Selon le Premier ministre nigérien, Niamey a décidé de rompre sa coopération militaire avec les États-Unis, en raison de menaces de Washington et son opposition à la coopération avec Téhéran et Moscou.
Le Premier ministre nigérien a déclaré que la rupture de la coopération militaire et des relations bilatérales entre son pays et les États-Unis était due aux menaces américaines et à l’opposition de Washington au partenariat de Niamey avec l’Iran et la Russie.
Ali Mahaman Lamine Zeine a déclaré dans une interview publiée, le mardi 14 mai, dans le journal Washington Post que les États-Unis avaient tenté de dicter au Niger leur point de vue sur les relations de Niamey avec d’autres pays, et qu’ils « n’avaient pas justifié leur présence militaire » dans ce pays d’Afrique de l’Ouest.
Soulignant l’échec des États-Unis à lutter contre le terrorisme au Niger et dans la région du Sahel depuis une décennie, Zeine a déclaré : « Les Américains sont restés sur notre sol, n’ayant fait rien pendant que les terroristes tuaient des gens et incendiaient des villes. Ce n’est pas un signe d’amitié de venir sur notre sol, mais de laisser les terroristes nous attaquer. »
Zeine a déclaré que le comportement des États-Unis envers les responsables nigériens était la « principale raison » de la rupture des relations.
Le Premier ministre nigérien a critiqué l’appel des responsables américains à Niamey de ne pas interagir étroitement avec l’Iran et la Russie, tous deux adversaires de Washington.
Zain a déclaré que le gouvernement américain lui avait lancé un ultimatum pour être en sécurité avec Washington ou se rapprocher de Téhéran et de Moscou.
« Vous êtes venus ici pour nous menacer dans notre pays, c’est inacceptable », a-t-il déclaré au quotidien américain.
« Vous êtes venus ici pour nous dire avec qui nous pouvons avoir des relations, ce qui est également inacceptable. Vous avez tout fait avec un ton condescendant et un manque de respect.»
Citant des responsables américains, le quotidien rapporte que le retrait des troupes américaines du Niger, prévu dans les mois à venir, marque un revers notable pour l’administration Joe Biden.
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L’armée nigérienne, dirigée par le général Abdolhamman Tiani, a renversé en juillet 2023 l’ancien président Mohamed Bazoum, soutenu par l’Occident, et a formé un gouvernement, dont les relations ont été tendues avec certains pays occidentaux.
Washington a ensuite suspendu son soutien sécuritaire et interrompu ses soi-disant opérations antiterroristes dans la 201e base aérienne près de Niamey, où les États-Unis surveillent par drones les groupes terroristes affiliés à Daech et à al-Qaïda dans la région du Sahel et où ils ont stationné plus de 1 000 militaires.
Le mois dernier, les États-Unis ont répondu aux appels du Niger, demandant aux troupes américaines de quitter le Niger, pays situé au cœur du Sahel et ont accepté d’en retirer leurs effectifs militaires.
La Russie fait partie des pays qui ont soutenu “à bras ouverts” les nouveaux dirigeants de Niamey.
Après des entretiens entre Tiani et le président russe Vladimir Poutine, le premier groupe d’environ 100 conseillers russes est arrivé au Niger le 10 avril, apportant avec eux des systèmes de défense aérienne de fabrication russe. Des conseillers russes se déploient sur une base aérienne près de l’aéroport de Niamey.
Zeine s’est rendu en Iran fin janvier et s’est entretenu avec le président Ebrahim Raïssi pour discuter des relations bilatérales et des questions d’intérêt commun.
En octobre 2023, le ministre des Affaires étrangères du Niger, Bakary Yaou Sangaré, s’était rendu à Téhéran pour explorer les opportunités de renforcer les liens politiques et économiques, ainsi que de renforcer la coopération dans les secteurs scientifiques et technologiques entre les deux pays.