Un géant est passé de vie à trépas. Khader Adnan, boulanger, père, mathématicien et porte-parole du mouvement Jihad islamique de la Palestine, est décédé après 87 jours de grève de la faim dans une prison israélienne. Il a déclenché sa vive protestation contre sa « détention administrative » en résistant à l’envie humaine naturelle de consommer de la nourriture.
Né le 24 mars 1978 dans la ville d’Arrabeh, près de la ville cisjordanienne de Jénine, Adnan est était très aimé de sa famille. Sa première arrestation quand il avait une vingtaine d’années par les forces d’occupation israéliennes, l’a conduit à quatre mois d’emprisonnement.
La même année, il a été arrêté par l’Autorité autonome palestinienne pour avoir dirigé une manifestation étudiante contre la visite du Premier ministre français pro-israélien, Lionel Jospin, à l’Université Birzeit à Ramallah.
Khader a obtenu un diplôme en mathématiques et est devenu propriétaire de sa propre boulangerie, où il subvenait aux besoins des habitants de Jénine. L’ironie amère est que celui qui fournissait de la nourriture aux autres serait plus tard connu pour avoir utilisé sa propre faim comme outil d’émancipation.
Au cours de sa vie de combattant, Khader Adnan a été arrêté douze fois. La plupart de temps, il a été détenu pendant de longues périodes sans aucune inculpation pour ce que l’on appelle communément « détention administrative ».
On pense qu’environ 800 Palestiniens sont également détenus sur une telle base illégale à travers le réseau de prisons israéliennes.
Son arrestation par les forces d’occupation israéliennes le 17 décembre 2011 a conduit à sa première grève de la faim de 66 jours, battant le record le plus long de tous les prisonniers politiques palestiniens à l’époque.
Les agents de sécurité et les colons l’ont emmené de chez lui où il vivait avec sa femme enceinte et ses deux filles. Au cours de cette arrestation, il a été interrogé pendant 18 jours et a été torturé par les services de renseignement israéliens. Mais la volonté de Khader Adnan n’a pas été brisée et il a entamé sa grève de la faim pour exiger sa libération et protester contre la « détention administrative ». La grève a été couronnée de succès et a conduit à sa libération en février 2012.
Cette année-là, après l’assassinat par les forces israéliennes du penseur révolutionnaire palestinien Bassel al-Araj, Khader Adnan a condamné la trahison de l’Autorité palestinienne. Déclarant que ceux qui ont aidé Israël à tuer le martyr Bassel al-Araj, étaient pires que l’occupation israélienne elle-même.
La dernière fois qu’il a été placé en « détention administrative » en 2023, sa grève de la faim de trois mois a entraîné sa mort. Il s’est battu avec tout ce qu’il avait pour la libération de son peuple. Et avec sa persévérance inébranlable, il s’est immortalisé.