La création d’une monnaie unique pourrait conduire à une cohérence plus significative parmi les pays africains dans le but de mettre un terme à la domination du dollar dans les échanges commerciaux intra et interafricains.
La question de la possession d’une monnaie unique à échanger parmi les membres de l’Union Africaine (UA) a été de nouveau évoquée lors du récent sommet des dirigeants du Marché commun de l'Afrique orientale et australe (COMESA) à Lusaka. La concrétisation de ce projet pourrait donner l’essor aux échanges commerciaux entre les États africains, a confié l’économiste malien Modibo Mao Makalou à l’agence de presse Sputnik.
L’expert indique que le défi de la monnaie est toujours l’une des principales barrières aux échanges, en particulier entre les membres du COMESA, un marché représentant plus de 580 millions de citoyens et un produit intérieur brut combiné de plus de 720 milliards de dollars.
« L'intégration régionale ne peut être pleinement réalisée que si les citoyens n'ont plus à se soucier de la devise utilisée lors des échanges commerciaux. Une monnaie unique favoriserait les échanges et l'intégration entre les pays africains, pour qu’ils puissent échanger davantage entre eux », déclare Modibo Mao Makalou au journaliste de Sputnik.
Avant de créer une devise commune, les États africains pourront compter sur la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) pour stimuler le commerce à travers tout le continent noir. Force est de constater que la ZLECAf regroupe 54 pays africains sur 55. Selon Modibo Mao Makalou, le projet de la création d’une devise vise à la création d’un vrai marché unique continental.
« Ladite Zone a pour but de donner un coup de pouce au commerce intra-africain de produits par l'élimination progressive des tarifs douaniers, des barrières non tarifaires et le développement de chaînes de valeur aussi bien à l’échelle régionale qu’au niveau continental. Dans les cinq années suivant sa mise en œuvre, elle doit supprimer plus de 90% des droits de douane sur les biens échangés entre les États membres », selon l’expert africain.
L’apport de la ZLECAf pourrait sortir 30 millions de personnes de l'extrême pauvreté d'ici 2035, assure-t-il encore.
Une meilleure intégration économique africaine est bien importante dans un moment où certains pays africains se heurtent aujourd’hui aux limites du dollar. Le président kényan William Ruto a ainsi affirmé que son pays avait de plus en plus de difficultés à importer et exporter, à cause du monopole de la monnaie américaine.
Selon l’économiste, « la hausse des taux d'intérêt aux États-Unis pour lutter contre l'inflation dans ce pays a un effet négatif sur le commerce des pays africains qui sont de grands importateurs ».