Le ministère iranien des Affaires étrangères a émis un avis de voyage à l'intention des ressortissants iraniens, leur demandant d'éviter tout "voyage inutile" en France, alors que les protestations se multiplient dans le pays européen à la suite de la mort d'un adolescent par la police.
Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Nasser Kanaani, a fait ces remarques aux premières heures de dimanche, alors qu'il appelait la police française à faire preuve de retenue face aux manifestations nationales déclenchées par le meurtre de Nahel M., 17 ans, le 27 juin à Nanterre, dans la banlieue ouest de Paris.
"Comme par le passé, nous recommandons au gouvernement français et à la police de prendre en compte les demandes des manifestants tout en faisant preuve de retenue et en évitant la violence", a-t-il réitéré.
Le porte-parole de la diplomatie iranienne a souligné que le "traitement discriminatoire" des migrants par certains pays européens et leur refus d'accepter et de corriger leur mauvais comportement avaient créé des conditions défavorables pour les citoyens européens, y compris en France.
"Le gouvernement français est censé mettre fin aux comportements violents envers son peuple en respectant les principes de la dignité humaine, de la liberté d'expression et du droit des citoyens à manifester pacifiquement", a ajouté M. Kanaani.
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La République islamique suit de près l'évolution de la situation en France, a dit le porte-parole du ministère iranien des affaires étrangères avant d'ajouter : "En raison de la situation précaire et imprévisible en France, nous demandons instamment à nos compatriotes iraniens vivant dans ce pays d'éviter tout voyage inutile dans cette ville et dans les zones de conflit".
M. Kanaani a également appelé les ressortissants iraniens à ne pas se rendre inutilement en France dans la situation chaotique actuelle.
La France a été secouée par une vague de protestations après que Nahel M., un jeune homme de 17 ans d'origine algérienne, a été abattu à bout portant à Nanterre en début de semaine pour avoir refusé de s'arrêter lors d'un contrôle routier et est décédé après l'arrivée des services d'urgence sur les lieux. Une vidéo mise en ligne montrait deux policiers tentant d'arrêter le véhicule et l'un d'eux pointant une arme sur le conducteur.
Le policier responsable de la fusillade a été arrêté et est accusé d'homicide volontaire. La France a déployé des milliers de policiers dans tout le pays, appuyés par des véhicules blindés légers, pour réprimer les manifestations nationales, alors que la colère de la population continue de se répandre dans les grandes villes de Lyon, Marseille et Grenoble, où des groupes de jeunes lancent des projectiles sur les policiers et incendient des commissariats de police
Lors d'une marche à Nanterre en mémoire de Nahel, les participants ont manifesté contre ce qu'ils ont dénoncé comme une culture de l'impunité policière et une incapacité à réformer l'application de la loi dans un pays qui a connu des vagues de protestations contre le comportement de la police.
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Les protestations violentes ont ravivé les souvenirs des manifestations de 2005 qui ont éclaté dans toute la France pendant trois semaines et ont contraint le président Jacques Chirac à déclarer l'état d'urgence.
Selon un porte-parole de la police nationale, la tuerie de mardi est le troisième tir à balles réelles lors de contrôles routiers en France depuis le début de l'année 2023, contre un record de 13 l'année dernière.