Maître Gilles Devers, l'un des principaux juristes de la cause palestinienne devant la CIJ, est en Iran en tant qu'invité d'honneur de plusieurs conférences sur la question palestinienne. Press TV a eu le plaisir de pouvoir échanger quelques mots avec celui-ci.
Maître Gilles Devers est un enseignant-chercheur français spécialisé dans le droit international. Il a récemment constitué un réseau d'avocats pour défendre la cause palestinienne devant les institutions internationales, en particulier la Cour pénale internationale.
Si son travail de juriste a été abondamment commenté dans la presse depuis le conflit de Gaza, son travail n'a pas commencé le 7 octobre, car si la Palestine peut aujourd'hui être représentée devant une juridiction internationale, c'est grâce à un travail de longue haleine qui a permis à la Palestine d'être reconnue par les tribunaux en tant qu'État. Et dans ce travail de longue haleine, dont la jurisprudence internationale a été le principal outil, on retrouve cet avocat qui a décidé d'utiliser le droit pour des causes perdues.
Selon lui, son devoir d'avocat "est d'apprendre à maîtriser le droit international, à maîtriser les procédures internationales et à porter les affaires les plus compliquées devant les juges".
La Palestine a connu au moins quatre attaques militaires très sévères, et il n'y a pas eu de procédure pour les dénoncer légalement. Spécialiste de la question palestinienne, Maître Devers confirme que le conflit qui a débuté le 7 octobre est différent des autres.
"Je vois les rapports de l'administration de l'ONU et je me dis, mais ce n'est pas la même chose, on est passé à autre chose, il n'y a même plus l'idée d'attaquer des soldats, des résistants, c'est vraiment une attaque contre la population...".
L'ONU et l'UNWRA, ainsi que les réseaux sociaux, permettent rapidement au monde entier de savoir et de suivre ce qui se passe réellement à Gaza. Selon le Maître Devers, "Israël voudrait une guerre sans preuve, c'est pourquoi il attaque l'ONU". Il a souligné l'importance des vidéos et des témoignages, affirmant qu'"il ne peut y avoir de jugement sans preuve" et que c'est ainsi que lui et son groupe d'avocats peuvent défendre les Palestiniens de Gaza et de Cisjordanie.
Lorsque M. Devers a parlé de la capacité de la Cour à statuer en faveur des Palestiniens et de ses limites, il a souligné l'importance de travailler ensemble.
"Si le procureur travaille seul, il n'arrivera à rien. Si le procureur se sent soutenu et contrôlé par des milliers, des centaines de milliers d'avocats à travers le monde, nous obtiendrons un résultat".
À l'heure où le monde est très critique à l'égard des institutions internationales et des limites de leur action, en raison de sa longue expérience des relations avec ces institutions, Maître Devers est plus optimiste et rappelle que "dans le monde, un État n'a pas d'avenir s'il ne respecte pas les décisions de la Cour internationale de justice, sinon vous devenez un voyou international".
Des mandats d'arrêt ont déjà été émis par la Cour, mais le seront-ils cette fois à l'encontre d'un pays allié des pays impérialistes occidentaux et responsable de plusieurs colonisations ?