Les titres de la rédaction :
Les analyses de la rédaction :
1. L'AES porte ses fruits
A peine quelques mois après la création de l'AES, cette alliance interafricaine porte ses fruits.
L’armée nigérienne a rapporté mercredi soir qu’elle avait tué au moins sept terroristes et en avait blessé trois autres lors d’une opération à Tohay, au Mali, près de la frontière avec le Niger. Ces actions ont été menées par l’armée de l’Air nigérienne, dans la zone de Tohay.
En septembre dernier, le Burkina Faso, le Niger et le Mali ont uni leurs forces au sein de l’Alliance des États du Sahel (AES) pour coopérer et faire face aux menaces sécuritaires régionales. Selon leurs dirigeants, cette collaboration vise également à promouvoir le développement socioéconomique dans la région pour le bien-être des populations locales.
La création de l'Alliance des États du Sahel (AES) représente un nouveau chapitre dans la lutte contre le terrorisme. Elle dépasse les ambitions du G5 Sahel en coordonnant non seulement les efforts militaires, mais aussi économiques. Cette alliance vise à lutter contre le terrorisme sous toutes ses formes et à combattre la criminalité organisée dans cette région cruciale. Elle prévoit également la mise en place d'une « architecture de défense collective et d'assistance mutuelle » dans un proche avenir.
2. Le Nigeria n'accordera des licences minières qu'aux compagnies qui transforment localement leur production
Alors que la valeur de l’ensemble des minéraux solides présents dans le sous-sol nigérian est estimée à 700 milliards de dollars, le secteur ne représente que 0,45% du PIB du pays dont l’économie reste largement dépendante des cours du brut sur le marché international. Le Nigeria n'accordera de nouveaux permis d'exploitation minière qu'aux compagnies qui présenteront un plan de transformation locale des minerais, conformément à de nouvelles lignes directrices en cours d'élaboration, a annoncé le porte-parole du ministre nigérian du Développement des minéraux solides, Segun Tomori, le jeudi 28 mars 2024. « Le Nigeria offrira des incitations aux investisseurs, notamment des exonérations fiscales sur l'importation d'équipements miniers, facilitera l'obtention de licences de production d'électricité, autorisera le rapatriement total des bénéfices et renforcera la sécurité. En échange, nous devons examiner leurs projets d'installation d'une usine et la manière dont ils ajouteront de la valeur à l'économie nigériane », a-t-il déclaré, sans préciser les délais d’entrée en vigueur des nouvelles mesures. Selon des données officielles, le Nigeria héberge 44 minéraux solides dont l’or, le minerai de fer, le charbon, l’étain, le zinc, le nickel et le lithium. Ces minéraux sont répartis sur plus de 500 sites répertoriés. Certains d’entre eux existent en abondance dans le sous-sol. C’est notamment le cas du minerai de fer dont les réserves du pays sont évaluées à 2 milliards de tonnes. En outre, les ressources de charbon sont estimées à plusieurs milliards de tonnes, alors que des minéraux comme l’or et l’étain seraient également présentes en quantités importantes.
3. L’Axe de la Résistance du Sahel
par Pepe Escobar
Le Sahel africain se révolte contre le néocolonialisme occidental en éjectant les troupes et les bases étrangères, en concevant des monnaies alternatives et en défiant les anciennes multinationales. Après tout, la multipolarité ne peut fleurir sans que des résistances ne pavent son chemin. L’émergence d’Axes de Résistance dans diverses géographies est un sous-produit inextricable du long et sinueux processus qui nous mène vers un monde multipolaire. Ces deux choses – la résistance à l’hégémon et l’émergence de la multipolarité – sont absolument complémentaires. L’Axe de la Résistance au Moyen-Orient – à travers les États arabes et musulmans – a désormais pour sœur l’Axe de la Résistance qui couvre le Sahel en Afrique, d’ouest en est, du Sénégal, du Mali, du Burkina Faso et du Niger au Tchad, au Soudan et à l’Érythrée.
Contrairement au Niger, où le changement de pouvoir contre le néocolonialisme a été associé à un coup d’État militaire, au Sénégal, le changement de pouvoir vient directement des urnes.
Le Sénégal est entré dans une nouvelle ère avec la victoire écrasante de Bassirou Diomaye Faye, 44 ans, lors des élections nationales du 24 mars. Ancien inspecteur des impôts qui venait de passer quinze jours en prison, Bassirou Diomaye Faye a émergé avec le profil d’un leader panafricain outsider pour renverser la «démocratie la plus stable d’Afrique», dirigée par le président sortant Macky Sall, marionnette de la France.
Le futur président sénégalais rejoint Ibrahim Traore, 36 ans, au Burkina Faso, Aby Ahmed, 46 ans, en Éthiopie, Andry Rajoelina, 48 ans, à Madagascar, ainsi que la future superstar Julius Malema, 44 ans, en Afrique du Sud, en tant que membre de la nouvelle et jeune génération panafricaine axée sur la souveraineté. Dans son programme électoral, Faye s’est engagé à réclamer la souveraineté du Sénégal pas moins de dix-huit fois.
La géoéconomie est la clé de ces changements. Alors que le Sénégal devient un important producteur de pétrole et de gaz, Faye s’efforcera de renégocier les contrats miniers et énergétiques, notamment les plus importants conclus avec British Petroleum (BP) et l’exploitant britannique de mines d’or, Endeavor Mining.
Plus important encore, il prévoit d’abandonner le franc CFA – le système monétaire contrôlé par la France et utilisé dans 14 États africains – et même de créer une nouvelle monnaie dans le cadre de la refonte des relations avec la France, puissance néocoloniale et premier partenaire commercial du Sénégal. Faye, se faisant l’écho du camarade Xi Jinping, souhaite un partenariat «gagnant-gagnant».
Faye n’a pas encore dit clairement s’il avait l’intention de chasser les militaires français du Sénégal. Si cela devait se produire, le coup porté à Paris serait sans précédent, car le Petit Roi Emmanuel Macron, en difficulté, et l’establishment français considèrent le Sénégal comme un acteur clé lorsqu’il s’agit de bloquer le Niger, le Mali et le Burkina Faso, pays enclavés, qui ont déjà laissé Paris dans la poussière (du Sahel).
Ces trois derniers États, qui viennent de former l’Alliance des États du Sahel (AES), sont non seulement un cauchemar pour Paris après des humiliations en série, mais aussi un casse-tête pour les États-Unis, comme en témoigne la rupture spectaculaire de la coopération militaire entre Washington et Niamey, la capitale nigérienne.
Le coupable, selon l’État profond américain, est bien sûr le président russe Vladimir Poutine.
De toute évidence, personne dans le Beltway américain n’a prêté l’attention nécessaire à la rafale diplomatique Russie-Afrique depuis l’année dernière, impliquant tous les acteurs clés du Sahel jusqu’aux nouveaux membres africains des BRICS, l’Égypte et l’Éthiopie.
Alors qu’il considérait auparavant le Niger comme un allié solide au Sahel, Washington est aujourd’hui contraint de présenter un calendrier pour le retrait de ses troupes du Niger, après l’annulation d’un accord de coopération militaire. Le Pentagone ne peut plus être impliqué dans la formation militaire sur le territoire nigérien.