À la rentrée, 298 élèves se sont présentées dans les établissements scolaires vêtues d’abaya, explique le ministre français de l’Éducation nationale en précisant que 67 d'entre elles ont néanmoins refusé de l’enlever malgré les exigences des responsables.
« Non à la politique islamophobe du gouvernement. » En France, des enseignants et membres du personnel du lycée Maurice-Utrillo de Stains (Seine-Saint-Denis) organisent la grève et un rassemblement devant l’établissement ce mercredi 6 septembre à midi pour protester contre l’interdiction du port de l’abaya à l’école.
« Nous n’avons pas à faire la police du vêtement », peut-on lire dans un tract de « bienvenue » distribué à la rentrée et partagé sur les réseaux sociaux. « Nous refusons de stigmatiser les élèves qui portent une abaya ou un qamis. »
Les enseignants estiment que « la polémique lancée par le gouvernement sur les abayas et sur les qamis cherche à cacher les attaques qui sont faites contre le système public d'éducation, en particulier la baisse drastique de moyens », a apporté le journal Le Figaro sur son site Web.
Au lendemain de la rentrée scolaire, le ministre français de l’Éducation nationale, Gabriel Attal, a fait le bilan de l’application de l’interdiction de l’abaya dans les écoles, décidée par le gouvernement. Ce lundi, « 298 personnes » se sont présentées dans les établissements scolaires vêtues de cette longue robe traditionnelle, explique le ministre français de l’Éducation nationale sur BFMTV. Il a précisé que 67 élèves ont néanmoins refusé d’enlever l’abaya malgré les exigences des responsables. Conformément aux nouvelles règles en vigueur, « elles sont rentrées chez elles », explique Gabriel Attal.
Après l’interdiction du port de l’abaya et du qamis à l’école, de nombreuses personnalités politiques ont critiqué la décision du gouvernement Macron. Cette décision a été vivement critiquée par La France insoumise (LFI). Le leader du parti, Jean-Luc Mélenchon l’a qualifiée de « nouvelle absurde guerre de religion ».
« Tristesse de voir la rentrée scolaire politiquement polarisée par une nouvelle absurde guerre de religion entièrement artificielle à propos d'un habit féminin », a-t-il écrit sur X. « À quand la paix civile et la vraie laïcité qui unit au lieu d'exaspérer ? », a encore demandé Mélenchon.
Par ailleurs, le président français Emmanuel Macron a essayé de défendre la décision de son gouvernement en essayant de lier l’interdiction de l’abaya et du qamis au danger du terrorisme. Il a déclaré : « On ne peut pas faire comme s’il n'y avait pas eu d’attaque terroriste et l’assassinat de Samuel Paty dans notre pays. »
Samuel Paty était un professeur d’histoire-géographie, assassiné en 2020 après être sorti de son collège de Conflans-Sainte-Honorine (Île de France).
Plusieurs personnalités politiques ont réagi aux propos d’Emmanuel Macron. De nombreux élus de la Nouvelle Union populaire écologique et social (NUPES) y ont vu un amalgame entre le port de l’abaya et le terrorisme.
« Pour Emmanuel Macron, les jeunes filles qui portent l’abaya sont suspectes de vouloir décapiter leurs profs. Que cherche-t-il ? Provoquer les pires conflits ? », s'est par exemple insurgé le député insoumis Jérôme Legavre.
Ses collègues de LFI, Thomas Portes et Antoine Léaument ont quant à eux estimé que le chef de l’État reprenait les mots de l’extrême droite. « Aujourd’hui, le président de la République parle comme Le Pen et Zemmour », a écrit Antoine Léaument.
« Cet amalgame avec le terrorisme et Samuel Paty est une honte. La dérive est aussi inquiétante que dangereuse », a déploré le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, cherchant au passage à démontrer la contradiction entre ces propos de Macron et ceux de la Première ministre Elisabeth Borne qui prétend que « l’interdiction ne stigmatise personne ». Réactions similaires parmi les écologistes, résumé par un tweet de Sandrine Rousseau : « Nous sommes au cœur du sujet : l'amalgame ».
La députée LFI, Clémentine Autain, a réagi à l’interdiction du port de l’abaya et aux propos du président Macron en jugeant cette décision « anticonstitutionnelle, contraire aux principes fondateurs de la laïcité » et « symptomatique du rejet obsessionnel des musulmans ».