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Les analyses de la rédaction :
1. Mali : la visite de Goïta en Russie
Le colonel Assimi Goïta effectuera son premier déplacement hors du continent africain au cours de ce mois de juillet. Le ministère russe des Affaires étrangères confirme, à travers un communiqué, la participation du chef de l’État à la tête d’une délégation représentative, aux travaux du Forum économique et humanitaire Russie-Afrique qui se tiendra à Saint-Pétersbourg, les 27 et 28 juillet 2023. Investi président de la transition le 7 juin 2021, le colonel Assimi Goïta n’est pas encore sorti hors des frontières maliennes. Il avait seulement voyagé en tant que vice-président puisqu’il est allé au Maroc, à Accra et Lomé.
Cette rencontre va renforcer les liens entre le Mali et la Russie dans un contexte où se joue une partie de l’avenir de la présence russe en Afrique. Au moment où la Cédéao tente de convaincre Vladimir Poutine de suivre ses prises de position politiques, le Mali est de plus en plus proche du Kremlin. De nombreuses interrogations existent au sujet de la présence des instructeurs russes au Mali.
En réalité, la Russie s’apprête à envoyer des milliers de soldats de son armée en Afrique pour soutenir les pays qui sont en contact avec lui. Le Mali en fait partie en plus du Burkina Faso et de la Centrafrique. Assimi Goïta et Vladimir Poutine auront à échanger également sur les aspects économiques et commerciaux. Les livraisons de blé, d’hydrocarbure et d’engrais en provenance de la Russie sont les nouveaux chantiers sur lesquels la présidence malienne veut s’appuyer. Jusqu’à présent, il n’existe pas un véritable pont commercial alors que la Russie dispose de grandes réserves de gaz.
Au même moment, les populations maliennes sont sevrées de gaz butane à cause de la cherté des prix. On se demande qui d’Assimi ou du ministre du Commerce doit aller chercher ce gaz bon marché. En attendant, le peu de forêts qui existe au Mali est en train de partir en fumée à cause de la coupe du bois pour le charbon que les ménages de Bamako utilisent. Ce qui est sûr, Assimi a l’occasion rêvée de mettre toutes ces préoccupations au cœur de sa visite à Moscou. On se souvient que Poutine s’est entretenu par téléphone avec le Président de la Transition en octobre.
Les deux dirigeants ont réaffirmé leur intention de renforcer la lutte conjointe visant l’élimination des groupes terroristes.
Ils ont aussi discuté des questions de développement des relations bilatérales dans le domaine économique et commercial. La conversation a eu lieu à l’initiative de Bamako. D’autres coups de fil ont été échangés entre les deux présidents qui ne cessent de se rapprocher sur les questions de politique étrangère.
À l’approche du sommet Russie-Afrique, une délégation de l’agence spatiale russe Roscosmos se trouve en visite au Caire pour discuter d’un accord que la Russie et les pays d’Afrique vont signer en juillet à Saint-Pétersbourg. Et selon des sources proches de Moscou, le Mali s’intéresse à ce programme scientifique. La Russie et les pays d’Afrique signeront un accord à grande échelle sur l’exploration de l’espace au cours du prochain sommet.
« À l’approche du sommet, nous faisons un tour des pays d’Afrique. Nous nous sommes mis d’accord avec un collègue de l’Agence spatiale égyptienne pour préparer un accord à grande échelle englobant un large spectre de coopération possible dans le domaine aérospatial », a indiqué Borissov cité par un communiqué de Roskosmos. Selon le président de l’Agence spatiale égyptienne Chérif Sedki, il ne s’agit pas d’un accord bilatéral russo-égyptien, mais d’un document qui devrait être conclu au niveau de l’Agence spatiale africaine (Asaf).
Ces derniers temps, les autorités maliennes et le public se sont intéressés à la perspective de l’obtention d’un satellite pour la télécommunication et l’observation du territoire national. Et la solution pourrait venir de la Russie. « Pendant leur entretien au Caire, les chefs des Agences spatiales russe et égyptienne ont examiné les principes et les normes nécessaires pour promouvoir le partenariat entre les deux pays dans la construction de satellites et le développement des vols spatiaux habités », a précisé le service de presse. Le programme malien que défend Assimi entre dans ce cadre.
Le mois de juillet sera chargé pour le président de la transition malienne qui n’a pas beaucoup voyagé depuis son arrivée aux affaires. Il est en train de prendre contact avec le pays profond. Une nouvelle page de gouvernance s’annonce ainsi après l’adoption d’une nouvelle Constitution et la formation d’un nouvel attelage gouvernemental. Le développement est la priorité des autorités après l’acquisition des matériels et équipements militaires au cours des deux ans passés. C’est dans ce contexte qu’après Koutiala et Ségou, le président de la Transition est attendu à Kayes entre le 15 et le 22 juillet 2023.
