Les Nations Unies ainsi que les organisations et institutions soudanaises et internationales ont dénoncé la récente attaque contre un village de l’État soudanais de Gezira, qui a coûté la vie à plus de 100 civils, appelant à une enquête immédiate.
Le Conseil de souveraineté de transition du Soudan a accusé jeudi les Forces paramilitaires de soutien rapide (RSF) d'avoir commis mercredi un massacre dans le village de Wad al-Noura, tuant « un grand nombre d'innocents ».
Les RSF ont toutefois indiqué avoir attaqué trois camps abritant des éléments de l'armée et des services de renseignement.
Le ministère soudanais de la Santé a déclaré que les RSF avaient tué des civils dans le village de Wad al-Noura « lors de leur invasion de la région, en utilisant des armes lourdes contre les citoyens, entraînant un horrible massacre ».
Le ministère a fermement condamné « ce comportement et ce génocide contre les citoyens, en particulier dans les zones où il est difficile de fournir des services de santé, même par les organisations internationales et onusiennes, en particulier pour les blessés et ceux souffrant de maladies chroniques ».
Selon le gouverneur de la province soudanaise du Darfour, le nombre de victimes « a dépassé les 150 ».
Minni Arko Minawi a également dénoncé le silence international sur les crimes commis par les RSF.
« Qu’attend le monde de ces milices (Forces de soutien rapide) ? Et qu’espèrent les pays qui les soutiennent ? Et pourquoi les Nations unies restent-elles silencieuses face à ces crimes commis par les pays qui en sont membres, a déclaré Minawi.
Ces déclarations ont été prononcées alors que les Émirats arabes unis soutiendraient le groupe paramilitaire combattant l'armée soudanaise, en lui fournissant une aide militaire et financière.
Les Émirats arabes unis ont nié soutenir les RSF dans leur guerre contre le gouvernement soudanais.
L'attaque paramilitaire organisée mercredi a été condamnée par le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, qui a exhorté toutes les parties à la guerre à s'abstenir de toute attaque susceptible de nuire aux civils.
Le porte-parole de l'ONU, Stéphane Dujarric, a affirmé hier jeudi que le secrétaire général « exprime également sa profonde préoccupation face aux immenses souffrances de la population soudanaise en raison de la poursuite des hostilités ».
« Il souligne qu'il est grand temps pour toutes les parties de faire taire leurs armes à travers le Soudan et de s'engager sur la voie d'une paix durable pour le peuple soudanais », a ajouté le porte-parole.
Pendant ce temps, Clémentine Nkweta Salami, coordonnatrice humanitaire résidente des Nations unies au Soudan, s'est dite « choquée » par le nombre élevé de victimes à Wad al-Noura.
Salami a appelé jeudi à « une enquête approfondie sur les circonstances et sur les faits pour cet incident à Wad al-Noura et à ce que les responsables des crimes soient tenus pour responsables ».
Au Soudan, la Coordination des Forces civiles démocratiques (Taqaddum), dirigée par l'ancien Premier ministre Abdalla Hamdok, a également condamné « les violations des Forces de soutien rapide contre les civils dans les villages de Gezira ».
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Par ailleurs, le groupe de défense des droits soudanais, Emergency Lawyers a décrit l’attaque comme « un exemple douloureux de violations flagrantes des droits humains ».
« Cette attaque constitue un grave crime contre l'humanité et une violation flagrante du droit international humanitaire et des accords internationaux relatifs à la protection des civils », ajoute le texte.
Il a appelé « la communauté internationale à assumer ses responsabilités et à prendre des mesures urgentes pour mettre fin à ces violations continues contre les civils au Soudan ».
Les RSF combattent l'armée, dirigée par le général Abdel Fattah Burhan, pour le contrôle de ce pays d'Afrique du Nord depuis le 15 avril de l'année dernière, dans une guerre qui a tué plus de 16 000 personnes et déplacé environ 8,7 millions de personnes sur fond d'avertissements de famine.
Depuis décembre 2023, les RSF ont pris plusieurs villes de Gezira dont la capitale de l'État, Wad Madani.
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