Les violents troubles qui ont suivi une opération policière meurtrière ont mis le président français, Emmanuel Macron, dans une situation difficile. Aujourd’hui, le calme est revenu, mais l’ambitieux président est toujours dans une situation difficile sur le plan intérieur.
Dans une récente analyse publiée sur le site du journal allemand Hamburger Abendblatt, Michael Evers, commentateur de l’Agence de Presse Allemande (DPA) a évoqué le meurtre d’un adolescent de 17 ans, Nahel Merzouk, par un policier le 27 juin 2023. L’événement tragique a secoué la France pendant des semaines. L’adolescent est décédé lors d’un contrôle routier en banlieue parisienne. Les protestations se sont alors propagées en France comme une traînée de poudre.
Une présence policière massive a réprimé les nuits violentes, qui ont également mis le président Emmanuel Macron dans une situation dangereuse. Trois mois après les troubles, d’autres problèmes de politique intérieure mettent le chef de l’État sous pression. Le camp présidentiel attend avec impatience le résultat de l'élection partielle du Sénat, la chambre haute française ce dimanche 24 septembre.
Les opérations policières meurtrières se poursuivent
Le commentateur allemand souligne que les troubles ont éclipsé d’autres problèmes pendant des semaines. Le président Macron a annulé une visite d’État en Allemagne. Pendant une courte période, la menace potentielle pour la stabilité du pays a été aussi grande que celle des manifestations des Gilets jaunes qui ont éclaté en 2018. Les compagnies d'assurance ont désormais quantifié les dégâts causés par les nuits de troubles, notamment les pillages et les incendies, et des protestataires ont été condamnés.
Ce n’est qu'au début du mois qu’une opération au cours de laquelle un motocycliste de 16 ans a trouvé la mort a montré qu’il y avait encore des opérations de police meurtrières contre de jeunes suspects et que le risque de nouvelles protestations n'était en aucun cas écarté. Le président Macron, désormais à l’épreuve de la crise, peut au moins considérer comme un succès le fait qu’il n’y ait pas eu de révolte des banlieues plus durable comme en 2005, comme certains l’avaient craint en juin.
Ce calme ne change rien à la situation de fond qui freine le chef de l’Etat et ses ambitions réformatrices dans son second mandat. L’homme politique centriste ne dispose plus d’une majorité claire au Parlement depuis les élections d’il y a plus d’un an. Toutes les tentatives de Macron personnellement et de la Première ministre Élisabeth Borne de nouer des alliances -notamment avec les Républicains conservateurs- n’ont abouti à rien. La réforme des retraites, qui a été adoptée au Parlement au printemps sans vote malgré une forte résistance, a révélé la position de faiblesse du président, selon Michael Evers.
Des dépenses élevées vous obligent à épargner
La nouvelle année parlementaire ne sera probablement pas plus facile pour Macron : tout dans les discussions budgétaires laisse présager une prochaine confrontation entre le camp présidentiel et l’opposition. Les dépenses élevées pendant la pandémie et la crise énergétique obligent les gens à épargner. Il est probable que le gouvernement français fasse à nouveau passer son projet de budget sans vote, en utilisant un paragraphe spécial. De vives critiques seront déjà inévitables.
Les discussions ardues sur une modification de la loi sur les migrations, qui ont déjà été reportées à plusieurs reprises, risquent d’être encore plus difficiles. Les fronts entre le gouvernement et l’opposition se sont durcis. D’un côté, le camp de Macron veut faciliter l’expulsion des demandeurs d’asile. En revanche, les migrants irréguliers qui travaillent sans en avoir le droit devraient pouvoir obtenir plus facilement un permis de séjour.
Ce faisant, Emmanuel Macron offense les deux pôles de l’opposition : la gauche est opposée à une politique plus stricte, les conservateurs et la droite ne veulent pas entendre parler de concessions aux immigrés irréguliers. Le projet pourrait conduire à un vote de censure à l’égard du gouvernement avec une issue incertaine.
Le camp de Macron n’aura probablement aucun gain
Toutefois, les pronostics seront beaucoup plus clairs si une partie du Sénat est réélue dimanche. Des dizaines de milliers d’hommes politiques locaux et régionaux élisent ensuite environ la moitié des 348 sénateurs au scrutin indirect.
La majorité du Sénat est actuellement aux mains de conservateurs, mieux ancrés dans les régions françaises que le mouvement politique naissant du président Macron. Selon Michael Evers, on s’attend à ce que cela reste ainsi. Le camp Macron ne peut guère espérer de gains. L’accent est davantage mis sur les sièges individuels que les politiciens du camp de gauche ou d’extrême droite espèrent conquérir sans que cela change beaucoup la situation d’Emmanuel Macron.