Le ministère israélien des Affaires étrangères a publié jeudi une directive demandant à ses ambassades à travers le monde de faire pression sur les pays hôtes pour qu'ils qualifient de « sans fondement » les accusations portées par l'Afrique du Sud contre le régime devant la Cour internationale de Justice (CIJ).
« Efforcez-vous d'éviter d'être condamné à La Haye » ; ce texte est l'ordre donné jeudi par le ministère des Affaires étrangères du régime sioniste aux ambassades d’Israël à travers le monde de faire pression sur les diplomates et les hauts responsables politiques des pays hôtes pour qu'ils publient des déclarations contre la plainte de l'Afrique du Sud devant la Cour internationale de Justice ; une plainte qui accuse Israël de génocide en raison du massacre de 22 722 Palestiniens jusqu'à aujourd'hui (92e jour de la guerre de Gaza).
Selon l'analyse du site d'information Axios, ledit texte montre qu’avant les audiences des 11 et 12 janvier à la Cour internationale de Justice, Israël vise à « faire pression sur la Cour pour ne pas rendre un verdict qui pourrait l'obliger à suspendre ses opérations à Gaza ».
L'Afrique du Sud, qui a porté plainte la semaine dernière, affirme que les opérations d'Israël à Gaza constituent un génocide car elles visent à éliminer la population palestinienne de l’enclave, et comme première issue, elle a demandé l'arrêt des opérations israéliennes pendant que l'affaire est en cours.
Israël est signataire de la Convention sur le génocide, adoptée par l'Assemblée générale des Nations Unies en 1948, et est donc soumis à la juridiction de la Cour internationale de Justice, un organe des Nations Unies, et à ses décisions.
Dans le message susmentionné adressé à ses ambassades, le ministère israélien des Affaires étrangères a déclaré que l'objectif stratégique de Tel-Aviv est d'empêcher la délivrance d'un verdict, d'empêcher la reconnaissance du génocide à Gaza et de faire reconnaître que les opérations dans la bande de Gaza sont menées conformément au droit international. Dans ce message, il est indiqué que parallèlement à ces efforts, le Premier ministre du régime, Benjamin Netanyahu, enverra également des lettres à des dizaines de dirigeants mondiaux.
Le verdict prononcé contre Israël par la Cour internationale de Justice peut avoir des conséquences potentiellement significatives non seulement dans le domaine juridique, mais aussi dans les relations bilatérales, multilatérales, économiques et sécuritaires de ce régime. Dans une telle conjoncture, Israël s’efforce de gagner ce procès.
Anne Herzberg, conseillère juridique de NGO Monitor, une ONG conservatrice pro-israélienne basée à Qods occupée, estime que « la nature de la procédure engagée par l'Afrique du Sud contre Israël est absurde ».
En allusion à l'opération Tempête d’Al-Aqsa de la Résistance palestinienne, elle a prétendu : « Le massacre du Hamas du 7 octobre est réduit à deux paragraphes aseptisés dans le résumé de la plainte de l’Afrique du Sud, qui compte 84 pages. »
Mais l'expert en droit international Francis Boyle a déclaré : « Sur la base de mon examen attentif des documents fournis par l'Afrique du Sud, elle peut obtenir l'ordre d'arrêter tous les actes de génocide contre les Palestiniens, et puis, selon l’article 1 de la Convention sur le génocide, tous les 153 pays engagés sont tenus d’empêcher ce génocide. »
La nouvelle Coalition internationale formée pour mettre fin au génocide en Palestine avec la participation de plus de 100 groupes de défense des droits de l'homme dans le monde estime que la pression collective de différents pays peut constituer un tournant majeur pour la Palestine devant la Cour internationale de Justice. Selon cette coalition, « la Cour doit résister à l'intense pression politique des Etats-Unis ».