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Zoom Afrique du 7 décembre 2023

Zoom Afrique du 7 décembre 2023

Les titres de la rédaction :

  • L’Algérie et la Russie organiseront de nouvelles manœuvres navales conjointes en Méditerranée occidentale
  • Tanzanie : Mirae Green Chemical achève la construction d’une usine de transformation d’anacarde de 5 millions $
  • Côte d’Ivoire : Diakité Cocoa Products entame la phase d’équipement de son usine de transformation de cacao à Divo
  • L’Égypte envisage d’investir 2,3 milliards USD dans de nouveaux projets ferroviaires

Les analyses de la rédaction :

1. Les médias occidentaux nuisent à l'Afrique 

Loin d’être impartiaux et objectifs, les médias occidentaux véhiculent une vision noire de l’Afrique, pour faire croire aux pays du continent qu’ils ont besoin de l’Occident, explique le journaliste burkinabé Sylvestre Ilboudo. 

L’information dévoyée. Les médias occidentaux ne traitent pas les réalités factuelles de l’Afrique, mais sont des "instruments de manipulation et de diversion" à l’endroit des peuples africains, a déclaré Sylvestre Ilboudo, rédacteur en chef d'Actuel Média Burkina. 

"Les médias occidentaux ont une lecture étriquée de la situation en Afrique. Ils font croire aux gens que ça ne va pas, que sans les pays occidentaux les Africains ne s’en sortiront pas, que les Africains ne savent pas s'organiser, ils font croire que nos pays ne sont pas à la hauteur des attentes de la population", affirme-t-il ainsi. 

En cherchant à imposer cette vision biaisée et pro-occidentale, les médias occidentaux travaillent eux-mêmes contre la démocratie, ajoute le journaliste. 

"Il est souhaitable de chasser tous ces médias occidentaux dont le travail en réalité n'est pas de donner de l'information telle qu’elle. On ne va pas les blâmer tous, mais ils ne sont pas là pour aider à l'enrichissement de la démocratie, ils travaillent tout simplement à imposer une civilisation qui est la civilisation occidentale", explique Sylvestre Ilboudo. 

La situation est encore plus délicate lorsque les médias occidentaux entravent la lutte contre le terrorisme menée aujourd’hui par certains États africains. Ce 2 décembre, le Burkina s’est même vu forcé de suspendre le quotidien français Le Monde pour un "article tendancieux" sur l’attaque terroriste sur Djibo. 

Une sanction logique puisque le journal français a "choisi son camp" et que le gouvernement burkinabé peut difficilement tolérer un appui médiatique à ceux "qui ont choisi de détruire l’État", souligne Sylvestre Ilboudo. 

"La suspension du Monde n'est pas étonnante. C’est une suite logique pour tous ces médias occidentaux qui travaillent à saper le travail que les forces armées sont sur le terrain. Le gouvernement devait prendre ses responsabilités et suspendre ceux qui ne sont pas prêts à accompagner pour que la situation s'améliore", déclare-t-il ainsi. 

Il est d’ailleurs ironique que la France demande de lever les suspensions contre ces médias en Afrique, alors qu’elle censure de son côté des médias russes, comme Sputnik ou RT, fait encore remarquer le journaliste. 

2. Dissolution du G5 Sahel ! 

C’est le Mali qui a donné le ton. En mai 2022, le gouvernement de transition avait décidé de se retirer de tous les organes et instances du G5 Sahel, y compris la Force conjointe. Il accusait aussi l’organisation de perdre son autonomie. Un an plus tard, précisément en décembre 2023, « en toute souveraineté », le Burkina Faso et le Niger ont emboîté le pas au Mali. Ces deux États reprochaient au G5 Sahel d'être loin d'atteindre ses objectifs. 

« Pire, les ambitions légitimes de nos États, à faire de l’espace du G5 Sahel une zone de sécurité et de développement sont contrariées par des lourdeurs institutionnelles, des pesanteurs d’un autre âge qui achèvent de nous convaincre que la voie de l’indépendance et de la dignité sur laquelle nous sommes aujourd’hui engagés, est contraire à la participation au G5 Sahel dans sa forme actuelle », ont indiqué le Burkina Faso et le Niger dans un communiqué. 

Le G5 Sahel est dorénavant composé de la Mauritanie et du Tchad. Tout en prenant acte et respectant « la décision souveraine » du Burkina et du Mali, les deux pays entendent mettre « en œuvre toutes les mesures nécessaires conformément aux dispositions de la Convention portant création du G5 Sahel notamment en son article 20 » qui stipule que « le G5 Sahel peut être dissous à la demande d’au moins trois États membres » 

La Mauritanie et le Tchad « entendent poursuivre leurs efforts, avec tous les pays du Sahel, pour relever les défis auxquels la région est confrontée ». 

La Mauritanie et le Tchad ont ouvert la voie à une dissolution de l’alliance G5 Sahel créée en 2014 pour faire face au djihadisme et aux autres défis de la sous-région, après le retrait du Mali, du Burkina Faso et du Niger. 

Le président mauritanien Mouhamed Ould Cheikh el-Ghazouani et le président de la Transition au Tchad, Mahamat Idriss Déby Itno ont exprimé, mercredi, leur intention de mettre « en œuvre toutes les mesures nécessaires conformément aux dispositions de la Convention Portant Création du G5 Sahel notamment en son article 20 » portant sur la dissolution de l’organisation. Les deux chefs d’Etat s’exprimaient dans un communiqué conjoint émis mercredi par l’Agence mauritanienne d’information (Ami, officielle). 

« Les Gouvernements de la République Islamique de Mauritanie, pays assurant la Présidence en exercice du G5-Sahel et de la République du Tchad, membre de cette organisation (…), mettrons en œuvre toutes les mesures nécessaires conformément aux dispositions de la Convention Portant Création du G5 Sahel notamment en son article 20 », peut-on lire dans le communiqué. Ledit article 20 dispose : « Le G5 Sahel peut être dissout à la demande d’au moins trois Etats membres. La conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement prononce la dissolution à la majorité des Etats membres et arrête les modalités de dévolution des biens de l’organisation ». 

3. Niger-Russie: un partenariat qui éjecte l'UE 

Une délégation russe, conduite par le vice-ministre de la Défense, le colonel-général Yunus-Bek Yevkurov, a été reçue, à Niamey, par le président de la transition au Niger, le général Abdourahamane Tiani. Au même moment, Niamey a annoncé mettre fin à deux missions de sécurité et de défense de l’Union européenne (UE) dans le pays. 

Le gouvernement de transition au Niger a annoncé mettre fin à deux missions de sécurité et de défense de l’UE dans le pays, au moment où il accueille une délégation russe à Niamey. À l’issue de la rencontre avec cette délégation russe, les parties ont procédé à la signature d’un document d’entente dans le cadre du renforcement de la coopération militaire entre le Niger et la Russie, paraphé par le ministre d’État nigérien à la Défense, le général de corps d’armée, Salifou Mody, et le vice-ministre de la Défense de Russie, le colonel-général, Yunus-Bek Yevkurov. Il s’agit de la première visite officielle d’un membre du gouvernement russe au Niger depuis le coup de force qui a renversé le président Mohamed Bazoum. Le gouvernement de transition a annoncé dans un communiqué la dénonciation de l’accord de coopération militaire passé avec l’UE relatif au statut de la mission "Eucap Sahel Niger", acté depuis 2012.  

Le gouvernement nigérien a également déclaré le retrait du consentement accordé pour le déploiement d’une mission de partenariat militaire de l’UE nommée “EUMPM”. Cette mission a été lancée en février pour soi-disant soutenir le pays dans sa lutte contre les groupes armés terroristes. Le Niger est en proie à des violences terroristes dans l’Ouest et le Sud-Est du pays. Le gouvernement nigérien ajoute qu’il ” décide du retrait des privilèges et immunités accordées” dans le cadre de cette mission, sans précisions. En septembre dernier, le Conseil de l’Europe a prolongé le mandat de cette mission jusqu’en septembre 2024. La semaine dernière, les autorités militaires nigériennes ont abrogé une loi de 2015 concernant le trafic de migrants, adoptée dans le cadre d’un accord avec l’UE pour bloquer l’immigration des ressortissants africains vers l’Europe en passant par le Niger et certains pays du Maghreb. Depuis le coup de force du 26 juillet dernier contre le président Mohamed Bazoum, les relations entre le Niger et l’UE sont devenues tendues. L’UE refuse toujours de reconnaître les autorités militaires nigériennes et demande la libération du président déchu et son rétablissement. 

Le Niger s’est également rapproché du Burkina Faso et du Mali, partenaires comme lui de la Russie de l'Iran, de la Chine et également de la Turquie et dirigés par des gouvernements de transition. Après le Mali, le Niger et le Burkina ont annoncé leur départ de l’organisation G5 Sahel, dédiée à une prétendue lutte contre le terrorisme. De cinq, ils ne sont désormais plus que deux. Une décision qui a pris effet dès le 29 novembre, neuf ans après la création de l’organisation dont les membres restants sont la Mauritanie et le Tchad. Largement financée par l’Union européenne, cette force représentait aux yeux des partenaires internationaux du Sahel une porte de sortie dans une région en proie aux violences terroristes. Ces départs sont une nouvelle illustration du tournant souverainiste revendiqué par les trois pays qui ont signé en septembre un pacte de défense mutuelle, l’Alliance des États du Sahel, cimentant le partenariat entre leurs armées. Il marque aussi une nouvelle étape de la rupture avec les anciens partenaires occidentaux et notamment la France. Pour Niagale Bagayoko, les départs successifs du Mali puis du Burkina Faso et du Niger du G5 Sahel étaient prévisibles et ne font que confirmer “la mort cérébrale de l’organisation“. 

À la suite de la France dont les troupes ont été invitées à achever leur retrait du Niger d’ici à la fin de l’année 2023, l’Union européenne (UE) s’est vu notifier, le 4 décembre dernier, la fin de son partenariat militaire avec le Niger. L'ex-président a été renversé par un coup de force mené par sa garde rapprochée, le 26 juillet dernier à Niamey. Joignant l’acte à la parole, les nouvelles autorités du Niger ont donné un délai de six mois à la force européenne pour quitter le pays.  

Il appartient donc à l’UE et à la France de changer leur fusil d’épaule dans leurs rapports avec les pays africains frappés par le terrorisme, dans un contexte où seuls comptent, aux yeux des populations qui souffrent le martyre de ces attaques lâches et barbares, les résultats dans la lutte contre le fléau du terrorisme. Et dans la recherche de nouveaux alliés, c’est à celui qui offrira les meilleures garanties de collaboration aux yeux des Africains. C’est le jeu des intérêts, et l’Afrique semble aussi s'imposer dans un monde multipolaire. 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV