement issu du Nouveau Front populaire, la majorité présidentielle se met en branle afin de constituer une coalition allant des communistes à la droite républicaine.
Dans cette perspective, le Premier ministre démissionnaire Gabriel Attal met sur la table un « pacte d'action pour les Français », afin de dégager un programme de gouvernement sur lequel pourrait s'entendre une large partie de l'hémicycle.
Dans un courrier, révélé par BFMTV, adressé aux chefs des groupes parlementaires - à l'exception de La France insoumise, le Rassemblement national et À droite (AD), le groupe d'Eric Ciotti -, le Premier ministre démissionnaire et chef du groupe Ensemble pour la République à l'Assemblée nationale appelle à « trouver une nouvelle voie » au Parlement, « par le dialogue et le dépassement des clivages habituels ». Avec des mains tendues à la gauche comme à la droite.
Le « pacte d'action » rédigé par Ensemble pour la République - version enrichie du programme de la majorité sortante - s'articule autour de six grands axes : la « souveraineté militaire et économique », « la défense de qui nous sommes », la « qualité de vie », l'environnement, la sécurité et « nos services publics ». Dès le préambule, la « responsabilité budgétaire » est inscrite comme « principe essentiel », à l'égal de « la lutte indispensable contre le dérèglement climatique ». Clin d'œil à la droite, qui sonne aussi comme une mise en garde à destination de la gauche, régulièrement accusée d'irresponsabilité en matière de finances publiques.
Des éléments que le chef de file des élus macronistes à l’Assemblée veut utiliser comme « base » pour « engager des discussions » avec les autres partis. Des discussions que le ministre démissionnaire n’entend cependant pas mener avec tous les groupes présents à l’Assemblée nationale puisque les chefs des groupes Insoumis, Rassemblement national et À droite ne comptent pas parmi les destinataires du courrier. Le Premier ministre confirme ainsi s’en tenir au concept d’« arc républicain » et exclure les formations politiques jugées infréquentables.
Ce 13 août également, le président du groupe Horizons Laurent Marcangeli a lancé un appel à « la gauche de gouvernement et à la droite républicaine ». Plus d’un mois après les législatives anticipées qui ont placé le parti présidentiel en deuxième position dans l’hémicycle, le chef de gouvernement démissionnaire dit vouloir créer une alliance de la « gauche républicaine » à la « droite républicaine ».
La démarche du Premier ministre sortant a été doublée d’un courrier sensiblement identique présenté par son ancien conjoint quelques heures plus tard, le ministre des Affaires étrangères sortant Stéphane Séjourné, qui présente pour sa part « sept chantiers prioritaires », ajoutant la « souveraineté militaire de la France » à la liste de Gabriel Attal.
Dès la fin juillet, les parlementaires LR non ralliés au RN avaient également publié un « pacte législatif » rassemblant des propositions que la droite républicaine pourrait soutenir, même s'ils ont exclu d'avance de participer à une majorité de coalition avec les soutiens d'Emmanuel Macron. Quant au Nouveau Front populaire, il appelle toujours fermement à la nomination de Lucie Castets à Matignon, ce qui n'a pas empêché cette dernière de prendre la plume lundi pour proposer aux parlementaires de travailler à un budget pour 2025 et un « programme de travail gouvernemental » rassemblant au-delà des bancs de la gauche.