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Zoom Afrique du 14 mars 2023

Zoom Afrique du 14 mars 2023

Les titres de la rédaction :

  • L’Algérie veut emblaver 45 000 hectares de tournesol en 2023
  • Tanzanie : vers l’officialisation d’une entente entre Shell et Equinor pour l’exploitation du gaz de Lindi
  • Le Botswana ne se contentera plus de vendre sous forme brute les diamants produits avec De Beers
  • Le chiffre d’affaires du port de Lomé a connu une progression de 10 milliards FCFA en 5 ans

Les analyses de la rédaction :

RDC : les moyens de fournir des armes aux rebelles du M23 

Le mardi 7 mars 2023, le porte-parole des rebelles du M23, Lawrence Kanyuka, a déclaré : « Le mouvement M23 annonce un cessez-le-feu pour créer les conditions d’un processus politique ». L’annonce du cessez-le-feu est intervenue après plusieurs jours de combats acharnés entre les rebelles et les forces gouvernementales dans la région de l’Est. 

Il convient de rappeler que le groupe rebelle occupe des villes importantes de la province orientale du Nord-Kivu depuis sa renaissance à la fin de l’année 2021. Depuis lors, selon les chiffres officiels, plus de 600 000 personnes ont été déplacées par les combats entre le M23 et les forces gouvernementales. 

L’envoyée spéciale de l’ONU en République démocratique du Congo, Bintou Keita, a déclaré que le M23 se comportait de plus en plus comme une armée conventionnelle lors de l’escalade des hostilités dans l’est instable du pays : « Le M23 dispose d’une puissance de feu et d’équipements de plus en plus sophistiqués, notamment en termes de puissance de feu à longue portée, de mortiers et de mitrailleuses, ainsi que de tirs de précision sur les aéronefs ». 

Cependant, on peut se demander où le groupe rebelle s’est procuré des armes aussi puissantes. Qui les finance ? Qui leur fournit des armes et de quelle manière ? 

Le Rwanda est connu pour soutenir les rebelles, comme l’a annoncé Félix Tshisekedi, président de la République démocratique du Congo, dans un discours à la nation à l’occasion du 62e anniversaire de l’indépendance de son pays : « Notre pays fait face à une nouvelle agression du Rwanda, agissant sous le couvert du mouvement terroriste M23, en violation de tous les traités et accords internationaux ». 

En fait, le Rwanda serait très à l’aise pour soutenir les rebelles et leur transférer des armes. Ils ont accès aux canaux de l’ONU par l’intermédiaire de Valentine Rugwabiza, née au Rwanda et chef de la mission de maintien de la paix de l’ONU en République centrafricaine (MINUSCA). 

Il aurait été difficile d’introduire des armes en RDC et de les distribuer directement aux combattants, mais le fait que la chef de la mission des Nations unies dans le pays voisin soit d’origine rwandaise, Valentine Rugwabiza, est important. Elle a été nommée représentante permanente du Rwanda auprès des Nations unies par le président Paul Kagamé en novembre 2016. Et le 23 février 2022, elle a été nommée représentante spéciale du secrétaire général pour la République centrafricaine (RCA) et chef de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA). 

Bien évidemment, elle fera passer les intérêts de son pays avant les autres. Actuellement, le plus grand nombre du contingent rwandais en RCA se trouve près des frontières nord avec la RDC, à Bangui. Il s’agit d’un emplacement stratégique idéal, car c’est une grande ville dotée d’un aéroport. Il y a également un ferry qui traverse l’Oubangui et la frontière entre la RCA et la RDC à proximité, dans la ville de Bangassou, d’où il est très pratique de se rendre en RDC avec tout ce que l’on veut. D’autant plus que l’approvisionnement de la mission de l’ONU est privilégié et fermé. 

Il convient également de noter que c’est précisément dans la région où le M23 est actif que la plupart des soldats de la paix de la MONUSCO se trouvent actuellement. La population y exprime d’ailleurs activement son mécontentement face à l’inefficacité de la Mission. Il est évident qu’ils ne sont pas là pour protéger les civils. 

Ainsi, on peut retracer le schéma de fourniture d’armes lourdes et modernisées au groupe militaire terroriste M23 : les armes sont introduites en République centrafricaine et passées en contrebande par la frontière nord de la RDC via les canaux établis de la mission de maintien de la paix de l’ONU, sous l’œil vigilant de Valentin Rugwabiza. 

Il convient d’ajouter que le Rwanda et la RDC se sont mis d’accord sur une désescalade dès le mois de juillet, mais que cet accord a été annulé dès le lendemain. Après tout, le Rwanda veut continuer à déstabiliser la région afin de créer une zone tampon ingérable pour piller les ressources naturelles.

Macron « rêve » encore d’exclure la Russie et la Chine d’Afrique, selon Moscou 

Emmanuel Macron « rêve » encore d’exclure la Russie et la Chine du continent africain, a accusé jeudi Moscou, après une tournée du président français en Afrique centrale où il a proclamé la fin de « l’âge de la Françafrique ». 

« Les rêves de maintenir une influence exclusive en Afrique et d’empêcher d’autres participants, principalement la Russie et la Chine, sont toujours vivants à Paris », a fustigé la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, lors d’un point de presse. 

« C’est évident », a-t-elle insisté, interrogée sur le déplacement de quatre jours effectué la semaine dernière par Emmanuel Macron en Afrique. Le 2 mars, le président français avait assuré que « l’âge de la Françafrique (était) révolu », affirmant que la France était désormais un « interlocuteur neutre » en Afrique. 

Ces dernières années, la France s’est efforcée de rompre avec la « Françafrique », ses pratiques opaques et ses réseaux d’influence hérités du colonialisme. Mais sur le continent, il est reproché à Emmanuel Macron de poursuivre ses rencontres avec des dirigeants africains jugés autoritaires, dans un contexte où l’influence et la présence française sont de plus en plus mises en question. 

Forte des mercenaires du groupe privé Wagner et de campagnes de désinformation ce qu’elle dément, la Russie dame de plus en plus le pion à Paris dans cette sphère d’influence française historique. 

« Paris détermine encore lui-même les pays africains sélectionnés, où il est prêt à fermer les yeux sur les coups d’État militaires et les nombreuses violations des droits de l’homme, tant qu’ils suivent aveuglément » ses intérêts, a encore dénoncé Mme Zakharova. 

Selon elle, « la jeunesse, les élites des pays africains voient de plus en plus clairement à quel point l’attitude de Paris envers ce continent reste contradictoire et arrogante ». « Les Africains ont depuis longtemps gagné le droit d’être amis avec qui ils le souhaitent », a-t-elle encore martelé. 

Mali : frappe chirurgicale du Mali à l’ONU

Enclenchée par le duo Assimi-Choguel, la déconstruction coloniale complète et définitive continue lentement mais sûrement. Dans une note adressée aux autorités françaises le 1er mars 2023, le Gouvernement de la République du Mali a récusé officiellement le statut de « porte-plume » de la France sur toutes les questions examinées par le Conseil de sécurité concernant le Mali. Cette action fait suite, selon les autorités maliennes, aux actes hostiles, notamment la violation de l’espace aérien du Mali par des aéronefs des forces françaises, que le gouvernement avait déjà dénoncés à travers un communiqué, le 12 janvier dernier. Ces alertes publiques ont été suivies, le 15 août 2022, d’une lettre par laquelle le Gouvernement de la République du Mali portait plainte auprès du Conseil de sécurité pour actes d’agression, de violation de son espace aérien, de subversion et de déstabilisation. 

De ces faits, interrogeant l’objectivité et l’impartialité de la France, que Bamako récuse le statut de porte-plume de la France sur toute affaire concernant le Mali au Conseil de l’ONU. Une frappe chirurgicale du Mali au sein de l’organisation onusienne. C’est ça qu’on appelle « libération forcée ! » Et les autres pays africains sous le joug de la France-Afrique suivront ce bon exemple d’émancipation d’un peuple fier. Car la France a toujours porté, depuis le 20 décembre 2012, la plume sur toutes les questions concernant le Mali devant le Conseil de sécurité, y compris pour ce qui concerne l’initiative et le portage des projets de résolution relatifs au mandat de la Minusma ou au régime de sanctions concernant le Mali. 

Il faut préciser que depuis les indépendances, la France s’est toujours mise dans les attributs de parrain des pays africains francophones à l’ONU. Une posture qui lui permettait de faire du chantage sur les gouvernements africains concernant les questions africaines devant le Conseil de sécurité, puisque c’est elle qui rédige la plupart de leurs drafts. Aujourd’hui, le Mali vient de mettre fin à cette imposture. Il n’est pas normal que ce soit la France qui soit le porte-plume d’un pays souverain. On se souvient de la fausse résolution de l’ONU rédigée par Nicolas Sarkozy dans sa chambre, qui a donné mandat à l’armée française pour bombarder la résidence du président Laurent Gbagbo. C’est de l’esclavage déguisé et les autorités maliennes l’ont vite compris. Grand merci au duo Assimi-Choguel pour cette décision salutaire, qui rend au Mali sa dignité et sa grande fierté. Rappelons que pour l’Afrique, la France joue ce rôle de « porte-plume » depuis 1945. En un mot, la France est tutrice de l’Afrique depuis 1945 à l’ONU. C’est à cela qu’Assimi vient de mettre fin. Ainsi, la France n’a plus le droit de parler sur quoi que ce soit du Mali à l’ONU. L’indépendance s’arrache, quelqu’un ne peut tracer le destin à quelqu’un d’autre. Et le Mali a montré la voie aux autres pays africains dont certains ont commencé d’ailleurs à emboîter le pas. 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV