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Tunisie : le chef de l'opposition Ghannouchi entame une grève de la faim derrière les barreaux

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le chef du parti Ennahda, Rached Ghannouchi, fait un signe à son arrivée à l'unité antiterroriste à Tunis, Tunisie, le mardi 19 juillet 2022. ©AP

Le chef de l’opposition tunisienne Rached Ghannouchi a entamé une grève de la faim de trois jours en signe de protestation contre sa détention et en solidarité avec les autres « prisonniers politiques ».

Ghannouchi, 82 ans, a été arrêté le 17 avril, lorsque la police tunisienne a perquisitionné et fouillé sa maison dans la capitale Tunis avant de l'emmener. L’arrestation a eu lieu après qu’il a averti que l’élimination de différents points de vue tels que la gauche ou l’islam politique pourrait conduire à une « guerre civile » dans ce pays d’Afrique du Nord.

Depuis début février, les autorités de ce pays d'Afrique du Nord ont arrêté plus de 20 opposants au président sortant Kais Saïed, parmi lesquels des hommes politiques, d'anciens ministres, des hommes d'affaires, des syndicalistes et le propriétaire de la station de radio la plus populaire de Tunisie, Mosaïque FM.

En mai dernier, Ghannouchi, qui était président du Parlement tunisien avant que Saïed ne le dissolve en mars de l'année dernière, a été condamné à une peine d'un an de prison pour des accusations liées au terrorisme, ce qu'il nie fermement.

Ghannouchi, co-fondateur du parti Ennahda et le plus éminent critique de Saïed, a entamé vendredi sa grève de la faim de trois jours, s'engageant à ne pas manger tant que les restrictions qui lui sont imposées, ainsi qu'à d'autres prisonniers, n'auront pas été levées.

Il a révélé son intention la veille par l’intermédiaire de son conseiller Riad al-Shuaibi, qui a déclaré que la grève de la faim de Ghannouchi serait « continue » jusqu’à ce que « tous les griefs et restrictions imposés à lui et aux autres détenus politiques soient levés ».

Par ailleurs, Imed Khemiri, porte-parole d'Ennahda, a expliqué la position du parti, affirmant que Ghannouchi « a décidé d'entamer une grève de la faim de trois jours pour dénoncer les poursuites arbitraires et infondées contre l'opposition ».

Le parti Ennahda, qui se définit comme un parti politique islamique démocrate et l’un des partis les plus importants en Tunisie, a dénoncé la condamnation de Ghannouchi en mai comme un « verdict politique injuste ».

Cette condamnation marque l’escalade la plus médiatisée d’une répression autoritaire en cours depuis l’entrée en fonction de Saïed en octobre 2019.

En août, des centaines de personnalités influentes du monde arabe et musulman ont appelé l’administration Saïed et le pouvoir judiciaire à libérer rapidement Ghannouchi et d’autres détenus politiques en Tunisie.

Dans leur lettre ouverte, les signataires ont souligné que l’arrestation de Ghannouchi s’inscrit dans le cadre d’une « répression généralisée » de la dissidence qui s’est intensifiée depuis février.

Saïed, 65 ans, affirme que les personnes arrêtées sont des « terroristes » impliqués dans un « complot contre la sécurité de l’État ». Des groupes de défense des droits locaux et internationaux ont critiqué ces arrestations. « Libérez Ghannouchi », une campagne en ligne appelant à la libération du leader de l'opposition, a également publié vendredi un communiqué tenant Saïed « entièrement responsable des conséquences de la grève sur la santé de... Ghannouchi ».

« Entamer une grève de la faim au nom de la liberté et de la dignité de tous les prisonniers politiques n'est pas une nouveauté pour Rached Ghannouchi, qui a passé plus de quatre décennies à lutter pour la liberté, la justice et d'autres nobles valeurs humaines », ajoute le communiqué.

Saïed, ancien professeur de droit constitutionnel, a lancé une prise de pouvoir massive en juillet 2021 en limogeant le gouvernement et en gelant le Parlement du pays, connu sous le nom d'Assemblée des représentants du peuple. Il s'est ensuite donné le pouvoir de gouverner et de légiférer par décret et a pris le contrôle du pouvoir judiciaire, ce que ses rivaux considéraient comme un nouveau coup porté à la démocratie.

Le parti Ennahda était la faction la plus importante au Parlement tunisien avant que Saïed ne ferme la chambre.

Le président tunisien insiste sur le fait que ses mesures visent à sauver le pays d'une guerre civile. Les critiques l’ont cependant accusé d’avoir orchestré un coup d’État.

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV