Un rapport de l’Insee fait état d’une percée de la précarité en France. Avec neuf millions de personnes en situation de privation matérielle et sociale, le pays se situe à un niveau jamais atteint depuis la création de cette mesure, rapporte l’édition en langue française de RT.
Selon ce rapport également publié par des médias français y compris BFMTV, 4% de la population de France métropolitaine se trouve en situation de «privation matérielle et sociale», a alerté l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) dans une enquête publiée le 20 juillet.
Un chiffre record depuis 2013, que l’Insee explique par l’inflation et plus particulièrement par l’explosion du prix de l’énergie.
Les populations rurales et des petites villes sont plus touchées, notamment du fait de leur usage de l’automobile et du fioul domestique. Contrairement au taux de pauvreté monétaire, le taux de privation repose sur le renoncement des ménages à certains produits ou services, comme posséder deux paires de chaussures, se chauffer correctement, manger de la viande ou du poisson tous les deux jours, ou partir une semaine en vacances chaque année. Le taux de pauvreté monétaire dans l'Hexagone était, selon l'Insee, de 14% en 2020.
La gauche et le monde associatif accusent Emmanuel Macron
Ces chiffres avancés par l’institut ont fait réagir à gauche de l’échiquier politique tandis que le monde associatif y voit une confirmation de ses inquiétudes, ajoute le rapport.
En effet, avec 14% de la population en situation de précarité en 2022, alors que ce taux oscillait entre 5 et 7,1% entre 2014 et 2021, la tendance haussière se confirme.
Publiée le jour de l’annonce du remaniement, l’étude de l’Insee a naturellement suscité des réactions. Le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure a mis en parallèle ces chiffres avec «un remaniement sans intérêt». Le groupe parlementaire de La France insoumise a lui accusé le président d’exiger «un effort global pour réduire la dette» pour les Français.
Le monde associatif s’était mobilisé en amont de la sortie du rapport, à l’image du collectif Alerte qui regroupe plusieurs fédérations et associations de lutte contre la pauvreté, parmi lesquelles Emmaüs, Action contre la faim et APF France handicap.
Dans un courrier adressé au nouveau ministre des Solidarités, le collectif concède son inquiétude sur les économies annoncées en début de semaine pour le budget de 2024.
Emmaüs France s’inquiète en outre du nouveau report de la présentation du pacte des solidarités prévu initialement en janvier. Précarité et sentiment d'exclusion sont liés, selon l'Insee Parmi les autres chiffres clés de ce rapport, on apprend notamment qu’une personne sur dix en France n'a pas les moyens de se chauffer correctement.
Les ménages ne pouvant s’offrir une semaine de vacances par an sont aussi en hausse avec 24,4% en 2022 contre 22,3% en 2019.
Géographiquement, le rapport établit une plus forte densité des situations de privation dans les communes rurales avec une hausse de 2 points depuis 2020. Un constat proche est tiré pour les «communes urbaines de densité intermédiaire» avec une hausse de 1,6 point depuis 2020.
Ce décalage territorial est expliqué dans le rapport par l’explosion du prix de l’énergie. Enfin, le document révèle qu’un quart «des adultes en situation de privation matérielle et sociale déclarent ne pas avoir de famille, d’amis ou de voisins à qui ils peuvent demander de l'aide morale, matérielle ou financière», mais aussi que 27% «se sentent exclus de la société», établissant ainsi un lien entre précarité et sentiment d’exclusion.
Ce rapport de l’Insee montre un niveau sans précédent de pauvreté en France depuis 2013 et la création de ces outils de mesure. Après une année marquée par les mobilisations contre la réforme des retraites, le gouvernement pourrait connaître de nouvelles turbulences sur le front social dès la rentrée de septembre.