Des dizaines de milliers de partisans du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) du Niger se sont rassemblés samedi 26 août à Niamey, la capitale, pour déclarer leur opposition à l'intervention étrangère dans le pays, y compris celle de l'ancienne puissance coloniale, la France.
Le rassemblement de samedi, qui faisait suite à une importante manifestation anti-France la veille, s'est déroulé le 26 août au plus grand stade du pays, Seyni Kountché, qui peut accueillir 30 000 personnes.
Ramatou Ibrahim Boubacar, une manifestante parée de drapeaux nigériens de la tête aux pieds, a affirmé : « On a le droit de choisir les partenaires qu’on veut, la France doit respecter ce choix. » « Depuis soixante ans on n’a jamais été indépendants, on l’est seulement depuis le jour du coup d’État » du 26 juillet qui a renversé le président élu Mohamed Bazoum, estime-t-elle, ajoutant : « Alors nous sommes à 100 % derrière le CNSP ».
Le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) est désormais au pouvoir, avec à sa tête le général Abdourahamane Tiani qui accuse la France de chercher à intervenir militairement dans le pays d'Afrique de l'Ouest pour rétablir Bazoum.
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« Le combat ne s'arrêtera que le jour où il n'y aura plus aucun militaire français au Niger », a déclaré à la foule un membre du CNSP, le colonel Ibro Amadou. C'est vous qui allez les chasser », a-t-il dit.
Lisant un communiqué à la télévision nationale dans la nuit du 30 au 31 juillet, Amadou Abdourahamane, colonel-major de l’armée de l’air devenu le porte-parole de la junte, déclare ce soir-là que « dans sa ligne de conduite allant dans le sens de la recherche des voies et moyens pour intervenir militairement au Niger, la France, avec la complicité de certains Nigériens, a tenu une réunion à l’état-major de la garde nationale du Niger, pour obtenir des autorisations politiques et militaires nécessaires ».
Niant toute intention d'envahir le Niger, la France a réagi par la voix d'Emmanuel Macron. « Paris ne tolérera aucune attaque contre la France et ses intérêts » au Niger et répliquera « de manière immédiate et intraitable », a fait savoir dimanche 30 juillet l'Elysée.
Le nouveau rassemblement en soutien au CNSP se déroule au lendemain de sa décision d'expulser l'ambassadeur de France au Niger, Sylvain Itté, pour avoir refusé de rencontrer les nouveaux dirigeants, mais aussi pour d'autres agissements du gouvernement français contraires aux intérêts du Niger. Il a été donné à M. Itté 48 heures pour quitter ce pays.
« L'ambassadeur de France, au lieu de partir, pense que c'est la terre de ses parents », a déclaré Idrissa Halidou, membre du CNSP, présent au rassemblement de samedi.
« Nous sommes un peuple de guerre, [et] nous sommes prêts à lutter contre la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) », a-t-il ajouté.
La Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), accusée de complicité avec la France, a décidé après le coup d'État d'imposer de lourdes sanctions économiques et financières au Niger, suspendu de cette organisation, et a également menacé d'y intervenir militairement afin de rétablir Mohamed Bazoum dans ses fonctions.