La répétition de grèves d’envergure et régulières et la tenue de plusieurs manifestations pour protester contre le nouveau plan du gouvernement Macron visant à faire passer l'âge de la retraite de 62 à 64 ans, ainsi que le ralentissement économique et industriel, ont généré une crise sans précédent dans le processus de vie des citoyens français.
Une crise qui, jusqu'à hier, avait mobilisé les agriculteurs, les industriels, les ouvriers, les militants de l'industrie aérienne et ferroviaire, les travailleurs portuaires et même les étudiants contre la politique de Macron, elle a aujourd'hui mobilisé les employés des centrales nucléaires, qui en sont le pouls de la production d'énergie en France.
Dans ce droit fil, Le Figaro a rapporté que les salariés de l'électricien EDF opposés à la réforme des retraites se mobilisent sans attendre la journée du 7 mars.
Alors que les débats sur la réforme des retraites battent leur plein au Sénat, la CGT continue sa mobilisation pour tenter de peser dans les discussions.
« Compte tenu du débat qui s'ouvre au Sénat cet après-midi sur l'article 1 concernant la suppression des régimes spéciaux, les agents d'EDF des centrales nucléaires se mettent en grève et baissent dès cet après-midi la production d'électricité », rapporte Sébastien Menesplier, secrétaire général de la CGT Mines-Energie.
La réforme prévoit la suppression du régime spécial de retraite des salariés des industries électriques et gazières (IEG), dont une majorité sont salariés d'EDF. Cette mobilisation préfigure celle d'ampleur nationale attendue ce 7 mars.
En effet, des branches comme la chimie, l'énergie ou les cheminots veulent élever le rapport de force pour faire reculer le gouvernement.
Réunies ce vendredi 3 mars avec leurs secrétaires généraux, cinq branches syndicales de la CGT se sont accordées pour durcir leur lutte contre la réforme des retraites. L'heure est à la grève reconductible et à « la désorganisation de l'économie », a noté un des leaders de fédérations. Premier à prendre la parole, Laurent Brun de la CGT-Cheminot a souligné qu'un accord a été trouvé pour « une grève reconductible par période de 24 heures ». Un mouvement qui commencera dès le 6 mars au soir, et qu'ont rejoint les autres organisations syndicales du ferroviaire.
Mot d'ordre identique à la Fnic-CFT (Chimie, pétrole...), où « partout les travailleurs sont prêts à changer de braquet », a expliqué Emmanuel Lépine, le numéro un. Plusieurs secteurs ont d’ores et déjà prévu de voter la reconductible à commencer par les raffineries, dont le précédent mouvement social avait déjà créé de fortes pénuries dans le pays. L'arrêt du travail pourrait ici survenir dès le 6 mars. Ils ne seront pas seuls. Les terminaux d'importations, les dépôts et « les pompistes du ciel » seront aussi concernés.
Dernier à prendre la parole Sébastien Menesplier, de l'énergie, a promis « une semaine noire ». Une menace qui va se concrétiser par « des coupures ciblées » ou encore « des blocages de sites stratégiques », a averti le syndicaliste. En plus de ces quatre fédérations, d'autres, comme celle de la construction, bois et ameublement ainsi que celle du commerce devraient bientôt se joindre à la grève reconductible, selon les intervenants. De quoi « mettre à genoux l'économie », ont-ils espéré.
Cela intervient alors que la cote de popularité du président français chute de cinq points en un mois pour atteindre son plus bas niveau depuis sa réélection.
Selon le baromètre Figaro Magazine, en un mois, la cote de confiance d'Emmanuel Macron perd 5 points. Mais c'est surtout le nombre des mécontents qui doit inquiéter le chef de l'État. 64% des Français ne lui font pas confiance, le point le plus haut depuis sa réélection, dont 41% (+6) ne lui font pas du tout confiance.
Autre élément inquiétant, la cote de confiance de sa Première ministre suit la même pente et ne le protège donc pas. Ceux qui ne font pas confiance en Élisabeth Borne sont passés de 48% en juin dernier à 64% ce mois-ci. Enfin, tous les ministres testés sont en forte baisse, notamment ceux qui sont montés au créneau pour défendre la réforme des retraites, Gabriel Attal, Olivier Véran ou Bruno Le Maire. Le défi pour Emmanuel Macron est de taille pour la suite de son mandat.