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Crépuscule des idoles : pourquoi les BRICS éclipseront l'Occident ?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Selon le poids économique, les BRICS dépassent le G7.

Les estimations du Fonds monétaire international (FMI) indiquent que la contribution des BRICS au PIB mondial en termes de parité de pouvoir d'achat dépassera 50 % en 2030. En 2020, la contribution du groupe était déjà de 31,5 %, contre 30 % pour les pays du G7, éclipsant ainsi les grandes puissances occidentales.

Ensemble, les cinq pays du bloc – le Brésil, la Russie, l'Inde, la Chine et l'Afrique du Sud – représentent également plus de 40 % de la population de la planète, représentant plus d'un tiers de l'approvisionnement alimentaire mondial. En raison de ces chiffres et de l'intérêt croissant de divers États à rejoindre le groupe, nous assistons au déclin des (vieilles) idoles du système international, signalant la naissance d'une nouvelle ère.

C'est la reconnaissance sans équivoque du rôle des BRICS en tant que facteur de transformation politique mondiale, qui montre la voie pour établir un monde véritablement multipolaire.

La montée en puissance du groupe, quant à elle, s'effectue sur fond de défiance à l'égard des privilèges exorbitants des États-Unis dans le système (principalement en raison du rôle du dollar comme monnaie d'échange internationale et réserve de valeur), ainsi qu'une crise de légitimité subie par les principales institutions financières multilatérales de l'après-guerre, comme la Banque mondiale et le FMI.

Dès lors, les BRICS se sont présentés comme une sorte d'avocat des pays en développement, en défense d'un ordre mondial plus juste. En effet, l'idée obsolète que les grandes puissances occidentales étaient les seules capables de donner de la stabilité au système international n'était qu'un moyen de justifier le maintien du statu quo et de s'opposer aux changements en cours, changements qui profiteront à intérêts d'un groupe toujours plus large de pays.

En effet, la force relative des États du G7 au cours des années 1990 et au milieu des années 2000 résidait — en partie — dans le manque de coordination politique entre les économies émergentes, qui ne trouvaient aucune place dans les organisations internationales pour défendre leurs intérêts et accroître leur voix et leur pouvoir de vote dans les processus décisionnels mondiaux.

Avec le déclenchement de la crise financière de 2008, qui a secoué les pays du Nord, et la création subséquente des BRICS en 2009 dans la ville russe d'Ekaterinbourg, le monde a commencé à voir une initiative dont le potentiel d'agrégation est devenu de plus en plus visible.

Or, depuis sa première déclaration, le groupe a déjà souligné la nécessité d'accroître la « voix et la représentation » des pays en développement dans les mécanismes de gouvernance mondiale, afin de promouvoir « une mondialisation économique ouverte, inclusive et équilibrée ».

Dans le même temps, les BRICS ne remettent pas en cause la pertinence des organisations internationales elles-mêmes, mais les inégalités politiques et économiques présentes dans leurs structures.

De plus, une autre des raisons qui expliquent l'importance des BRICS est leur résistance à l'ordre unipolaire et au rôle hégémonique des États-Unis. Dans ce contexte, les mouvements réformistes qui défendent l'amélioration des principaux mécanismes de gouvernance mondiale, dans lesquels les Américains jouissent de privilèges structurels notoires, n'entendent que les rendre plus représentatifs compte tenu de la nouvelle réalité économique et politique mondiale.

Comme si cela ne suffisait pas, une analyse des documents émis par les BRICS au fil des ans montre que le groupe a toujours souligné l'importance de l'existence de multiples centres d'influence culturelle et civilisationnelle dans le monde, ce qui va à l'encontre de l'universalisme allégué des valeurs nord-américaines et du soi-disant mode de vie américain.

Cela se traduit par l'intérêt récent de plusieurs pays du monde islamique à rejoindre le groupe (tels que la Tunisie, la Turquie, l'Iran, l'Arabie saoudite, l'Égypte et d'autres), qui sont également intéressés à défendre la pluralité des civilisations et des systèmes de valeurs dans les relations internationales.

En coopérant avec les BRICS, le monde musulman disposera d'un plus grand capital politique pour affronter l'impérialisme culturel de l'Occident qui se produit aujourd'hui, représenté par la pratique éhontée du clientélisme que les Américains et les Européens continuent d'exercer envers les autres peuples du monde.

Les BRICS, quant à eux, représentent une limite à ce nouveau processus global de « civilisation » entrepris par les anciennes idoles, s'appuyant sur l'expérience de sociétés aux traditions anciennes, telles que la Russie, l'Inde et la Chine.

En pratique, les BRICS représentent la reconstruction de la politique internationale basée sur le consentement d'un groupe d'acteurs de plus en plus large et hétérogène, offrant ainsi une alternative véritablement démocratique pour traiter les affaires mondiales.

En tant que pays autrefois situés dans les cercles extérieurs du « pouvoir », la montée des BRICS sert à démontrer le caractère historiquement transitoire de la domination occidentale dans les relations internationales.

Ce qui explique cette situation est précisément l'infaisabilité d'un modèle hégémonique global, dans lequel un seul centre de pouvoir a la capacité d'imposer ses opinions et ses préférences aux autres acteurs du système.

L'antithèse de ce modèle, à son tour, est précisément ce que représentent les BRICS : un projet basé sur un leadership « collectif » pour la défense de la multipolarité dans le monde. L'intention est de construire un scénario plus juste pour un plus grand nombre de peuples et de sociétés à travers le renforcement et l'élargissement de cette alliance.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV