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Zoom Afrique du 7 août 2023

Zoom Afrique du 7 août 2023

Les titres de la rédaction :

  • Guinness Nigeria enregistre une croissance de 16 % de son bénéfice net à 23,4 millions $ en 2022/2023
  • Côte d’Ivoire : lancement des travaux de construction d’un marché de gros de 40 millions $ à Yopougon
  • Gabon : le gouvernement planche sur un projet de nouveau chemin de fer avec le sud-africain Thelo DB
  • Togo : le gouvernement a lancé des travaux pour électrifier 18 localités dans la région des Savanes

Les analyses de la rédaction :

1. Les vaines tentatives US à casser le bilan du Sommet Afrique-Russie 

Par Mikhail Gamandiy-Egorov

Les représentants du régime étasunien ne lâchent pas leurs efforts à vouloir nuire par tous les moyens aux relations russo-africaines. Surtout après la réussite du tout récent Sommet Russie-Afrique de Saint-Pétersbourg. La nouvelle tournée de Victoria Nuland dans trois pays africains confirme cette réalité. 

La sous-secrétaire d’État étasunienne pour les affaires politiques, Victoria Nuland, la même qui distribuait à une certaine période des cookies sur la place du Maïdan à Kiev, est partie samedi en tournée dans trois pays africains, soit immédiatement après la deuxième édition du Sommet Afrique-Russie. 

Cette visite de la responsable du régime US concerne trois pays du continent africain, à savoir l’Afrique du Sud, la Côte d’Ivoire et la République démocratique du Congo. L’agenda étasunien ne voile d’ailleurs pas son objectif à vouloir nuire au bilan du récent Sommet entre Moscou et les nations africaines qui s’est achevé avec succès de l’aveu de la plupart des observateurs. Et ce malgré les pressions énormes qui avaient été exercées sur les pays africains par les régimes occidentaux, dont bien évidemment et en premier lieu Washington. 

Il ne faut pas oublier que, l’autre grand rendez-vous de cet été, c’est précisément le 15ème Sommet des BRICS, en Afrique du Sud, dont l’agenda de travail sera vraisemblablement très intéressant pour l’avenir non pas seulement des pays membres actuels (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), mais beaucoup plus globalement pour l’avenir mondial, dans le cadre de l’ordre multipolaire contemporain. 

Aussi, la multiplication actuelle des visites des responsables du régime washingtonien en terre africaine est liée non pas seulement aux tentatives, jusqu’à présent très largement vaines, de tenter à nuire, ou du moins à ralentir, les processus d’alliance et de partenariat stratégique entre la Russie et de nombreux pays du continent africain, mais également et tout simplement au fait que Washington travaille à prendre le leadership du bloc occidental en Afrique. 

Le tout à l’heure des échecs qui ne s’arrêtent pas pour son sous-traitant français et de l’incapacité d’autres régimes occidentaux, notamment du Royaume-Uni et de l’Allemagne, dont l’histoire coloniale et néocoloniale en Afrique n’est également pas à démontrer, à pouvoir prendre la relève de Paris. 

Mais le principal souci pour les washingtoniens dans cette stratégie – est qu’aujourd’hui, très peu de citoyens africains ne se font d’illusions sur ce que représente véritablement le régime américain. Et s’il y a encore 15-20 ans, il était possible de trouver des personnes qui pensaient à tort, notamment en Afrique francophone, que Washington pouvait être un acteur constructif en Afrique en remplacement du système de la Françafrique – aujourd’hui ces illusions font ouvertement figure du passé. L’axe du petit monde occidental dans son ensemble ayant perdu de facto toute crédibilité. Et ce, aussi bien sur les plans des discours liés au développement humain, que dans le cadre des partenariats sécuritaires. 

Dans cette perspective, tout porte à croire une fois de plus que Washington ne gagnera rien ni sur le plan individuel, d’autant plus que le régime étasunien recherche toujours et uniquement son intérêt extrêmement personnel, y compris vis-à-vis de ses sous-traitants et vassaux, ni plus généralement parlant pour le compte de l’axe occidental-atlantiste. Encore une fois, le récent Sommet Afrique-Russie a largement démontré que l’Afrique contemporaine se débarrasse massivement des complexes imposés durant une longue période par les Occidentaux. 

2. CEDEAO ou la main caché de la France pour déstabiliser le Sahel 

Alors qu’elle n’a pas fini de gérer les cas du Mali, de la Guinée et du Burkina Faso, trois pays en rupture de ban avec l’organisation sous régionale et l’Occident, la CEDEAO fait de nouveau et encore face à un autre coup de force cette fois-ci dans un pays où les institutions occidentales sont bien implantées, à savoir le Niger.  

Les récentes décisions du club des chefs d’État de la CEDEAO contre les Autorités de la transition du Niger est une vraie forfaiture. Loin s’en faut ! 

Les attaques récurrentes et simultanées contre les militaires et les populations civiles dans la zone des trois frontières, notamment, ont perduré depuis plus de 8 ans et continuent de plus belle. Cette situation est un échec patent notamment de la présence de l’armée française au Mali en particulier et dans tout le Sahel en général. 

Les accords de défense avec la France sont au détriment des intérêts des États (Burkina, Mali et Niger). 

Le Mali, le Burkina et le Niger sont des États souverains et ont le droit régalien de choisir leurs partenaires économiques et militaires en toute responsabilité. 

Les attaques tous azimuts de toutes les régions du Sahel prouvent à suffisance que les opérations successives : Serval, Barkhane et Takuba sont des échecs de la présence des forces étrangères dans le Sahel. 

Le Burkina, Mali et le Niger en tant qu’États souverains se doivent de changer de paradigmes. 

Ces pays à travers les autorités des différentes transitions ont décidé de prendre leur destin en main et quel que soit le prix à payer. 

Les sanctions individuelles imposées aux membres des gouvernements et des organes législatifs sont des non événements. 

Les restrictions sur les voyages dans la sous-région feront économiser des milliards de francs CFA aux Trésors publics du Burkina du Mali et du Niger. 

Les saisies des biens et les blocages des comptes à l’étranger ne veulent absolument rien dire car aucun des dignitaires de la transition n’a des assets à l’étranger. 

Les sanctions de la CEDEAO contre les autorités de la transition du Burkina, du Mali et du Niger n’ont aucun impact négatif sur ces pays, au contraire, ses sanctions sont des sources de motivations et de cohésion sociale des peuples frères du Burkina, du Mali et du Niger. Il existe actuellement une symbiose entre les peuples et ses autorités de transition. 

Les coups d’État successifs dans les pays francophones d’Afrique de l’Ouest sont les résultats de dysfonctionnements des systèmes démocratiques importés et imposés par l’Occident. 

Pourquoi une fixation sur les élections alors que le terrorisme massacre les populations ? Les élections, en général, ne sont pas une fin en soi. Loin s’en faut. Les élections n’ont jamais résolu les problèmes existentiels des États africains, c’est surtout une manière, une façon légale imposée aux Africains pour choisir leurs propres bourreaux, c’est-à-dire des nouveaux colons qui continuent de perpétuer la domination de la France sur l’Afrique. 

Aller aux élections dans les contextes actuels, c’est de cautionner le retour des colons. Car ces politiciens disposent toujours des milliards volés aux caisses de l’État et ces milliards seront réinvestis dans les pays occidentaux. Un cercle vicieux méticuleusement mis en place par l’Occident pour continuer à garder l’Afrique dans un état de sous-développement. En effet, ceux qui viennent aux pouvoirs par la voie dite démocratique, n’ont guère le choix que de suivre le système néocolonial, et ce, le plus souvent, au péril de sa propre vie. Sinon, c’est l’Occident qui se charge d’organiser un coup d’État. De plus, les sommes d’argent qui sont généralement débloquées pour le soi-disant développement de l’Afrique, sont immédiatement détournées et réinvesties dans les pays occidentaux, avec quelques cacahuètes qui vont dans les poches des dirigeants sous le contrôle de l’Occident. 

Il est donc impératif de jeter ici et maintenant les fondements de base de la Refondation des États Africains. Toute chose qui permet un changement de paradigmes. 

Dans la gestion d’une nation, il n’y a jamais eu de consensus car il y a toujours des colons qui défendent toujours les intérêts des colons blancs, c’est-à-dire les intérêts de la France. 

Sur le plan économique, il est temps de bannir les termes « partenaires techniques et financiers », c’est un terme dégradant et de sujétion. Aussi, l’Aide au développement n’a jamais développé un pays. Les ONG opérant en Afrique n’ont aucun impact positif sur la vie des populations. Ces ONG sont des organisations de renseignement aux services de leurs pays d’origine. 

Le Burkina, la Guinée, le Mali et le Niger doivent s’unir pour créer une Organisation monétaire et économique et avoir une monnaie commune en abandonnant carrément la monnaie coloniale et de servitude : le Franc CFA et cela suppose que ces pays quittent l’UEMOA et la CEDEAO qui sont des organisations sous régionales au service de l’Occident. 

Le salut et le développement de ces États résident dans le travail par la création des valeurs ajoutées. Il y a tout en Afrique, le commun du sahélien doit savoir qu’aucune nation ne viendra développer ces États à leur place. 

Cette guerre contre la France ou les États-Unis consiste seulement à ce que ces Occidentaux quittent l’Afrique, mais ils ne veulent pas. Pourquoi ? À cause des intérêts économiques en Afrique que le commun des mortels ignore. 

Dans sa politique de déstabilisation du Sahel, la France a le soutien de toute l’Union européenne, paradoxalement, les pays voisins à ces trois États, au lieu d'aider, suivent aveuglément la France. 

La France prépare des génocides dans le Sahel. Aucun jour ne se passe sans les attaques des terroristes sponsorisés par la France dans les trois pays du Sahel (Mali, Burkina Faso et le Niger). 

Il est temps que les peuples du Sahel s’entraident pour bouter l’ennemi commun hors de cet espace géographique. 

Aucun pays africain francophone ne figure dans le classement des 10 premières économies africaines. De surcroît, les 10 premières économies africaines ont leurs propres monnaies nationales et ne sont garanties par aucun autre pays comme le cas du fameux franc CFA (la monnaie de servitude contrôlée par la France). 

La présence française en Afrique est synonyme de déstabilisation des États et une source de paupérisation croissante des populations.  

La décolonisation vraie est en téléchargement et est irréversible. 

3. La France ; persona non grata au Sahel !

Qui se souvient encore de l’intervention de la France au Mali, en 2013, qui portait le nom de « Serval » ? Le serval est, pour ceux qui ne le connaissent pas, un félin de la faune locale malienne dont la caractéristique principale est, semble-t-il, d’uriner plusieurs fois par jour pour marquer son territoire. C’est dans ce sens qu’il fallait comprendre les motivations essentielles, mais non avouées de l’empressement de la France à intervenir dans ce pays. 

La France avait mis tout le monde devant le fait accompli en lançant, le 11 janvier, ses premières frappes « chirurgicales » sur un convoi de terroristes en route pour Bamako. En fait, elle voulait marquer d’une façon indélébile ces territoires (Mali, Niger et autres pays du Sahel) qui faisaient partie, jadis, de ses colonies et qui commençaient à montrer des signes de vouloir s’émanciper de cette tutelle trop encombrante. 
Il était évident que la France n’agissait pas dans cette région du monde qu’est le Sahel uniquement pour venir en aide à des États, comme l’Élysée le dit incapables d’assurer l’intégrité territoriale de leurs pays et la sécurité de leurs citoyens face à des « terroristes » de plus en plus menaçants. À vrai dire, la France ne faisait que défendre ses intérêts dans ce qui est convenu de dire son « pré-carré ».  

Force est d’admettre que ce temps est bel est bien révolu. Les peuples africains sont de plus en plus conscients du fait que leurs pays respectifs sont convoités pour la richesse de leur sous-sol. Ils ne sont plus assez dupes pour croire aux histoires de « l’aide au développement » que certains pays de l’Occident leur font miroiter. Ils ont compris que la présence de forces militaires au Mali ou au Niger n’a, in fine, rien à voir avec la lutte antiterroriste, mais c’est pour assurer l’exploitation des mines d’or et d’uranium qui sont aussi convoitées par d’autres puissances émergentes. 

Avec ce qu’il vient de se passer au Niger ; la France l’apprend à ses dépens. Il vient de lui être signifié, brutalement, qu’elle est, désormais, considérée comme persona non grata partout au Sahel. Peut-elle encore intervenir pour « rétablir l’ordre constitutionnel » ? Quelle opération invoquera-t-elle, cette fois-ci ? 

Les émissions des médias français RFI et France 24 ont également été suspendues au Niger, quelques mois après leur suspension au Burkina Faso et au Mali. La diplomatie française a dénoncé cette démarche tout en omettant le fait, que la France a elle-même suspendu plusieurs médias, notamment russes comme Sputnik et RT France. 

Les nouvelles autorités militaires du Niger ont suspendu la diffusion de la station RFI en FM et de la chaîne de télévision France 24 sur tout le territoire. 

Ces mêmes médias avaient précédemment été suspendus au Mali, en mars 2022, et au Burkina Faso, en mars dernier, pour avoir diffusé de fausses informations non seulement dans le but d’instaurer la panique au sein des populations, de dénigrer l’armée nationale de ces pays et également créer des divisions au sein de ces pays. 

Au Niger, les nouvelles autorités ont fermé les frontières du pays, imposé un couvre-feu, suspendu la Constitution et interdit les activités politiques. 

Depuis le coup de force, la population nigérienne descend dans les rues pour montrer leur soutien aux nouvelles Autorités. Les manifestants protestent également contre la présence de troupes étrangères sur leur sol, à savoir un important contingent américain et une base aérienne française. Dans la nuit du 1er au 2 août, les nouvelles autorités ont rouvert les frontières nationales. 

Les nouvelles autorités nigériennes ont annoncé, le jeudi 3 août dernier, qu’ils dénonçaient « les accords de coopération dans le domaine de la sécurité et de la défense » avec Paris. Des accords militaires conclus avec la France, qui concernent notamment le « stationnement » du détachement français et le « statut » des militaires prétendument présents dans le cadre de lutte contre le terrorisme. 

« Face à l’attitude désinvolte et la réaction de la France relativement à la situation » au Niger, « le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP, militaires au pouvoir), décide de dénoncer les accords de coopération dans le domaine de la sécurité et de la défense avec cet État », a déclaré le colonel-major Amadou Abdramane, membre du CNSP. 

Comble de ridicule ! La France a réagi, le vendredi 4 août dernier, à la dénonciation au sujet des accords de coopération militaire entre les deux pays, en soulignant que « seules les autorités nigériennes légitimes » étaient en mesure de les rompre. 

Par ailleurs, les ambassadeurs du Niger en France, aux États-Unis, au Nigeria et au Togo ont été démis de leurs fonctions par les nouvelles autorités. 

De plus, pour certains experts, l’intervention militaire prévue au Niger dans les prochains jours, annoncée par la CEDEAO et appuyée par la France et les États-Unis, serait juste un coup de bluff. Elle est impossible pour les principales raisons suivantes : 

Il semble évident que cette intervention militaire est très complexe à concevoir en si peu de temps et à exécuter. En effet, l’armée pourrait être confrontée à 6 armées notamment celles du Niger, du Mali, du Burkina, de la Mauritanie, de la Guinée et aussi de l’Algérie. Ces pays considèrent qu’une déstabilisation du Niger est une menace pour la sécurité dans le Sahel, à l’instar de l’intervention militaire en Libye. 

Par ailleurs, les espaces aériens nigériens sont fermés aux pays de la CEDEAO, actuellement ennemis du Niger. 

Enfin, cette intervention semble ne pas avoir eu les temps de réflexion et de préparation nécessaires pour pouvoir avoir lieu dans un proche avenir. Ci-dessous quelques questions auxquelles la CEDEAO doit avoir des réponses claires : quelles sont les armées participantes ? Seul le Sénégal pour le moment a annoncé officiellement sa participation ; ses forces se sont-elles entraînées ? L’évaluation des 6 forces ennemies et de leur stratégie a-t-elle été faite ? La stratégie d’intervention a-t-elle été définie et adoptée ? Quels sont les besoins en armements et les délais de livraison ; les coûts et le budget ? Quelle est la durée de l’intervention ? Les risques ont-ils été bien évalués et les mesures d’atténuation bien définies ? Si les 6 pays alliés attaquent, en représailles, les pays participants à la guerre, que fera la CEDEAO à ce moment-là ?  

La première réunion des États-majors de la CEDEAO a eu lieu seulement hier. Selon certains experts une telle opération, du fait de sa complexité, nécessite plusieurs mois de préparation préalables. L’OTAN qui a un bureau à la CEDEAO apportera certainement un appui. Mais est-ce que cet appui sera suffisant ? 

Le Sénat nigérian n’a pas approuvé la participation du Nigeria à cette opération jugée coûteuse et inappropriée.  

Et le Niger et le Nigeria partagent le même peuple : les haoussas. Par ailleurs, les autres pays membres de la CEDEAO ont-ils été autorisés par leurs pouvoirs législatifs à participer à cette guerre éventuelle ?  

Il semble que cette intervention militaire pourrait déboucher sur un embrasement et une déstabilisation de l’Afrique de l’Ouest et du Sahel avec des effets négatifs plus importants que la déstabilisation de la Libye par l’OTAN. Mais n’est-ce pas ce que cherchent justement des pays comme la France et les États-Unis ? 

Dans cette affaire, la CEDEAO perdra définitivement sa crédibilité avec des risques d’implosion de la CEDEAO et de l’UEMOA et la BCEAO. 

La France, les 1500 militaires français et les autres forces otaniennes seront probablement chassés de leur dernier refuge nigérien rapidement. Et les Nigériens, désormais libres, assureront la sécurité de leurs pays avec les partenaires de leur choix, prendront le contrôle de leur destin politique et économique comme tout État normal, souverain et intègre. 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV