À peine un mois après le coup d’État au Niger, une autre tentative de putsch a eu lieu sur le continent africain. Cette fois-ci c’est au tour du Gabon où les militaires contestant le résultat des élections présidentielles ont annoncé ce mercredi 30 août « la fin du régime en place », l’annulation des élections et la fermeture des frontières du pays.
Gabon : Premières images de Libreville après l'annonce du changement de régime tôt ce matin. pic.twitter.com/FwBb8tVaBP
— Press TV Français (@PresstvFr) August 30, 2023
Un groupe d'une douzaine de militaires gabonais a annoncé mercredi, dans un communiqué lu sur la chaîne de télévision Gabon 24 abritée au sein de la présidence, l'annulation des élections et la dissolution de « toutes les institutions de la République ».
Après avoir constaté « une gouvernance irresponsable, imprévisible, qui se traduit par une dégradation continue de la cohésion sociale risquant de conduire le pays au chaos […] nous avons décidé de défendre la paix en mettant fin au régime en place », a déclaré un de ces militaires, disant s'exprimer au nom d'un « Comité de transition et de restauration des institutions ». « À cet effet, les élections générales du 26 août 2023 ainsi que les résultats tronqués sont annulés », a-t-il ajouté.
« Toutes les institutions de la République sont dissoutes, le gouvernement, le Sénat, l'Assemblée nationale, la Cour constitutionnelle. Nous appelons la population au calme et à la sérénité et nous réaffirmons notre attachement au respect des engagements du Gabon à l'égard de la communauté internationale », a-t-il poursuivi, annonçant aussi la fermeture des frontières du pays « jusqu'à nouvel ordre ».
Parmi ces militaires figuraient des membres de la Garde républicaine (GR), la garde prétorienne de la présidence reconnaissables à leurs bérets verts, ainsi que des soldats de l'armée régulière et des policiers.
La déclaration a ensuite également été diffusée sur la télévision publique Gabon 1ère. Pendant cette déclaration, des tirs d'armes automatiques à Libreville ont été entendus.
The people of 🇬🇦 Gabon are in the streets showing their support for the military coup pic.twitter.com/y5W9wl8akp
— Rev Laskaris (@REVMAXXING) August 30, 2023
L'annonce de ce coup de force est intervenue peu après la publication des résultats officiels de l'élection présidentielle de samedi, qui a vu le président sortant Ali Bongo Odimba, au pouvoir depuis 14 ans, décrocher un troisième mandat avec 64,27 % des suffrages.
Selon ces résultats proclamés par le président du Centre gabonais des élections (CGE), Michel Stéphane Bonda, à l'antenne de la télévision d'État Gabon 1ère, le principal rival de M. Bongo, Albert Ondo Ossa, n'a recueilli que 30,77 % des voix.
Albert Ondo Ossa avait dénoncé des « fraudes orchestrées par le camp Bongo » deux heures avant la clôture du scrutin samedi, et revendiquait alors déjà la victoire.
Son camp a exhorté lundi Ali Bongo à « organiser, sans effusion de sang, la passation du pouvoir » sur la base d'un comptage effectué selon lui par ses propres scrutateurs, et sans produire de document à l'appui.
Les résultats officiels ont été égrenés en plein milieu de la nuit, à 03 h 30, sur la télévision d'État sans qu'aucune annonce de l'événement n'ait été faite préalablement. En plein couvre-feu donc, et alors qu'Internet est coupé dans tout le pays, deux mesures décrétées par le gouvernement samedi avant la fermeture des bureaux de vote, afin de parer selon lui à la diffusion « de fausses nouvelles » et à d'éventuelles « violences ».
Le Gabon, pays d'Afrique centrale, compte 2,3 millions d'habitants et partage des frontières avec le Cameroun, la République du Congo et la Guinée équatoriale. C'était une colonie française avant d'obtenir son indépendance en 1960.
Un coup d’État militaire a eu lieu fin juillet dans une autre ancienne colonie française, le Niger. La situation dans cet État d’Afrique de l’Ouest reste tendue, le bloc régional de la Cédéao envisageant une intervention soutenue par Paris pour réintégrer le président déchu, Mohamed Bazoum. Le Mali et le Burkina Faso – où les militaires ont également pris le pouvoir ces dernières années – se sont engagés à défendre le nouveau gouvernement du Niger contre les forces extérieures.