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Zoom Afrique du 30 novembre 2023

Zoom Afrique du 30 novembre 2023

Les titres de la rédaction :

  • Nigeria : le gouvernement annonce la remise à niveau des routes critiques dès le 1er décembre
  • Sénégal : 121 des 158 bus déjà réceptionnés pour le BRT de Dakar
  • 12 pays africains figurent parmi les 20 champions du monde de la croissance économique en 2024
  • Le Maroc se dote d’un navire de recherche scientifique de 3,4 millions $ pour la gestion durable de la pêche

Les analyses de la rédaction :

1. Guterres déclare que l’Afrique est victime d’une double injustice 

Les efforts des populations en Afrique pour pousser l’ONU hors du continent portent leurs fruits. La panique se fait ressentir au sein de l’organisation. 

Pour António Guterres, le continent africain est victime d’une injustice historique liée au colonialisme et à l’esclavage, et d’une deuxième injustice, plus actuelle, liée à l’architecture des relations internationales. 

Le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a déclaré que l’Afrique était « ’victime d’une double injustice »’ dans le monde, exprimant sa volonté de consolider la coopération avec l’Union africaine dans toutes les activités conjointes. 

C’est ce qui ressort d’un point de presse conjoint du patron de l’ONU, António Guterres, et du président de la Commission de l’Union africaine (UA), Moussa Faki Mahamat, à New York, à l’issue de la 7e session du dialogue de haut niveau entre l’UA et les Nations Unies. 

Une déclaration étonnante venant de la part d’une organisation qui n’a jamais pris en compte la voix de l’Afrique. Il est important de rappeler que ces déclarations interviennent suite aux nombreuses manifestations en Afrique demandant le départ des forces de l’ONU du continent. 

2. Mali : après la reprise de Kidal, l’AES passe à la vitesse supérieure 

Depuis deux semaines, l’on célèbre la reprise de la ville de Kidal des mains des groupes armés terroristes. Oui, ce fut une prouesse, un défi ou même un affront que les forces armées maliennes, sous les ordres de l’autorité militaire, ont pu laver en évitant au Mali l’humiliation. Cela, après que les autorités de la transition ont changé de vision et de politique internationale du pays, tout en décidant du départ de toutes les forces étrangères présentes dans le pays depuis plus d’une décennie, sans réaliser les moindres résultats attendus par le peuple. 

Oui, l’armée malienne a réussi là où les forces de 85 pays, dont la France et des pays, sous la coupole de la CEDEAO et de l’ONU, ont lamentablement échoué. Oui, en moins de trois ans, Assimi est en train de relever un défi sécuritaire qu’un président démocratiquement élu n’a pas pu pendant cinq ans. 

Mais au-delà de cette insécurité dont nul ne peut estimer le temps que ça prendra, il y a d’autres défis énormes auxquels les autorités de la transition doivent aussi s’attaquer. Il s’agit surtout du défi économique, dont le secteur est devenu quasiment le plus affecté, alors qu’elle constitue le poumon du développement. 

Et la réunion des ministres des Affaires étrangères et de la Coopération internationale de l’Alliance des États du Sahel (AES) qui s’est ouverte, le mardi 28 novembre 2023, dans la capitale malienne, Bamako, est très bien tombée.  

Par-delà le renforcement de l’unité des trois aux destins similaires, ladite rencontre de deux jours aura permis d’évaluer les forces, faiblesses, opportunités, menaces et potentialités économiques majeures de l’alliance des États du Sahel. Le conclave a également été l’occasion « d’identifier les contraintes et difficultés économiques majeures et d’envisager des solutions aux entraves à la libre circulation, à la sécurisation des biens et personnes à l’intérieur de l’AES ». Les deux jours de travail ont été par ailleurs sanctionnés par une série de recommandations en rapport avec les échanges commerciaux, la libre circulation des personnes et des biens, ainsi qu’à la sécurité alimentaire et énergétique en plus de concerner la transformation industrielle, les potentialités et perspectives de l’Alliance. Pour ce faire, les conclusions ouvrent la voie à l’accélération du processus de mise en place de l’architecture juridico-institutionnelle et des mécanismes de financement des instances de l’AES et de renforcement de fluidité des corridors d’approvisionnement en luttant notamment contre les pratiques anormales et les tracasseries dans l’espace commun. 

