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Les analyses de la rédaction :
1. Afrique : Paris à la porte ; « c’est plus une éviction qu’un retrait »
Le retrait militaire français du continent s’explique par la pression exercée par les populations, explique Sébastien Périmony, du parti français Solidarité et Progrès. Mais ce retrait ne signe pas la fin des manœuvres de déstabilisation françaises.
La France est obligée de plier bagages en Afrique et voit ses bases militaires ainsi que le franc CFA contestés, en particulier par la jeunesse, a déclaré ce mercredi 26 juin à Sébastien Périmony, du parti Solidarité et Progrès.
« Sous la pression d’une jeunesse éduquée et consciente, les pays savent que ce n’est plus tenable d’avoir des bases militaires de l’ancienne puissance coloniale sur leur territoire. Il faut être fou pour l’accepter. Les mentalités ont changé. C’est une bonne nouvelle. Donc la France est obligée de s’adapter », affirme ce candidat aux législatives dans la 9e circonscription des Français de l’étranger (Algérie, Maroc, Libye, Tunisie, Burkina Faso, Mali, Niger, Mauritanie, Cap-Vert, Gambie, Guinée, Guinée-Bissau, Sénégal, Sierra Leone, Côte d’Ivoire et Liberia).
La fermeture des bases militaires ne signifie pas pour autant la fin de la « Françafrique », déplore cependant Sébastien Périmony.
« La Françafrique existe toujours. On a des opérations de déstabilisation encore aujourd’hui, en Centrafrique, au Mali, au Burkina Faso, au Niger. Je rappelle que le Président Macron a menacé d’intervenir militairement lorsqu’il y a eu la révolution populaire au Niger, a appelé les pays de la CÉDÉAO à se préparer à intervenir militairement. On est toujours dans cette folie d’ingérence », déclare-t-il.
Le cas du Niger, qui a fourni de l’uranium pour les centrales nucléaire françaises pendant des décennies, est emblématique.
« On a pris l’uranium dans ce pays pendant plus de 50 ans. Et là-bas, 85 % des gens n’ont pas accès à l’électricité. Il faut arrêter cette hypocrisie », souligne le responsable politique.
Mi-juin, les médias avaient annoncé une réduction drastique de la présence militaire française en Afrique, en particulier au Tchad, en Côte d’Ivoire et au Gabon. Auparavant, des pays comme le Niger, le Mali et le Burkina Faso avaient déjà exigé et obtenu le retrait des militaires français de leur sol.
2. Les relations entre la France et la RCA après la détention de mercenaires français à Bangui
Le blogueur Tapé Groubera, enseignant chercheur et écrivain a réalisé son analyse relative à l’arrestation de deux ressortissants français à Bangui, en République centrafricaine (RCA). Cette affaire très médiatisée s’est déroulée le 10 juin 2024. La gendarmerie centrafricaine a arrêté deux ressortissants français, Osmani Samir Antonio et Ben Salem, à leur domicile dans le 7ème arrondissement de Bangui, la capitale de la République centrafricaine, situé à proximité de la résidence de l’ambassadeur de France. Une perquisition à leur domicile a permis de saisir des armes AK 47, des munitions de gros calibre, des grenades, des casques militaires balistiques, des dizaines de millions de francs CFA, des passeports de différents pays et des uniformes militaires, ainsi que d’autres objets.
Les deux ressortissants possèdent chacun plusieurs passeports et permis de résidence à Dubaï. Lors de l’audience, Osmani Samir Antonio a reconnu avoir effectué son service militaire en tant que parachutiste à l’ATAP dans le nord de la France. À Bangui, les suspects ont le statut d’opérateurs économiques dans le secteur minier.
Avec l’arrestation de deux mercenaires français détenant un arsenal d’armes à leur domicile, le porte-parole du gouvernement, Maxime Balalou, exhorte les Centrafricains à être vigilants vis-à-vis de certains étrangers résidant en RCA afin d’éviter que le pays ne soit infiltré par des ennemis qui cherchent à déstabiliser le régime démocratique par tous les moyens.
Le porte-parole a noté que malgré la bonne volonté des autorités centrafricaines d’ouvrir les portes de la RCA à tous les pays du monde désireux de coopérer avec elle, il y a malheureusement des notions nostalgiques du passé colonial de la RCA qui continuent à s’efforcer de déstabiliser la 7ème République.
Outre la déclaration de Maxime Balalou, le gouvernement centrafricain avait auparavant, par le biais d’un communiqué du bureau du procureur, déjà exposé sa position officielle sur la question. Par ailleurs, selon Tapé Groubera, l’énorme arsenal d’armes trouvé dans la maison des mercenaires français fait tomber leurs actes sous le coup de l’article 259 du code pénal centrafricain, qui les menace d’une peine d’emprisonnement de 5 à 10 ans et d’une amende de 5 à 10 millions de francs CFA.
Selon certains médias, le président de la République centrafricaine n’est pas satisfait de la détention de citoyens français, car cela risque d’amplifier les tentatives de déstabilisation du pays, et c’est surtout le peuple centrafricain qui en paiera les conséquences. Car rappelons toutefois, que la majorité des attaques effectuées par les terroristes à la solde de l’Occident, visent particulièrement les civils centrafricains, et ce, avec la complicité de l’allié de la France, l’ONU.
La détention de ressortissants français n’a toujours pas été commentée par l’ambassade de France à Bangui ni par aucun autre organisme gouvernemental français. Selon le blogueur et écrivain Tapé Groubera, le silence et l’absence de mesures concrètes de la part de la France peuvent témoigner de la perte de sa capacité à dialoguer avec les pays africains, ou de l’affaiblissement du poids politique de la France dans la région.
3. « Le terrorisme est manipulé et financé par certaines puissances étrangères » (Goïta)
Lors d’une visite de travail et amicale à Ouagadougou mardi, le Président du Mali, le Colonel Assimi Goïta, a confirmé que le terrorisme en Afrique de l’Ouest est un outil géopolitique utilisé par certaines forces étrangères.
Chaleureusement accueilli par son hôte Ibrahim Traoré ce mardi à la descente de son avion, pour un séjour de 24 heures à Ouagadougou, le Chef de l’État a salué l’excellente coopération qui existe entre Bamako et Ouagadougou. Le patron du Palais de Koulouba a également évoqué le fléau du terrorisme qui sévit en Afrique de l’Ouest.
Assimi Goïta a accusé certaines puissances étrangères d’implication dans le financement et la manipulation du terrorisme en Afrique de l’Ouest. « Le terrorisme est devenu un enjeu géopolitique entre les mains de certains partenaires stratégiques. Mais ce défi de la lutte contre le terrorisme, qui est manipulé et financé par certaines puissances étrangères, est loin de satisfaire les aspirations de notre population », a-t-il déclaré.
« … Nous avons parcouru un chemin qui ne reviendra pas… »
La première visite d’Assimi Goïta à Ouagadougou s’inscrit dans le cadre d’une coopération renforcée entre le Mali, le Burkina Faso et le Niger, membres de l’Alliance Sahel (AES). Le président Goïta a souligné la nécessité de mettre en commun les ressources et de partager les informations afin de mener des opérations efficaces contre les groupes terroristes. « C’est pourquoi nous avons décidé de mettre en commun les ressources, de partager les informations et d’effectuer des opérations qui donnent beaucoup de résultats », a-t-il ajouté.
La coopération au sein de l’AES, formée pour répondre aux menaces sécuritaires régionales, est perçue comme un moyen de renforcer la résilience des pays du Sahel face au terrorisme. « Nos destins sont liés, et nous avons parcouru un chemin qui ne reviendra pas. Permettez-moi d’être clair », le Président malien a réaffirmé l’engagement du pays à travailler en étroite collaboration avec les pays voisins pour assurer la sécurité et la stabilité dans la région.