En mobilisant plus de 2 000 policiers et gendarmes dans les banlieues d'Ile-de-France, les autorités redoutaient une nouvelle nuit de violences dans la nuit de mercredi à ce jeudi. Les actes violents ont continué dans plusieurs cités de la région parisienne et se sont étendus à plusieurs grandes villes de France.
De très nombreuses villes d’Île-de-France mais également de province, ont été le théâtre, dans la nuit de mercredi à jeudi, de vives violences dans les quartiers populaires, après le décès du jeune Nahel, tué par un tir policier à Nanterre.
Le phénomène de contagion est très largement entamé et le mouvement de révolte, parti du département des Hauts-de-Seine s’est très rapidement répandu à travers le pays.
Selon un bilan encore provisoire de la nuit, les forces de l'ordre ont arrêté 150 personnes dans toute la France. Le policier à l'origine du tir qui a tué Nahel est toujours en garde à vue ce jeudi matin.
🔴 Un bâtiment en feu sur plusieurs étages. Intervention des pompiers à #Nanterre sur des dizaines d’incendies depuis le début de soirée. pic.twitter.com/mt2X5Abbfm
— Clément Lanot (@ClementLanot) June 29, 2023
L'utilisation de la force létale par des policiers contre l'adolescent, d'origine nord-africaine, a alimenté une perception profondément enracinée de la brutalité policière dans les banlieues ethniquement diverses des plus grandes villes de France.
À Nanterre, où Nahel a été tué, la situation est restée relativement calme jusqu'à 23h. Des manifestants ont tiré des feux d'artifice sur la police et incendié des voitures dans la banlieue ouvrière parisienne de Nanterre, dans une deuxième nuit de troubles après la mort par balle de Nahel.
Peu avant minuit, une traînée de véhicules renversés a brûlé alors que des feux d'artifice pétillaient sur les cordons de police de l'avenue Pablo Picasso à Nanterre.
La police a affronté des manifestants dans la ville de Lille, dans le nord, et à Toulouse, dans le sud-ouest, et des troubles ont également eu lieu à Amiens, Dijon et dans le département administratif de l'Essonne, au sud de la capitale française, a déclaré un porte-parole de la police.
Les médias français ont signalé des incidents dans de nombreux autres endroits de la région parisienne. Des vidéos sur les réseaux sociaux ont montré des dizaines de feux d'artifice dirigés vers la mairie de Montreuil, à l'est de Paris.
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De nombreux incidents ont eu lieu dans des communes des Hauts-de-Seine et de Seine-Saint-Denis, avec des tirs de fusées d'artifices nourris, des véhicules ainsi que des poubelles incendiés.
De retour de Nanterre… une nuit d’une très grande violence sur place.
— Remy Buisine (@RemyBuisine) June 29, 2023
Hormis lors des premiers actes des Gilets Jaunes sur les Champs-Elysées (et une manif au Liban après l’explosion), je n’avais pas vécu une couverture d’un événement aussi tendu que cette nuit. pic.twitter.com/IIpUogD8oE
Des groupes de défense des droits dénoncent un racisme systémique au sein des forces de l'ordre en France, une accusation que Macron a précédemment niée.
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Les législateurs ont observé une minute de silence à l'Assemblée nationale, où le Premier ministre Elisabeth Borne a déclaré que la fusillade "semble clairement ne pas respecter les règles".
🔴 Des dizaines de tirs de mortiers d’artifice sur les CRS à #Nanterre : violents débordements. pic.twitter.com/sQgjqcRDxN
— Clément Lanot (@ClementLanot) June 28, 2023
La famille de Nahel a porté plainte contre les policiers pour homicide, complicité d'homicide et faux témoignage, a indiqué leur avocat.
Dans une vidéo partagée sur TikTok, une femme identifiée comme la mère de la victime a appelé jeudi à une marche du souvenir à Nanterre. « Venez tous, nous allons mener une révolte pour mon fils », a-t-elle déclaré.
Une marche blanche en mémoire de l'adolescent est prévue à 14h à Nanterre.
L'assassinat de mardi est la troisième fusillade mortelle lors de contrôles routiers en France jusqu'à présent en 2023, contre un record de 13 l'année dernière, a déclaré un porte-parole de la police nationale.
Il y a eu trois meurtres de ce type en 2021 et deux en 2020, selon un décompte de Reuters, qui montre que la majorité des victimes depuis 2017 étaient noires ou d'origine arabe.
Le médiateur français des droits de l'homme a ouvert une enquête sur le décès, la sixième enquête de ce type sur des incidents similaires en 2022 et 2023.