L’information vient du gouverneur de la première région, le colonel Moussa Soumaré. Mais la question que l’on se pose est de savoir ce que le chef de l’État va faire dans la Cité des rails. Visiblement, il s’agit de faire acte de présence dans cette région puisque tous les projets dont il sera question sont déjà en activité. À en croire des sources locales, le chef de l’Exécutif régional a indiqué que le programme de cette visite présidentielle sera marqué par le lancement officiel de la reprise du trafic ferroviaire.
2. Une Afrique influente et enfin libre de ses choix
Jamais la non conformation des États africains aux règles édictées par des idéologies anciennement dominantes, ne nous vaudra les bonnes grâces du conglomérat hégémonique des pyromanes-pompiers-médiateurs-donneurs de leçons, exécuteurs plénipotentiaires des hautes œuvres d’une certaine communauté internationale à géométrie variable.
C’est ce complexe militaro-industriel, intellectuel et culturel qui par l’entremise de caisses de résonance médiatiques, se répand en dénigrements, en imprécations diffamatoires et autres injonctions comminatoires à l’encontre de l’initiative africaine de conciliation des protagonistes apparents de la guerre en Europe. À ses yeux, l’Afrique est coupable d’une double faute sans antécédents connus.
La première de ces fautes se rapporte au refus par un nombre considérable de pays africains, de se conformer au manichéisme directif qui exigeait le choix d’un camp entre les belligérants est-européens, toute voie médiane étant au mieux jugée alternative, au pire proscrite. Une manière pour certains de ressusciter les méthodes d’une époque révolue, en essayant de perpétuer le primat pourtant désuet de leurs points de vue.
Or, en marquant son ferme refus d’aboyer avec la meute, l’Afrique entend faire prévaloir son droit au désalignement, autrement dit, son droit à une opinion différente, non contingentée, sans que celle-ci soit donnée pour secondaire, dans le sens condescendant et dévalorisant du terme alternative. Manifestement, pareille posture n’est rien d’autre qu’une insubordination caractérisée, en même temps qu’elle est constitutive d’une exceptionnelle gravité.
Non contents de s’en tenir à cette incartade, les dirigeants africains vont pousser le toupet, au point de mener une mission de bons offices auprès de belligérants du pôle Nord. L’inversion de la direction du vent sera ressentie comme par les habituels médiateurs de service. Le crime de lèse-monopole ne pouvait rester impuni.
Nous sommes pourtant à l’ère de la mondialisation des échanges, et de la globalisation des problématiques touchant à notre présence sur la terre. Sans compter que cette guerre des dominants précarise les déjà évanescents équilibres économiques, alimentaires, sanitaires et sécuritaires de nos sociétés. Étant donc concernés, c’est à bon droit que nous devions nous montrer intéressés.
Ceci étant, qu’une communauté d’arroseurs nous fasse le reproche de l’arroser, relève de la pure hypocrisie que l’on pourrait assimiler à du terrorisme moral. Dans cette affaire comme dans bien d’autres d’ailleurs, ils n’auront pas fait mieux que nous. Qui plus est, les concepts de réciprocité et de responsabilité collective étant des règles immuables en relations internationales, la recherche de la Paix ne devrait être l’apanage de personne, et chaque État, chaque être humain devrait y contribuer.
Et quoi qu’il en soit de la présente manœuvre de désinformation, il y a des lustres que le continent africain était ardemment espéré, impatiemment attendu sur la scène mondiale. Plus seulement comme ce bassin de matières premières à la disposition d’acteurs extérieurs, qui ne se font pas prier pour s’y servir de manière plutôt agressive et gloutonne, à coups de contrats très souvent léonins, quand ce n’est pour pratiquement rien. Plus seulement comme une éponge condamnée à absorber toutes les leçons, mêmes les plus absurdes des potentats de jadis.
L’Afrique influente, l’Afrique libre de ses choix, enfin !
3.Iran-Afrique : le bloc anti-impérialiste se dessine !
Le président de la République islamique d’Iran, Ebrahim Raïssi, au Kenya, en Ouganda et au Zimbabwe. Une mini-tournée historique en Afrique de l’Est.
Kenya, Ouganda et Zimbabwe… Ce mercredi, le président iranien Ebrahim Raïssi commence une mini-tournée africaine. Un véritable événement : cela faisait onze ans qu’un président de la République islamique d’Iran n’avait pas foulé le sol africain. À ses côtés, le président iranien aura le ministre des Affaires étrangères, mais aussi des hommes d’affaires. Pour le chef de la diplomatie iranienne, « il s’agit d’un nouveau départ avec les pays africains ». Et le choix de l’Afrique de l’Est comme destination n’est pas anodin. Ces pays d’Afrique et Téhéran ont en effet une vision politique commune.
De nombreux États africains et du Moyen-Orient ont développé une capacité à surmonter les pressions et les menaces venant principalement des États occidentaux en multipliant les partenariats avec des États qui prônent la vraie indépendance.
Rien d’anormal à ce que le Kenya, l’Ouganda et le Zimbabwe soient, comme l’indique le ministre iranien des Affaires étrangères, « très désireux de développer leur relation avec l’Iran » sur les plans économiques et commerciaux. Une liste à laquelle on pourrait également ajouter l’Algérie. Le ministre algérien des Affaires étrangères était à Téhéran le 8 juillet dernier et l’Iran a proposé l’organisation d’une visite d’État d’Abdelmadjid Tebboune, le président algérien. Mais concernant l’Afrique de l’Est, la stratégie est inédite et reflète également que de plus en plus de pays qui défendent leur souveraineté bec et ongle sont entrain de s’allier.
Ce qui démontre aussi que la visite d’Ebrahim Raïssi est avant tout diplomatique et économique. Il s’agit aussi pour Téhéran et pour plusieurs pays d’Afrique de rompre avec un certain isolement à l’international. L’Iran s’est rapproché de la Russie et de la Chine, a intégré l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) et le président Ebrahim Raïssi a effectué une tournée sud-américaine qui l’a emmené au Venezuela, au Nicaragua et à Cuba.
Avec, à chaque fois, un leitmotiv : contrer les puissances impérialistes, et particulièrement les États-Unis. La visite du président Raïssi en Afrique de l’Est crée donc un bloc anti-impérialiste et pourra compter entre autres sur ses trois homologues kényan, ougandais et zimbabwéen pour créer ce bloc.
En effet, William Ruto, président du Kenya, a récemment fustigé les désaccords internationaux en affirmant que « les tensions entre Nord et Sud sont tout aussi stériles que celles entre les Occidentaux et la Chine ». Quant à Yoweri Museveni, président d’Ouganda, il avait déclaré il y a un an et demi : « Les Occidentaux doivent arrêter de nous donner des leçons ». Les trois chefs d’État seront donc forcément attentifs à ce qu’Ebrahim Raïssi leur proposera. La visite iranienne s’annonce donc particulièrement intéressante.
Il faut aussi dire que dans sa politique d’ouverture au monde multipolaire, Téhéran s’est également rapproché de ses voisins comme l'Arabie saoudite et d’autres monarchies du golfe Persique. Pour en revenir aux trois pays d’Afrique, ce voyage, le premier d’un président iranien en Afrique depuis 11 ans, vaut tout son pesant d’intérêt et d’opportunités à saisir. Qu’on en juge notamment par le volume des échanges commerciaux de l’Iran avec les trois pays sus-cités. En effet, en 2022, ce volume était estimé à plus de 128,5 mille tonnes de marchandises d’une valeur de 73 millions 781 mille dollars. Et ce n’est pas tout : ces trois États d’Afrique constituent un marché de 115 millions d’habitants. Bref, c’est dire si de part et d’autre, il y a des opportunités à saisir. L’Iran, ces pays et l’Afrique en général, tireront le meilleur profit de leur lien qui ne s’arrêtera pas au terme de la visite présidentielle iranienne dans ces trois États.
En tout cas, à la veille de cette tournée africaine du président iranien, le vice-président du Club des affaires Iran-Afrique, a été on ne peut plus clair : « Le voyage en Afrique du plus haut responsable exécutif iranien, après 10 ans, montre l’importance du continent africain dans la politique étrangère de la République islamique d’Iran, qui consiste à se présenter sur des marchés vierges et à utiliser toutes les capacités politiques, économiques et commerciales, conformément aux intérêts nationaux et aux principes du respect mutuel ». Avant d’ajouter que le voyage du président iranien « peut être un prélude au règlement des problèmes d’infrastructures liées aux liens commerciaux avec ce continent et, finalement, à l’expansion commerciale avec l’Afrique ». De bons augures qui devraient se voir inscrits dans le champ du concret dans l’intérêt commun des peuples d’Iran et d’Afrique.