200 manifestants ont été blessés, dont 40 grièvement, durant les violents affrontements qui ont éclaté aux abords du chantier de la bassine de Sainte-Soline. Le bilan, encore "provisoire", fourni par le parquet ne porte que sur ceux qui ont été pris en charge par les secours, ce qui peut expliquer l'écart important entre les chiffres.
Un manifestant est entre la vie et la mort après de violents affrontements avec les forces de l’ordre le samedi 25 mars aux abords de la méga bassine de Sainte-Soline (Deux-Sèvres). Le pronostic vital de cet homme de 30 ans, victime d’un traumatisme crânien, restait engagé dimanche 26 mars selon le parquet de Niort qui a dénoncé la brutalité policière.
« L'homme de 30 ans a subi samedi un traumatisme crânien mettant sa vie en danger après que la police a attaqué les manifestants dans le village du sud-ouest de Sainte-Soline avec des grenades lacrymogènes, des canons à eau et des balles en caoutchouc », a déclaré dimanche le procureur Julien Wattebled.
Deux autres manifestants ont été aussi pris en charge en urgence absolue : une femme de 19 ans souffrant d'un traumatisme facial et un homme de 27 ans présentant une fracture au pied. Ils ont été hospitalisés.
Une enquête a été ouverte "pour déterminer la nature exacte" des blessures graves de trois manifestants au total et "les circonstances dans lesquelles" ces personnes ont été blessées, a aussi précisé Julien Wattebled dans un communiqué de presse.
Deux gendarmes, parmi les 29 blessés, sont également en urgence absolue, sans pronostic vital engagé, indique en outre Julien Wattebled, ajoutant que deux journalistes avaient été blessés.
Samedi à Sainte-Soline dans les Deux-Sèvres, une journée de protestation a lieu contre le chantier d’une méga-bassine, un réservoir d’eau destiné à l'irrigation agricole. Un enjeu écologique important pour les manifestants après une année de sécheresse record.
Les opposants au projet affirment que la "méga-bassine" faussera l'accès à l'eau dans des conditions de sécheresse. Ils estiment que de tels bassins sont réservés à tort aux grandes exploitations céréalières tournées vers l'exportation et privent la communauté de l'accès à cette ressource essentielle.
Les autorités françaises avaient déployé environ 3 000 policiers pour protéger le chantier.
De 6000 à 30 000 personnes, selon les sources (autorités ou organisateurs), avaient convergé vers la bassine en chantier dans le but de « stopper » la construction de ces réservoirs d’eau destinés à l’agriculture avant que de violentes échauffourées n’éclatent entre une partie des manifestants et les forces de l’ordre.
La manifestation faisait suite à des jours de troubles dans tout le pays à propos du projet très controversé du président français Emmanuel Macron de relever l'âge de la retraite de 62 à 64 ans.
L'indignation populaire face à l'imposition par Macron du projet de loi sans vote parlementaire a déclenché des affrontements quotidiens entre manifestants et policiers dans les villes françaises au cours de la semaine dernière.
Outre les récentes manifestations, des centaines de milliers de Français manifestent pacifiquement contre la législation sur la réforme des retraites depuis janvier.
Les forces de sécurité françaises ont essuyé des critiques cette semaine pour leurs tactiques brutales dans la gestion des manifestations.
En savoir plus: France/réforme des retraites : la police réprime violemment les manifestants
Vendredi, le Conseil de l'Europe a averti que la violence sporadique lors des manifestations "ne peut justifier un usage excessif de la force".