Les titres de la rédaction :
Les analyses de la rédaction :
1. Le Comité international olympique menace l’Afrique
Le Comité international olympique a accusé mardi la Russie de « politiser le sport » en lançant ses « Jeux de l’amitié » à partir de septembre prochain, une nouvelle compétition concurrente des Jeux olympiques qui prévoit aussi une édition hivernale.
Le CIO, qui autorise la participation d’athlètes russes aux prochains JO-2024 de Paris uniquement sous bannière neutre et à condition qu’ils n’aient pas soutenu l’opération militaire russe en Ukraine, demande au monde sportif et aux gouvernements invités par Moscou « de rejeter toute participation et tout soutien » à cet événement, indique-t-il dans une déclaration.
Cela dit, qui politise réellement le sport ?
Joint au téléphone par deux Russes pratiquant un canular, Thomas Bach, Président du Comité international olympique a cru parler à un « homme politique africain ». Il a appelé à empêcher la participation de sportifs du continent à cet événement. Selon lui, la France, en la personne d’Emmanuel Macron, et d’autres membres de l’UE soutiendront ce boycott.
Et d’affirmer que les participants « courent un grand risque », car Moscou n’aurait pas de système antidopage fiable, ce qui se répercuterait indirectement sur les Jeux africains, selon lui.
M. Bach a également assuré être prêt à contacter Bruxelles pour que celui-ci élabore une déclaration commune avec cet « homme politique africain ».
Le Comité international olympique a publié le 19 mars une déclaration contre la politisation du sport. Il y appelle tous les membres du Mouvement olympique et tous les gouvernements à refuser de participer aux Jeux de l’amitié, prévus en Russie du 15 au 29 septembre 2024.
2. RDC: où en est la déclaration de guerre de Tshisekedi au Rwanda ?
Face à la détérioration de la situation sécuritaire dans l’est de la République Démocratique du Congo, marquée par l’activisme des rebelles du M23 soutenus par Kigali, le président Félix Tshisekedi n’a pas exclu l’option de faire la guerre à son voisin le Rwanda, principal soutien de ce mouvement rebelle. Le premier des Congolais donne une fois de plus sa chance à l’option diplomatique pour tenter de régler la crise sécuritaire dans cette partie de la République Démocratique du Congo.
Félix Tshisekedi répondait à la question relative à sa déclaration faite pendant la campagne électorale, selon laquelle « à la moindre escarmouche » il déclarerait la guerre au Rwanda. « Oui, mais il y a eu depuis une intense activité diplomatique, pour ne pas dire des pressions sur la RDC pour laisser une chance à la paix. Je n’emprunte pas cette voie par faiblesse, mais avec l’espoir qu’elle aboutira à quelque chose. Les provocations de Paul Kagame, le président rwandais, sont nombreuses, sa manipulation et ses mauvaises intentions ne font aucun doute.
C’est la voie de la dernière chance, au-delà de laquelle nous répondrons aux escarmouches, parce que nous en avons les moyens, » a prévenu Félix Tshisekedi au cours d’une interview accordée au journal Le Monde paru samedi 30 mars 2024. Comme c’est le cas avec certaines personnalités politiques, Félix Tshisekedi juge également « insuffisante » l’implication de la communauté internationale dans la résolution de cette crise. Il affirme à juste titre que la Communauté internationale est complice du comportement du Rwanda.
« Je vais être très dur : c’est de la complicité. Quand on a accusé Kagame de piller les ressources de la RDC, il a affirmé lui-même que ces dernières prenaient la direction d’autres pays et qu’elles étaient transformées là-bas. Ces pays font donc du recel », a-t-il fait savoir.
À la question de savoir s’il pouvait les nommer, Félix Tshisekedi réplique : « J’ai juste retenu que le Rwanda n’était pas seul responsable des malheurs du Congo. » À lui de déplorer : « Savez-vous combien de sanctions il y a eu dans le cas de la Russie et de l’Ukraine ? Je ne sais même plus. À la mort de l’opposant russe Alexei Navalny, il y en a eu 500 prises aux États-Unis. Pour un individu. Au Congo, il y a eu 10 millions de morts. Combien de sanctions contre le Rwanda ? Zéro. Et quand Kagame vient en Europe, on lui déroule encore le tapis rouge ».
À la question de savoir comment comprendre l’absence de progrès des opérations militaires congolaises face à la progression du M23, épaulé par l’armée rwandaise, le Président Félix Tshisekedi tente de relativiser la situation en précisant que dans certains axes « l’ennemi » subit également des pertes énormes face aux Forces Armées de la République Démocratique du Congo.
« Il faut relativiser. C’est peut-être le cas sur certains axes, mais sur d’autres, nous les repoussons. Et ils ont compté beaucoup de morts dans leurs rangs. Mais cette guerre nous empêche de continuer les réformes de notre armée. Celle dont j’ai hérité était truffée de rebelles qui ont été intégrés après la signature d’accords pour résoudre les précédentes crises impliquant des groupes armés soutenus par le Rwanda. Cela explique les vraies difficultés que nous avons aujourd’hui. Nous devons séparer le bon grain de l’ivraie. Il y a des traîtres dans notre armée. Pas uniquement des rwandophones ; il y a aussi des Congolais d’autres expressions linguistiques. Nous nous battons aujourd’hui à la fois contre un ennemi visible, le Rwanda, et un invisible, ceux qui ont infiltré nos rangs », s’est-il justifié au cours de cette interview.
Au cours de la même interview, Félix Tshisekedi a précisé que les sociétés d’instructeurs ne combattent pas, mais elles sont là pour le renforcement des capacités des forces armées de la République.
« La différence, c’est que les mercenaires se battent et sont payés pour ça. Tandis que les sociétés d’instructeurs renforcent les capacités sur le terrain. Il leur arrive d’être sur le théâtre des opérations, mais ils ne se battent pas », a souligné Félix Tshisekedi.
Des voix continuent à s’élever pour dénoncer le silence complice de la Communauté internationale. Plusieurs manifestations ont même eu lieu dans le pays, et à Kinshasa autour des ambassades occidentales. Les Congolais veulent que la paix revienne définitivement dans l’est de la République démocratique du Congo.
3. Sénégal: des Panafricanistes au pouvoir
Le président du Sénégal, le panafricaniste Bassirou Diomaye Faye, élu sur la promesse de rupture avec le système en place, a prêté serment ce mardi après une ascension éclair, faisant face à des défis aussi considérables que les espoirs placés en lui.
Plusieurs chefs d’État, dont le Nigérian Bola Ahmed Tinubu, président en exercice de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), le Mauritanien Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, le Gambien Adama Barrow, le Guinéen Mamadi Doumbouya et le Bissau-Guinéen Umaro Sissoco Embalo sont annoncés. Le vice-président ivoirien Tiémoko Meyliet Koné, le Premier ministre rwandais Édouard Ngirente et le président de l’organe tenant lieu de Parlement au Mali, Malick Diaw, étaient également présents.
La passation de pouvoirs entre Macky Sall et Faye a eu lieu au palais présidentiel à Dakar.
Cette alternance par les urnes, la troisième dans l’histoire du Sénégal, marque la fin d’un bras de fer de trois ans entre M. Sall et le duo gagnant de la présidentielle du 24 mars : M. Faye et dorénavant Premier ministre du Sénégal, Ousmane Sonko.
Surnommé « Diomaye », M. Faye incarne une nouvelle génération de jeunes politiciens.
La promesse de la rupture, l’onction d’Ousmane Sonko et l’apparente humilité de cette personnalité l’ont conduit à une victoire éclatante au premier tour de la présidentielle avec 54,28% des voix, 10 jours seulement après sa libération de prison.
Le Sénégal va rester un allié « pour tout partenaire qui s’engagera, avec nous, dans une coopération vertueuse, respectueuse et mutuellement productive », a-t-il dit après son élection.
Ces dernières élections, marquées par une participation exceptionnelle, ont été le théâtre d’un changement systémique, les Sénégalais exprimant massivement leur désir d’une politique qui reflète davantage les valeurs africaines et l’unité continentale. Bassirou Diomaye Faye, connu pour ses idéaux en faveur de la cause panafricaine, a séduit l’électorat par sa promesse d’un changement systémique et de la reprise en main des ressources nationales pour le bénéfice du peuple sénégalais.
Ousmane Sonko, nommé Premier ministre le 2 avril 2024, est également un fervent défenseur du panafricanisme et a été un élément clé de la victoire présidentielle. Sonko et Faye partagent une vision commune pour un Sénégal souverain et prospère, capable de prendre sa place dans le concert des nations en tant que force motrice de l’unité et du développement africains.
Le panafricanisme, mouvement de la Résistance mondiale qui prône l’unité des peuples africains, est plus que jamais au cœur de la stratégie politique du nouveau gouvernement sénégalais. Le président Faye et le Premier ministre Sonko envisagent de renforcer la coopération régionale et continentale, de défendre les intérêts de l’Afrique sur la scène internationale et de stimuler une croissance économique inclusive, qui profite à toutes les couches de la société sénégalaise.
Leur programme, articulé autour des valeurs de justice sociale, d’équité et de solidarité, aspire également à un rééquilibrage des relations internationales en faveur des pays africains. En mettant l’accent sur une meilleure gestion des ressources naturelles et une plus grande autonomie économique, le président Faye et le Premier ministre Sonko souhaitent mettre fin à la dépendance vis-à-vis des puissances extérieures et consolider l’autodétermination du Sénégal et de l’Afrique.
En somme, la présidence de Bassirou Diomaye Faye et la primature d’Ousmane Sonko amorcent un chapitre résolument tourné vers l’avenir, où le Sénégal pourrait devenir un modèle pour le panafricanisme du 21e siècle, incarnant l’esprit d’unité, de solidarité et de progrès partagé qui a toujours animé le continent africain dans ses moments les plus aspirants.