Les trois délégations se sont également accordées sur la mise en œuvre de projets et programmes énergétiques, agricoles, hydrauliques, de réseaux de transport (routier, aérien, ferroviaire et fluvial) dans les États de l’AES dont la création d’une compagnie aérienne commune, le développement d’aménagements hydro-agricoles d’intérêt commun pour booster la production agricole (bassins agricoles notamment ceux du fleuve Sourou, plaine de l’office Niger, bassin du lac Tchad, etc.) sans compter la construction et le renforcement des projets d’infrastructures (barrages, pistes rurales, routes, périmètres pastoraux, parc de vaccination des animaux, etc.). Sur l’insécurité alimentaire, les trois ministres ont formulé la mise en place d’un dispositif commun aux trois États de l’AES à travers des organes dédiés (stocks de sécurité alimentaire, Systèmes d’alerte précoce, observatoires des marchés agricoles). 

En donnant ainsi un coup d’accélérateur pour rendre l’AES opérationnelle, les ministres des Affaires étrangères des trois pays projettent une autre réunion, ce 30 novembre, pour se pencher sur les questions politiques et diplomatiques en prélude à une future rencontre des ministres de la Défense des trois pays. 

3. Le Niger porte un grand coup à l’UE 

Dans le contexte de tensions politiques croissantes, le Niger a pris une décision surprenante en réaction à la position de l’Union européenne suite au coup de force du 26 juillet 2023. Le parlement européen avait fermement condamné cet acte, demandant la libération immédiate du président déchu Mohamed Bazoum et appelant à son rétablissement. 

En réponse, le Niger, sous la direction du général Abdourahmane Tchiani, a révoqué une loi de 2015 qui criminalisait le trafic de migrants, une mesure initialement mise en place par l’Union européenne. L’abrogation de cette loi symbolise une riposte politique directe du Niger aux ingérences de l’UE. 

L’abrogation semble être une réaction directe aux positions des 27 pays de l’UE contre le coup de force de juillet, et un rejet des sanctions imposées par la Communauté des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Elle représente un mécontentement flagrant du Niger face aux ingérences européennes. 

Pour rappel, le Parlement européen ne s’est pas limité à des déclarations, mais a également encouragé le Conseil européen à appliquer des sanctions contre les nouveaux dirigeants du Niger. L’UE, en suspendant une partie substantielle de sa coopération avec le Niger et en soutenant la France, démontre une solidarité renforcée face aux changements politiques dans la région. 

Cette série d’événements souligne le levier que possède le Niger sur l’UE malgré sa position, notamment en matière de migration et de relations diplomatiques. Le Niger, en abrogeant une loi clé soutenue par l’UE, envoie un message clair sur l’impact des actions politiques dans un contexte globalisé. 

Cette loi, adoptée en mai 2015, criminalisant la migration avait été initiée avec le concours de l’Union européenne qui espérait ainsi voir bloquer les migrants subsahariens loin de ses portes. Du reste, on se rappelle que ladite loi avait été décriée par la population et les organisations de la société civile qui estimaient que les activités liées à la migration contribuaient énormément à l’économie, notamment dans la région d’Agadez. Cela dit, en annulant la loi sur le trafic illicite des migrants, le président Tiani et son gouvernement augmentent leur capital de sympathie auprès de leurs compatriotes qui n’en demandaient pas plus. Et dans le même temps, ils taclent l’UE que l’on sait très préoccupée par la migration irrégulière. Que va-t-il se passer maintenant ? Les dirigeants européens vont-ils négocier avec le nouveau gouvernement nigérien qui est conscient qu’il a touché à un point très sensible ? On attend de voir. Mais quand on sait que le combat contre la migration clandestine fait partie des priorités de l’UE, il n’est pas exclu que celle-ci, prenant toute la mesure de la situation, accepte d’aller à un compromis avec Niamey, en allégeant par exemple, les sanctions prises contre le Niger depuis le coup de force du 26 juillet dernier. Certes, l’UE a voulu soutenir la France bec et ongle et mettre la pression sur le gouvernement et le peuple nigériens, mais on assiste de plus en plus à un renversement de la situation.  

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SOURCE: FRENCH PRESS TV