Alors que les émeutes gagnent en intensité un peu partout en France, trois jours après la mort de Nahel, 17 ans, le président français Emmanuel Macron a écourté son séjour à Bruxelles où il participait à un sommet européen et a tenu une deuxième cellule interministérielle de crise.
« Il y a une instrumentalisation inacceptable de la mort d'un adolescent que nous déplorons tous [surtout] que la période devrait être au recueillement et au respect », a déclaré le chef de l'État français en conclusion de la réunion de la cellule interministérielle de crise.
Elle s'est tenue vendredi au ministère de l'Intérieur après trois nuits d'émeutes urbaines à la suite du décès du jeune Nahel lors d'un contrôle policier à Nanterre.
« Face à cela, je condamne avec la plus grande fermeté toutes celles et ceux qui utilisent cette situation et ce moment pour essayer de créer le désordre et attaquer nos institutions. Ils portent une responsabilité de fait accablante. Et je [les] condamne avec la plus grande fermeté, nous les condamnons toutes, ces violences pures et injustifiables qui n'ont aucune légitimité », a-t-il poursuivi.
Macron a annoncé que des « moyens supplémentaires » allaient être déployés par le ministère de l'Intérieur. « La décision a été prise d'annuler plusieurs évènements festifs et plusieurs rassemblements dans les départements qui sont les plus sensibles », a-t-il par ailleurs indiqué.
Emmanuel Macron a également profité de cette prise de parole pour appeler « tous les parents à la responsabilité » qui, selon lui, doivent garder leurs enfants à la maison.
« Il est clair que le contexte que nous vivons, on le voit, est la résultante de groupes parfois organisés, violents et équipés, que nous condamnons, que nous appréhendons et qui seront judiciarisés, mais également de beaucoup de jeunes. Un tiers des interpellés de la dernière nuit sont des jeunes, parfois des très jeunes », a-t-il observé.
« C'est la responsabilité des parents de les garder au domicile. Donc il est important pour la quiétude de tous que la responsabilité parentale puisse clairement s'exercer. (...) La République n'a pas vocation à se substituer à eux », a-t-il poursuivi.
Il a également dit attendre un « esprit de responsabilité » des grandes plateformes des réseaux sociaux, citant notamment Snapchat et TikTok où s'organisent « des rassemblements violents » et qui suscitent « aussi une forme de mimétisme de la violence, ce qui conduit chez les plus jeunes à une forme de sortie du réel ». « On a le sentiment parfois que certains d'entre eux vivent dans la rue les jeux vidéo qui les ont intoxiqués », a estimé Emmanuel Macron.
« La loi a prévu, y compris ces derniers mois, des changements et l'exercice d'un contrôle parental qu'il convient de faire pleinement respecter, mais nous prendrons dans les prochaines heures plusieurs dispositions (...) d'abord en lien avec ces plateformes, d'organiser le retrait des contenus les plus sensibles », a annoncé le chef de l'État.
« Des demandes seront aussi faites partout où c'est utile et à chaque fois que c'est utile, pour avoir l'identité de celles et ceux qui utilisent ces réseaux sociaux pour appeler au désordre ou pour exacerber la violence », a-t-il précisé.
Saisi par une vidéo amateur, le tir à bout portant d'un motard de la police mardi matin sur un jeune homme de 17 ans, lors d'un contrôle routier à Nanterre, continue à embraser de nombreuses villes du pays.
Après l'Île-de-France et plusieurs villes dans l'Hexagone, les violences urbaines ont embrasé les Outre-mer dans la nuit de jeudi à vendredi. Visiblement touché par une balle perdue selon les informations de Guyane la 1ère, un homme est décédé à Cayenne, dans le quartier de Mont-Lucas. Mais les circonstances restent encore floues. Des incidents ont eu lieu aussi en Martinique et à La Réunion.
Dans la nuit de jeudi à vendredi, les forces de l'ordre ont procédé à 875 interpellations dont 408 à Paris et sa proche banlieue, selon le bilan définitif du ministère de l'Intérieur. Au total, 249 policiers et gendarmes ont été blessés dans la nuit.
Les violences qui ont suivi la mort de Nahel se sont étendues à l'autre côté de la frontière belge. Une trentaine d'individus, quasiment tous mineurs, ont été interpellés à Bruxelles.
Après des appels au rassemblement jeudi soir en réponse à la mort du jeune Nahel tué par un policier à Nanterre, des échauffourées ont eu lieu entre des jeunes et la police dans la capitale belge.
« Dans différentes communes, des jeunes se rassemblent et jouent au chat et à la souris avec les forces de l'ordre», a déclaré la police de Bruxelles-Capitale-Ixelles. Ces individus s'étaient rassemblés en réponse à des appels diffusés sur les réseaux sociaux après la mort de Nahel, l'adolescent de 17 ans tué par un policier mardi lors d'un refus d'obtempérer à Nanterre. En tout 29 personnes ont été arrêtées par la police belge dont 26 mineurs.