Le chef de la junte burkinabè, Ibrahim Traoré, a déclaré vendredi qu'il n'y aura pas d'élections tant que le pays ne sera pas suffisamment sûr pour que tout le monde puisse voter. Le gouvernement militaire qui a pris le pouvoir lors d’un coup d’État l’année dernière s’est engagé à organiser un vote pour restaurer le régime civil en 2024.
Les élections au Burkina Faso ne sont pas « une priorité » contrairement à la « sécurité », dans ce pays miné par les violences terroristes, a affirmé le capitaine Ibrahim Traoré, à la télévision nationale.
Le capitaine a également annoncé une « modification partielle » de la Constitution, un texte qui reflète selon lui « l’avis d’une poignée de personnes éclairées », au détriment d’une « masse populaire ». Les élections, « ce n’est pas une priorité, ça, je vous le dis clairement, c’est la sécurité qui est la priorité », dans ce pays miné par les violences terroristes, a répondu Ibrahim Traoré aux journalistes qui l’interviewaient vendredi soir 29 septembre à la Radio télévision burkinabè (RTB).
Les médias évoquaient des élections théoriquement prévues en juillet 2024. Si les élections ne constituent pas « une priorité », Ibrahim Traoré a néanmoins ajouté que « notre pari tient toujours » pour organiser un scrutin, sans préciser de date. À la tête du Burkina Faso depuis le 30 septembre 2022, il a rappelé avoir déclaré « le premier jour » de sa prise de pouvoir vouloir « faire le minimum de temps possible dans cette lutte ».
« Il n’y aura pas d’élection qui va se concentrer uniquement à Ouagadougou et à Bobo-Dioulasso et dans quelques villes autour, il faut que tous les Burkinabés choisissent leur président », a-t-il affirmé, évoquant les deux villes épargnées par les attaques terroristes fréquentes. À propos d’un changement éventuel de la loi fondamentale burkinabè, Ibrahim Traoré a estimé que « les textes actuels ne nous permettent pas de pouvoir évoluer sereinement ».
« On va toucher à un volet » et faire une « modification partielle » de la Constitution, a-t-il dit, déplorant que le texte ne reflète selon lui que « l’avis d’une poignée de personnes éclairées », au détriment d’une « masse populaire ». Plusieurs milliers de personnes ont manifesté vendredi à Ouagadougou et dans d’autres villes du pays en soutien à la junte, appelant à l’adoption d’une nouvelle Constitution.
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Depuis 2015, des violences terroristes récurrentes ont fait au seul Burkina Faso plus de 17.000 morts et plus de deux millions de déplacés internes. « Nous sommes en guerre », a déclaré Ibrahim Traoré. Le président de transition, qui mise sur le recrutement massif de supplétifs civils de l’armée, les Volontaires pour la défense de la Patrie (VDP), a assuré de leur « bonne collaboration » avec les soldats.
Représentant des dizaines de milliers de personnes, les VDP, qui paient un lourd tribut lors des attaques terroristes, « sont peut-être plus nombreux que l’armée », a précisé Ibrahim Traoré. Il a par ailleurs blâmé « certains acteurs » qui n’aident pas à renforcer les équipements de l’armée. « On refuse de nous vendre du matériel », a-t-il déploré, ajoutant que « la plupart de nos équipements sont russes » et qu’il n’y a « pas beaucoup » d’« équipements français ».
« Nous soutenons l’armée du Niger », menacé d’une intervention armée par des États ouest-africains depuis un coup d’État, « pour protéger sa population », a indiqué le capitaine Traoré. Après des suspensions sine die et temporaires de médias français et d’une radio burkinabè, le capitaine Traoré a affirmé que « les libertés individuelles ne doivent pas primer sur les libertés collectives ». « Soit vous êtes avec la patrie, soit vous êtes contre la patrie », a-t-il ajouté.
Depuis qu’il a obtenu le départ des soldats français de son sol en février, le Burkina Faso s’est cherché de nouveaux alliés. Le pays s’est notamment rapproché de la Russie, qui « n’a jamais colonisé un seul pays », a affirmé Ibrahim Traoré. Le Burkina Faso a fait alliance avec le Mali et le Niger, deux pays dirigés par des juntes militaires, avec qui il a créé l’Alliance des États du Sahel (AES), une coopération de défense.